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Fritch "attristé par cette situation" au Tahoera'a


PAEA, 16 janvier 2015 - Le Président Edouard Fritch, questionné par Tahiti infos vendredi matin, a déploré la situation de division qui règne au sein du Tahoera’a Huira’atira et se dit "attristé" par celle-ci. Il réagit aux accusations formulées à son égard par Gaston Flosse qu'il qualifie d'"horreurs" et estime en ce qui concerne les critiques du président du parti orange que "si Gaston Flosse s’occupe de la gestion du parti et nous de celle du gouvernement, (…) ça devrait marcher". Il annonce qu’il ne sera pas candidat à sa propre succession à la présidence déléguée du parti au prochain congrès du parti à moins que le parti n'en décide autrement. Interview :


On se souvient de cet instant d’octobre 2013, lorsque Gaston Flosse vous avait donné la qualité de « fils spirituel ». Comment vos relations se sont-elles dégradées pour en arriver au climat de division qui règne aujourd’hui, entre vous ?

Edouard Fritch : Dans une communauté, à un moment, il peut arriver que l’on rencontre des problèmes de communication parce que l’on diverge sur certaines choses ou conceptions. C’est effectivement une difficulté qui touche deux personnes, au sein du parti. Ce que je déplore c’est que cette difficulté entre deux personnes privées est en train de prendre des proportions qui ne sont pas souhaitables. Ce que je sais, c’est qu’avec le temps nous arriverons à régler ce différend.

Comment vivez-vous les attaques dont vous êtes l’objet de la part du président du Tahoeraa, les manœuvres contraires, jusqu’à la mise en cause de vos capacités à la tête du Pays lors du conseil politique de lundi dernier ?

Edouard Fritch : Sur les différends à l’Assemblée sur certains dossiers épineux qui auraient mérité un plus ample débat, j’ai ma part de responsabilité. Je dois faire des efforts pour que nos projets soient biens compris et soutenus par la majorité qui me soutient. Sur le reste, pour répondre à votre question, je suis attristé par cette situation. J’ai une fonction qui nécessite beaucoup d’énergie, qui me mobilise beaucoup. Moralement je n’ai pas besoin de cela : les affaires du Pays sont suffisamment prenantes. Elles nécessitent du Président une mobilisation totale, tout comme du gouvernement et, au-delà de l’institution, de tout le monde. Ce genre de discordes n’arrange personne et ne vient pas en faveur d’une continuation du plan que le Tahoera’a lui-même s’est engagé à mettre en œuvre.
Il s’agit d’une question de confiance. Nous avons besoin de rassurer tout le monde sur la stabilité : c’est ce que les populations ont souhaité, en 2013 en votant pour nous. Nous devons montrer une image de sérénité
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L’œuvre de « succession douce » que vous annonciez en septembre dernier à l’heure de la validation par le Grand conseil de Tahoera’a de votre candidature à la Présidence du Pays, c’est quelque chose que vous estimez encore possible aujourd’hui ?

Edouard Fritch : Oui, je pense que cette succession à la tête du Tahoera’a devra être douce. Elle doit respecter certaines valeurs. Je suis respectueux de ma hiérarchie. Je respecte les décisions de mon parti politique, de mon groupe politique à l’Assemblée ; mais comme je ne cesse de le répéter nous sommes dans une situation exceptionnelle : notre leader a été élu brillamment en mai 2013 et dispose de ce capital démocratique pour lui. (…) Je m’attendais à une gestion difficile du début de ma mandature à la tête de l’exécutif : je le savais avant d’accepter de venir à la Présidence. C’est une situation qui peut étonner ; mais je vais la gérer et faire en sorte qu’elle se normalise avec le temps.

Vous souhaiteriez dans ce contexte que Gaston Flosse prenne plus de recul par rapport aux affaires du Pays ?

Edouard Fritch : Les affaires d’un parti politique sont aussi importantes que celles d’un gouvernement. Pour ce qui concerne le prochain congrès je n’essayerai pas d’aller piquet un mandat à qui que ce soit au niveau du parti. Je l’ai déjà affirmé : j’ai beaucoup de travail avec ma fonction de Président. Je pense que pour l’heure nous devons nous consacrer entièrement au travail du gouvernement. Nous avons la chance d’avoir d’autres personnes – dont le président du Tahoera’a Huira’atira – qui peuvent se consacrer entièrement à la gestion du parti. Je pense que si Gaston Flosse s’occupe de la gestion du parti et nous de celle du gouvernement, dans le cadre d’un programme que nous avons défini ensemble avec des objectifs qui n’ont pas changé, ça devrait marcher.

Au prochain congrès du Tahoera’a, serez-vous candidat à votre propre succession à la présidence déléguée du parti ?

Edouard Fritch : C’est le parti qui décidera. Nous aurons effectivement d’ici-là des conseils politiques et un Grand conseil : si quelqu’un d’autre estime qu’il peut se consacrer plus que moi à la gestion du Tahoera’a avec Gaston, je ne vais pas m’accrocher. (…) J’aime mieux être franc avec tout le monde : ma priorité va pour la gestion des affaires du Pays. S’il faut lâcher un petit peu à côté, je lâcherai. Je ne suis pas candidat à la candidature. Il n’y a pas de problème de succession dans l’immédiat.

En attendant, pensez-vous que le climat délétère qui règne au sein du Tahoera’a peut s’installer durablement ?

Edouard Fritch : Non ! Non, et je ne pense pas que ça durera longtemps. (…) Je veux simplement que l’on arrête de dire des horreurs. Lorsque certains prétendent que c’est moi qui ai porté plainte… on tape à côté de la plaque là ! Lorsqu’on répand le bruit que je suis en train de négocier avec Oscar Temaru et Teva Rohfritsch pour composer une nouvelle majorité, c’est plus qu’un mensonge : c’est du dénigrement ! Vous avez en face de vous quelqu’un qui a fait 30 ans de Tahoera’a Huira’atira sans bouger. Et on vient me taxer aujourd’hui de vouloir tromper mes amis ?

Vous pensez que Gaston Flosse tente de vous décrédibiliser aux yeux des militants ?

Edouard Fritch : Je ne sais pas. Demandez-lui. Mais en tous cas ça fait mal. Parce que je ne pense pas mériter un tel traitement.

Qu’allez-vous répondre à tout cela ? Allez-vous contrattaquer ?

Edouard Fritch : Non. Je ne veux pas aggraver la situation.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 16 Janvier 2015 à 15:32 | Lu 3460 fois