APIA, le 18 juillet 2019 - Lors de ces XVIèmes Jeux du Pacifique, il était interdit de filmer ou de faire du facebook live sur les sites de compétition, un contrat d'exclusivité des droits audiovisuels ayant été signé par l'organisation.
Lors de ce XVIèmes Jeux du Pacifique, interdiction absolue de filmer sur les sites de compétition ou de faire des « facebook live », un contrat d'exclusivité ayant été signé entre l'organisation, le Mélanesian Group (ABC) et France TV, pour les télévisions francophones. France TV était ainsi chargée de remettre à Tntv les « highlights » à la fin de chaque journée. (les moments forts)
Les zones de résidence et de restauration étaient également inaccessibles aux médias en général, très difficile donc de rendre compte du vécu quotidien de notre délégation.
Les journalistes de Tahiti Nui Télévision Davidson Bennett et Oriano Tefau, habitués à couvrir les Jeux depuis plusieurs éditions, avaient fait le déplacement et « n'avaient jamais rencontré des conditions aussi drastiques ». Pour certains, il s'agissait d'une certaine « revanche » par rapport à une situation inverse lors des championnats du monde de va'a à Tahiti en 2018 ou la soirée de boxe du 26 avril dernier, dont TNTV avait l'exclusivité.
« Mais lors de ces championnats à Tahiti ou la soirée de boxe, les conditions n'étaient pas aussi drastiques. Ils pouvaient filmer à partir du bord, faire des interviews, par rapport au droit à l'information. Là, c'est du jamais vu, on ne peut pas travailler. » a déclaré Oriano Tefau.
La première semaine de compétition à été compliquée pour TNTV car « les fameux « highlights » n'ont pas été fournis pour x raisons, problèmes techniques, retard ou autre » a déclaré Davidson Bennett. En fin de première semaine, Oriano Tefau s'est même vu retirer son accréditation par l'organisation suite aux lives facebook réalisés par Davidson Bennett lors des compétitions de va'a.
Après un live facebook décrivant cette situation réalisé par Davidson Bennett et la remise par lui-même de sa propre accréditation suivie d'une explication entre les trois parties prenantes, la situation a pu se régler, les deux journalistes de TNTV s'étant vu remettre une nouvelle accréditation leur permettant de filmer sur les lieux de compétition. Tout est bien qui finit bien !
Le public, les athlètes et les encadrants ne sont pas été épargnés par ces conditions. Des panneaux indiquant l'interdiction de filmer sont placardés sur les entrées de chaque site de compétition et des agents sont chargés de faire respecter la consigne. Un membre de l'organisation était présent à la piscine en déambulant avec une affichette « no filming, photos only », demandant poliment aux personnes dans le public d'arrêter de filmer avec leur téléphone.
Ce genre de consignes seront-elles de plus en plus présentes lors des évènements sportifs ? Avis donc au public, habitué à filmer, parfois en direct sur internet, sans se poser de questions. SB
Parole à Massiré Coréa, responsable éditoriale de la mission des Jeux du Pacifique avec Polynésie la 1ère, Calédonie la 1ère et Wallis la 1ère :
Des journalistes de Tntv ont fait part de difficultés à travailler ?
« Tntv nous a fait part de ce souci, les organisateurs prennent très à cœur le fait que France TV et Outre-Mer la 1ère aient énormément investi dans ces Jeux du Pacifique donc, sans qu'on leur ait demandé quoi que ce soit, ils ont décidé de ne pas laisser filmer Tntv sur les terrains et même d'autres espaces, ce n'est pas de notre fait. Après discussion avec les journalistes de Tntv, dans les bureaux de la direction, nous avons décidé que tout média aurait droit à 1'30 d'images par jour. On leur a demandé gentiment de donner des images, ils disposent de quinze minutes d'images par jour pour en faire ce qu'ils veulent, je leur ai même dit que s'ils dépassaient à deux ou trois minutes cela ne posait pas de problème. Pour la direction, il était hors de question qu'il fassent des interviews mais on leur a demandé de faire des interviews car c'est le droit de base de tout journaliste et de tout média et là dessus il n'y a pas d'exclusivité. On a pas voulu faire jouer notre droit d'exclusivité, au contraire, on a voulu que tout le monde travaille, contrairement à ce qui se passe avec le football à Tahiti. »
Il était interdit de filmer, même avec un téléphone portable, va-t-on vers une généralisation de cette interdiction sur ce genre d'évènements ?
« Cela dépend des organisations. Je pense que certaines organisations pensent qu'en interdisant les gens de filmer, elle permettra une meilleure médiatisation par les canaux habituels de télévision. Personnellement, je suis pas tout à fait d'accord. J'estime que c'est le droit des spectateurs de retransmettre. On est dans une ère des réseaux sociaux (...) et chacun tente de prendre un témoignage télévisuel et de l'envoyer, de le partager. Cela fait partie de l'air du temps. Je n'adhère pas forcément, on est dans une ère de partage et il faut se mettre au diapason. » Propos recueillis par SB
