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Il caillasse la gendarmerie pour retourner en prison


Ruben Mai a refusé que son avocate, Me Roy, prenne sa défense. Sans doute pour mettre toutes les chances de son côté. Il avait déjà dégradé une gendarmerie en février à Tiarei pour les mêmes raisons. (Archives)
Ruben Mai a refusé que son avocate, Me Roy, prenne sa défense. Sans doute pour mettre toutes les chances de son côté. Il avait déjà dégradé une gendarmerie en février à Tiarei pour les mêmes raisons. (Archives)
PAPEETE, le 19 septembre 2016 - Et il obtient gain de cause. Le tribunal correctionnel a condamné à 9 mois de prison ferme, ce lundi, un SDF qui a démoli vendredi dernier la porte d'entrée de la brigade territoriale des Tuamotu-Centre, à Papeete. Ruben Mai, 39 ans, en rupture totale avec la société, était sorti de Nuutania le matin même. Il a déclaré avoir agi de la sorte pour retrouver sa cellule.


Un sans domicile fixe –quand il n'est pas à Nuutania où il a déjà passé la moitié de son existence- a écopé ce lundi de 9 mois de prison ferme avec maintien en détention pour "dégradation volontaire d'un bien destiné à l'utilité publique". En l'occurrence : la porte d'entrée vitrée de la brigade territoriale des Tumaotu-Centre, située dans le quartier Sainte-Amélie à Papeete.

Vendredi dernier, alors qu'il venait à peine de sortir de prison, cet homme de 39 ans en rupture totale avec la société s'est emparé d'une pierre d'un kilo qu'il a purement et simplement balancée sur son objectif : la gendarmerie. Interpellé dans la foulée, il n'a opposé aucune résistance. Et pour cause. Aux militaires qui lui ont demandé les raisons de son geste, Ruben Mai a expliqué qu'il voulait tout simplement retourner en prison. Il avait été libéré le matin même et ne savait pas où aller.

En dépit d'une dangerosité avérée, aucune pathologie médicale n'a été décelée chez cet homme qui alterne les séjours en prison et dans des unités psychiatriques qui ne veulent plus le prendre en charge quand il est libre, pour des raisons de sécurité. L'homme, aux traits psychopathiques, a en effet été classé dans la catégorie des détenus dangereux par l'administration pénitentiaire.

Bien connu de la justice, "Il affectionne l'accueil à Nuutania"

L'énergumène n'en est pas à son coup d'essai. Il était même en état de récidive légale pour s'en être déjà pris à une gendarmerie en février dernier. C'était à Tiarei. Après s'être introduit sur le terrain militaire en découpant le grillage, l'homme avait dégradé un véhicule à coups de pierre. A presque 40 ans, notre SDF, connu de la justice comme le loup blanc, a déjà passé près de vingt ans derrière les barreaux. Condamné en 1998 à 18 ans de réclusion criminelle pour l'assassinat de son frère et vol, libéré en 2010, il enchaîne, depuis, les condamnations.

Après plusieurs séjours infructueux en psychiatrie, des hébergements dans la famille qui tournent court en raison de ses sautes d'humeur, Ruben Mai refuse toute forme d'aide. Et même celle de son avocat commis d'office à qui il a quasiment interdit de le défendre hier à l'audience. "Il refuse tous les traitements, il est imperméable à la sanction pénale, mutique, asocial et dangereux pour les autres", relève l'une des dernières expertises psychiatriques à laquelle le prévenu à accepter de se plier avant de les refuser. "C'est un cas particulier, qui affectionne particulièrement l'accueil que lui réserve Nuutania, le gite et le couvert…", a souligné le procureur de la République avant de requérir 6 mois de prison ferme. Le tribunal a eu la main un peu plus lourde, ce qui pour une fois n'a pas forcément du déplaire à ce prévenu pas si atypique que cela. De nombreux observateurs du monde judiciaire local s'inquiètent en effet de la propension qu'ont certains anciens détenus, à la rue, à récidiver pour retrouver le confort, même spartiate, de la prison de Faa'a.

Rédigé par Raphaël Pierre le Lundi 19 Septembre 2016 à 17:01 | Lu 6844 fois