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Faut pas se planter pour les JO


Si certains produits vivriers poussent vite (environ trois mois) comme les épinards ou la patate douce, il faut être un peu plus patient pour d'autres comme le taro, le manioc, l'igname ou les bananes. photo archives Tahiti infos
Si certains produits vivriers poussent vite (environ trois mois) comme les épinards ou la patate douce, il faut être un peu plus patient pour d'autres comme le taro, le manioc, l'igname ou les bananes. photo archives Tahiti infos
Tahiti, le 8 août 2023 - La semaine dernière, le conseil des ministres entérinait la cessation gratuite de plants vivriers et de graines maraîchères à la Chambre de l'agriculture afin que les athlètes, le staff et les spectateurs puissent manger local pendant les JO de surf 2024. Des délais sont à respecter pour récolter dans les temps, mais la CAPL n'a encore rien reçu pour l'instant. Ce sera fait “d'ici la fin du mois”, assure le ministère.
 
Ni trop tôt, ni trop tard. “Planter, planter, planter” certes, mais pas n'importe comment et pas n'importe quand. Le gouvernement veut mettre en avant nos produits locaux dans l'assiette des compétiteurs et de tous les acteurs et spectateurs qui graviteront autour des épreuves de surf des Jeux olympiques 2024 qui se dérouleront dans un an maintenant sur le site de Teahupo’o. L'horloge tourne et il faut se préparer. 
C'est pourquoi il a décidé de céder gratuitement à la Chambre de l'agriculture et de la pêche lagonaire (CAPL) une partie des réserves de semences maraîchères détenues par la Direction de l'agriculture (DAG). Charge ensuite à la CAPL d'organiser, “sous le couvert d'un cahier des charges avec un réseau d'agriculteurs partenaires des JO, la mise en culture de productions alimentaires locales”.
 
“C'est une bonne idée, mais j'attends la réunion avec le ministère”, a réagi le président de la Chambre, Thomas Moutame, qui indique n'avoir encore rien reçu pour l'instant et n'avoir aucune information quant au volume prévu. Sans être inquiet, il prévient quand même qu'il y a un calendrier à respecter selon que l'on plante des légumes ou des produits vivriers : “Pour tout ce qui est salade, tomates, poivrons, courgettes, concombres, carottes... il ne faut pas planter maintenant, c'est trop tôt”, explique-t-il. Il faut en effet compter trois mois seulement pour pouvoir récolter ces légumes qui ne devront donc pas être mis en terre avant le mois d'avril prochain. Plus rapide encore, le radis qui peut se récolter au bout de trois semaines seulement.
 
Priorité aux petits exploitants agricoles
 
En revanche, si certains produits vivriers poussent vite (environ trois mois) comme les épinards ou la patate douce, il faut être un peu plus patient pour d'autres comme le taro, le manioc, l'igname ou les bananes. “Il faut attendre un an pour récolter le manioc, sept mois pour le taro, au moins huit mois pour le manioc, et entre neuf mois et un an pour les bananes”, a précisé Thomas Moutame qui a placé l'autosuffisance alimentaire au cœur de sa stratégie depuis deux ans qu'il dirige la CAPL.
 
S'il salue l'initiative du gouvernement en la matière, il reste quelque peu dubitatif quant à sa concrétisation. Craignant qu'il ne s'agisse que d'un effet d'annonce, il “attend les 100 jours” avec impatience pour avoir un cap plus précis. Et surtout, il souhaiterait que ces plants vivriers et graines maraîchères soient destinés “aux petits agriculteurs” et pas à la “vingtaine de grands maraîchers” qui représentent “80% de la production locale”. Du côté du ministère, on se veut rassurant et le cabinet de Taivini Teai a confirmé que ces semences bénéficieraient “uniquement aux petits exploitants” et qu'elles seraient envoyées à la Chambre de l'agriculture “d'ici la fin du mois”.  Pour en savoir plus, il faudra attendre le fameux bilan des 100 jours du gouvernement Brotherson attendu les 23 et 24 août.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 8 Août 2023 à 16:53 | Lu 1996 fois