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Evans Haumani élu, la majorité force le droit à Afareaitu


Moorea, le 4 juillet 2020 - Evans Haumani a été réélu maire de Moorea-Maiao samedi matin, malgré un curieux passage en force juridique de la nouvelle majorité qui a décidé, contre les directives du haut-commissariat, d'élire également un tavana délégué à Afareaitu.
 
Sans surprise, Evans Haumani a été réélu tavana de Moorea-Maiao avec une large majorité de 25 élus. Ils étaient trois candidats pour le poste de premier magistrat de l’île sœur samedi matin à Te’avaro où a eu lieu l’investiture : Le maire sortant Evans Haumani, Christiane Kelley et Hugues Hanere de la liste de John Toromona.
 
Mais ce qui a retenu l’attention des élus de la minorité était surtout la délibération prise et votée par la majorité, relative à l’élection de la maire déléguée de Afareaitu Rebecca Tetuanui. En effet, une circulaire distribuée par les servies du haut-commissariat mentionne pourtant bien en sa page 7 qu’il n’y a pas de maire délégué dans le chef-lieu des communes composées de communes associées. Les élus de la minorité ont fait état de "l'irrégularité" de cette délibération. Ces derniers ont mis un bulletin blanc dans l’urne au moment du vote. La liste menée par Christiane Kelley a bien l’intention de faire un recours.
 
Par ailleurs, seule la maire déléguée de la commune associée de Paopao Vaiata Friedman, qui ne fait pas partie de la majorité, a été élue à l’unanimité. Ce qui n’est pas un cadeau de la majorité, mais tout simplement l'obligation du nouveau code général des collectivités territoriales que "le maire délégué est désigné par le conseil municipal, parmi les conseillers élus sur la liste ayant recueilli le plus de suffrages dans la section électorale". Et Vaiata Friedman était arrivée en tête à Paopao.
 

Tavana Evans Haumani : "Ce n’est pas notre problème. On verra après"

Pourquoi avoir fait voter cette délibération pour Afareaitu ?
"Ici à Moorea nous avons cinq communes associées. Et chaque commune a toujours eu son maire pour servir sa population. Je n’ai rien compris ce matin lorsque ce fait est sorti pour Afareaitu. Mais pour moi en tant que maire, je gère tout l’île de Moorea Maiao. C’est obligé de mettre un tavana dans chaque commune associée. La population en a besoin."
Vous ne craignez pas d’être dans l’irrégularité ?
"Ce n’est pas notre problème. On verra après."
Beaucoup de délibérations vont être prises comme cela pendant six ans ?
"On verra après, je ne peux pas te répondre aujourd’hui, comme c’est une nouvelle équipe. Donc on verra après."
Allez vous encore frapper à la porte du Tapura ?
"On verra après. Il faut que je rencontre ma population d’abord après on verra."
 

Heimata, juriste de la commune : "Dans l’incertitude, on a tenu à faire cette élection"

Expliquez-nous pourquoi la commune a décidé d'élire un tavana délégué à Afareaitu ?
"Il y a eu une note explicative du haut-commissaire. Elle précise qu’il n’y a pas de maire délégué dans le chef-lieu des communes composées de communes associées. On a essayé de se renseigner auprès du haut-commissariat pour en savoir un peu plus. Et on n’a pas eu de certitude sur cette absence de maire délégué. Donc pour le moment les élus ont décidé de mettre en place un maire délégué pour Afareaitu. Juste une précision, nous ne sommes pas la seule commune à élire notre maire délégué dans la commune chef-lieu. On espère avoir plus de précision bientôt du haut-commissariat. Et on leur avait demandé avant de préparer cette délibération. Dans l’incertitude, on a tenu à faire cette élection. Si un recours est déposé, il peut être fait par les électeurs, les conseillers municipaux."
Si cette délibération est annulée, que vont devenir les actes pris par tavana Rebecca Tetuanui ?  
"Il y aura une rectification qui sera faite une fois que la décision de justice sera prise. Maintenant on n’est pas dans ce cas-là."
 

Rebecca Tetuanui : "Qui ne tente rien, n’a rien"

Comment expliquez-vous votre élection ?
"On est venu en groupe, c’est le choix et la décision du peuple de pouvoir élire le maire délégué de la commune de Afareaitu. La population estime avoir leur propre délégué, leur élu à proximité de la population."
Même si ce que c’est dans l’irrégularité ?
"On tente. Qui ne tente rien n’a rien, alors on tente le coup."
Est-ce que cela veut dire que vous allez prendre des délibérations dans l’irrégularité pendant tout votre mandat ?
"Si mes amis déposent un recours concernant mon élection, ils sont libres. Mais je précise que si je perds ce mandat, rien ne m’empêchera de travailler pour ma population, en restant simple conseillère. Aujourd’hui le conseil municipal est souverain. La décision est prise, je l’accepte jusqu’au bout."
Cela veut dire que beaucoup de délibération peuvent être prise dans l’irrégularité ?
"Non pas du tout. A part celle-là c’est tout. C’est un choix que le groupe Moorea-Maiao to’u fenua a proposé ma candidature. Il est vrai que je suis au courant de cette situation (…). Vous voulez déposer un recours, faites-le."
 

Maire Bopp-Dupont : "on n’a pas la même compréhension du texte"

Allez-vous faire un recours ?
"On va voir ce qui est réalisable. Apparemment, on n’a pas la même compréhension du texte. Selon nous, la loi dit qu’il n’y a pas de maire délégué dans la commune chef-lieu. Eux ont une autre compréhension de cette même loi. Je pense qu’un recours permettra au tribunal de trancher, car ce n’est pas quelque chose qui doit se renouveler. S’il y a deux compréhensions face à une même loi, il reviendra au tribunal de trancher pour voir quelle est la bonne version. Et cela nous servira et servira aussi aux autres."
On nous dit que d’autres communes ont élu leur tavana délégué dans la commune chef-lieu ? 
"C’est normal, quand on fait partie de l’équipe sortante, c’est sûr qu’on ne va pas se léser d’une possibilité d’avoir un pouvoir supplémentaire et de finances supplémentaires pour son groupe. Donc stratégiquement on va aller vers l’interprétation qui dit que en réalité c’est possible. Moi ce qui m’intéresse c’est d’élucider la question. La personne qui est mise en place, il faut qu’elle soit de manière légale."

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Dimanche 5 Juillet 2020 à 01:17 | Lu 3259 fois