Paris, France | AFP | vendredi 30/12/2022 - "Sans aide, c'est la faillite": le boulanger parisien Emmanuel Martin semble presque étonné de son cri du cœur, lancé vendredi dans son fournil, devant une ministre et la presse. La flambée des prix de l'énergie, du beurre, du sucre menace la pérennité de commerces de bouche comme le sien.
A quelques heures du réveillon du Nouvel An, l'odeur sucrée des premières galettes des rois célébrant l’Épiphanie début janvier, embaume déjà sa boutique du XVe arrondissement de Paris, qui ne désemplit pas.
Pourtant le moral du boulanger n'est pas au beau fixe. Devant la ministre de l'artisanat et des Petites et moyennes entreprises Olivia Gregoire venue lui rendre visite vendredi, il tente de faire le compte des factures qu'il dit peiner à payer.
Pour les matières premières "on est pratiquement à plus de 30% partout": "les œufs ont augmenté à cause de la grippe aviaire, les amandes ont augmenté aussi, le beurre a pris près de 30%, la farine à cause de la guerre en Ukraine, le sucre, le papier et les emballages en carton aussi, et, la cerise sur le gâteau c'est l'énergie: ma facture mensuelle de 3.200 euros TTC est passée à presque 16.000 euros à la fin de l'année, c'est-à-dire multipliée par cinq", énumère-t-il.
En conséquence, M. Martin a augmenté ses tarifs sur le pain et les gâteaux de "près de 10% début novembre", en maintenant toutefois la baguette tradition à 1,20 euro.
"Je ne peux pas tout répercuter" dans les prix, dit le boulanger, "on ne peut pas vendre une baguette deux euros!". Et pourtant il faut que son entreprise vive. "Si la boîte coule, on n'a plus rien, on n'a que des remboursements d'emprunt à faire", s'émeut le boulanger qui emploie une dizaine de salariés.
"Les prix augmentent, surtout sur les gâteaux" confirme Olivier Rastel, habitant du XVe arrondissement et client de la boulangerie, qui estime à "10 ou 15%" les augmentations, "beaucoup plus que les 6% dont on nous parle à la télé", mais qui veut continuer "à faire plaisir" aux enfants et aux amis.
Dans ce quartier cossu, des clients affichent leur compréhension. Agatha, touriste italienne qui n'a pas indiqué son nom de famille, sourit en payant ses confiseries: "en Italie, nous avons la même situation".
"Le pain, c'est fondamental pour tout le monde, mais nous sommes dans une situation anormale, et nous devons penser que d'autres ont une situation pire que nous, en Ukraine par exemple", ajoute-t-elle.
"Examiner des aides à la trésorerie"
Le boulanger aussi a conscience que cette inflation dépasse largement les frontières françaises. "J'ai un ouvrier dont le père boulanger travaille en Belgique" où aucun bouclier tarifaire n'existe, "sa facture d'électricité a été multipliée par six ou huit".
La ministre décline le plan déployé par l’État et les 12 milliards d'euros prévus pour aider les entreprises, dont les boulangeries, à faire face à l'envolée du prix de l'énergie en 2023, même si le bouclier total de 2022 n'est plus de mise.
"L'amortisseur et les guichets spéciaux" mis en place "vont couvrir 38% de la hausse et 25% de la facture d'énergie" de ce boulanger, estime-t-elle.
Fin janvier, l'amortisseur annoncé pour les entreprises va permettre de soustraire automatiquement "15%" de la facture d'électricité pendant toute l'année 2023, en cochant simplement la case "je suis une PME" sur la facture envoyée par son fournisseur d'énergie, explique Mme Gregoire.
Et si l'énergie pèse plus de 3% du chiffre d'affaires, un guichet d'aide individualisée est prévu par l'administration fiscale (impots.gouv.fr), notamment pour les boulangers qui ont dû signer, comme M. Martin, des nouveaux contrats d'énergie à des prix qui ont explosé.
"Beaucoup de boulangers ne savent pas qu'ils ont droit à des aides" dit la ministre en enjoignant aux commerçants de "demander à leurs experts-comptables" de se renseigner "la première semaine de janvier" sur les aides auxquelles ils ont droit.
Ensuite, si des difficultés subsistent, le gouvernement est "prêt à examiner des aides à la trésorerie", affirme-t-elle.
