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Face à l'offensive conservatrice, Genetet défend le programme d'éducation à la sexualité


Crédit Loic VENANCE / AFP
Crédit Loic VENANCE / AFP
Marcq-en-Barœul, France | AFP | jeudi 28/11/2024 - Des interventions "adaptées à tous les âges": la ministre de l'Education a défendu jeudi la pertinence du futur programme d'éducation à la sexualité face à une fronde conservatrice, relayée jusqu'au sein de l'exécutif, qui fait craindre à des syndicats et associations un recul du gouvernement.

"La théorie du genre n'existe pas, elle n'existe pas non plus dans le programme", a souligné Anne Genetet lors d'un déplacement à Marcq-en-Baroeul (Nord), en présence de son ministre délégué (LR) à la Réussite scolaire Alexandre Portier, partisan pour sa part d'une révision de ce programme.

Ce programme en préparation "est très clair", "progressif", "adapté à tous les âges" et "permet d'apprendre des notions fondamentales comme le respect, comme le consentement, savoir dire non, ce que c'est qu'une fille, ce que c'est qu'un garçon", a poursuivi la ministre macroniste, en précisant "piloter" la rédaction. 

Alexandre Portier a estimé mercredi devant le Sénat que le projet de programme d'éducation à la sexualité n'était "pas acceptable". Il avait assuré qu'il "s'engagerait personnellement pour que la +théorie du genre+ ne trouve pas sa place dans nos écoles".

La "théorie du genre" est une expression utilisée par une frange conservatrice de la société qui s'inquiète des études et enseignements ouvrant à une perception nuancée des différences entre les sexes.

- Trois séances annuelles -

En 2014, la polémique sur une prétendue "théorie du genre" enseignée à l'école française, qui nierait les différences sexuelles, avait été virulente, lors de l'expérimentation d'"ABCD de l'égalité" à l'école pour lutter contre les stéréotypes filles/garçons. Elle avait été portée par des mouvements proches des opposants au mariage homosexuel et parfois de l'extrême droite. 

Interrogé aux côtés de la ministre à l'occasion de ce déplacement commun sur l'orientation scolaire, Alexandre Portier a affirmé ne pas "retirer un seul mot" de ses précédentes déclarations.

Prévu initialement pour la rentrée 2024, le premier programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars), en cours d'écriture, fait l'objet de concertations depuis mars. Il doit être présenté à la mi-décembre au Conseil supérieur de l'éducation (CSE), instance consultative, en vue d'une publication pour la prochaine rentrée.

Depuis 2001, la loi rend obligatoire l'éducation sexuelle dans les écoles, collèges et lycées, à raison d'au moins trois séances annuelles. Mais cette disposition est, dans les faits, peu respectée.

A l'approche de sa présentation, des organisations conservatrices se mobilisent, comme le Syndicat de la Famille, ex-Manif pour tous, évoquant "un bourrage de crâne pro-gender et transactiviste".

- Clarification "bienvenue" - 

Après les déclarations d'Alexandre Portier, plusieurs organisations ont dénoncé jeudi cette offensive contre le texte, insistant sur son rôle "essentiel" dans la lutte contre les violences sexuelles.

La Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) a dénoncé les "informations mensongères" des opposants à ce programme alors que "160.000 enfants sont chaque année victimes d’inceste et de violences sexuelles". 

Le collectif "pour une véritable éducation à la sexualité", qui compte Le Planning Familial ou Sidaction, a dénoncé "l’usage de rhétoriques" visant à "empêcher l'aboutissement de ce projet essentiel".

Parmi les syndicats enseignants, le SE Unsa a souligné aussi le "besoin de clarté et de courage ministériels". Sud Education et la CGT Educ'action appellent la ministre à "ne pas reculer".

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées, a qualifié de "bienvenue" la déclaration jeudi de la ministre "pour clarifier la position du ministère".

Pour la syndicaliste, "il est absolument nécessaire de consolider l'existence de ce programme", notamment "dans le contexte du procès Mazan, où on voit qu'il y a quand même bon nombre d'accusés qui ne savaient pas ce qu'est le consentement".

le Jeudi 28 Novembre 2024 à 06:59 | Lu 238 fois