"Je plaide auprès de Matignon pour des mesures pour soulager les trésoreries" dans les prochaines semaines, dit-elle. Dans son entourage, on confirme que la réflexion est lancée, mais que le vecteur n'est pas déterminé: allègements de cotisations sociales ou autre solution...
A quelques heures du réveillon du Nouvel An, l'odeur sucrée des premières galettes des rois célébrant l’Épiphanie début janvier, embaume déjà sa boutique du XVe arrondissement de Paris, qui ne désemplit pas.
Pourtant le moral du boulanger n'est pas au beau fixe. Devant la ministre de l'artisanat et des Petites et moyennes entreprises Olivia Gregoire venue lui rendre visite vendredi, il tente de faire le compte des factures qu'il dit peiner à payer.
Pour les matières premières "on est pratiquement à plus de 30% partout": "les œufs ont augmenté à cause de la grippe aviaire, les amandes ont augmenté aussi, le beurre a pris près de 30%, la farine à cause de la guerre en Ukraine, le sucre, le papier et les emballages en carton aussi, et, la cerise sur le gâteau c'est l'énergie: ma facture mensuelle de 3.200 euros TTC est passée à presque 16.000 euros à la fin de l'année, c'est-à-dire multipliée par cinq", énumère-t-il.
En conséquence, M. Martin a augmenté ses tarifs sur le pain et les gâteaux de "près de 10% début novembre", en maintenant toutefois la baguette tradition à 1,20 euro.
"Je ne peux pas tout répercuter" dans les prix, dit le boulanger, "on ne peut pas vendre une baguette deux euros!". Et pourtant il faut que son entreprise vive. "Si la boîte coule, on n'a plus rien, on n'a que des remboursements d'emprunt à faire", s'émeut le boulanger qui emploie une dizaine de salariés.
"Les prix augmentent, surtout sur les gâteaux" confirme Olivier Rastel, habitant du XVe arrondissement et client de la boulangerie, qui estime à "10 ou 15%" les augmentations, "beaucoup plus que les 6% dont on nous parle à la télé", mais qui veut continuer "à faire plaisir" aux enfants et aux amis.
Dans ce quartier cossu, des clients affichent leur compréhension. Agatha, touriste italienne qui n'a pas indiqué son nom de famille, sourit en payant ses confiseries: "en Italie, nous avons la même situation".
"Le pain, c'est fondamental pour tout le monde, mais nous sommes dans une situation anormale, et nous devons penser que d'autres ont une situation pire que nous, en Ukraine par exemple", ajoute-t-elle.
"Examiner des aides à la trésorerie"
Le boulanger aussi a conscience que cette inflation dépasse largement les frontières françaises. "J'ai un ouvrier dont le père boulanger travaille en Belgique" où aucun bouclier tarifaire n'existe, "sa facture d'électricité a été multipliée par six ou huit".
La ministre décline le plan déployé par l’État et les 12 milliards d'euros prévus pour aider les entreprises, dont les boulangeries, à faire face à l'envolée du prix de l'énergie en 2023, même si le bouclier total de 2022 n'est plus de mise.
"L'amortisseur et les guichets spéciaux" mis en place "vont couvrir 38% de la hausse et 25% de la facture d'énergie" de ce boulanger, estime-t-elle.
Fin janvier, l'amortisseur annoncé pour les entreprises va permettre de soustraire automatiquement "15%" de la facture d'électricité pendant toute l'année 2023, en cochant simplement la case "je suis une PME" sur la facture envoyée par son fournisseur d'énergie, explique Mme Gregoire.
Et si l'énergie pèse plus de 3% du chiffre d'affaires, un guichet d'aide individualisée est prévu par l'administration fiscale (impots.gouv.fr), notamment pour les boulangers qui ont dû signer, comme M. Martin, des nouveaux contrats d'énergie à des prix qui ont explosé.
"Beaucoup de boulangers ne savent pas qu'ils ont droit à des aides" dit la ministre en enjoignant aux commerçants de "demander à leurs experts-comptables" de se renseigner "la première semaine de janvier" sur les aides auxquelles ils ont droit.
Ensuite, si des difficultés subsistent, le gouvernement est "prêt à examiner des aides à la trésorerie", affirme-t-elle.
"Je plaide auprès de Matignon pour des mesures pour soulager les trésoreries" dans les prochaines semaines, dit-elle. Dans son entourage, on confirme que la réflexion est lancée, mais que le vecteur n'est pas déterminé: allègements de cotisations sociales ou autre solution...