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Étudiante japonaise disparue à Besançon: un crime sans cadavre


Étudiante japonaise disparue à Besançon: un crime sans cadavre
Besançon, France | AFP | mardi 03/01/2017 - Venue étudier le français, Narumi Kurosaki, 21 ans, a disparu début décembre à Besançon: la justice et la police sont désormais convaincues que l'étudiante japonaise a été assassinée, bien que son corps reste introuvable, et son ancien petit ami chilien, en fuite, est le principal suspect.

Cette jolie jeune fille "calme", "très gentille", "toujours souriante" et "ouverte à la discussion", selon les étudiants qui l'ont côtoyée à Besançon, était venue à Besançon en septembre dernier pour étudier le français et l’écogestion dans le cadre d’un partenariat entre l’université de Tsukuba (Japon) et l'université de Franche-Comté.

"Des éléments de l'enquête nous font dire qu'il est extrêmement vraisemblable que cette jeune femme est morte", a déclaré mardi la procureure de Besançon Edwige Roux-Morizot, au cours d'une conférence de presse suivie par une vingtaine de journalistes nippons.

"Les éléments de l'enquête sont suffisamment importants pour saisir le juge d'instruction du chef d'assassinat", a-t-elle soutenu, sans souhaiter donner plus de précisions sur ces éléments pour "protéger l'enquête".

Narumi était "une jeune fille pleine de vie, heureuse dans sa relation avec son petit ami actuel et en lien régulier avec sa famille au Japon. Les hypothèses d'une disparition volontaire ou d'un suicide ont très rapidement été exclues par les enquêteurs de la police judiciaire", a souligné Mme Roux-Morizot.

Mi-décembre, la police avait indiqué posséder des indices provenant de la vidéosurveillance, des données téléphoniques et des témoignages des étudiants de la résidence universitaire où elle logeait.

- L'ex-petit ami chilien, principal suspect -

La jeune japonaise, qui avait un bon niveau de français, a été vue vivante pour la dernière fois le 4 décembre entre 22H00 et 23H00.

Cette nuit-là, plusieurs étudiants logeant dans son immeuble, ont entendu "un grand cri". "À partir de ce moment, plus aucune trace de Narumi n'est décelée", selon la procureure.

"Dans la nuit, j'ai entendu des boums sur les portes, les meubles, et après j'ai entendu un cri très strident, très aigu et fort", a confié à l'AFP sa voisine de palier, Anne-Laure Saillet, 20 ans.

"C'était un cri de femme. Au début, j'ai cru que c'était un film d'horreur, mais comme ça recommençait, je me suis inquiétée. Je n'ai pas pu bouger de mon lit, j'étais terrifiée", a-t-elle confié.

"Des traces rougeâtres ont été constatées sur le perron" de cet immeuble et "des prélèvements sont en cours d'analyse pour dire s'il s'agit de sang et s'il y a un lien avec la jeune fille", a dit Mme Roux-Morizot.

La procédure judiciaire, initialement ouverte pour "disparition inquiétante", puis pour "enlèvement et séquestration", a finalement été requalifiée en "assassinat" et confiée à deux juges d'instruction.

Les enquêteurs de la police judiciaire soupçonnent l'ancien petit ami chilien de l'étudiante d'être l'auteur de ce crime sans cadavre. Il "était en France et présent à Besançon au moment de la disparition", a souligné la procureure.

- 'Retrouver le corps' -

L'enquête porte sur la "personnalité envahissante et inquiétante de l'ancien petit ami chilien qu'elle a connu au Japon" et dont elle était séparée, a indiqué la magistrate.

Un mandat d'arrêt international a été délivré à l'encontre de ce professeur-assistant qui se serait enfui dans son pays, selon une source proche de l'enquête.

"De nombreux moyens sont déployés pour retrouver le corps de la jeune fille et faire la lumière sur ce crime", a affirmé la procureure de Besançon.

Les enquêteurs doivent aussi "fermer les portes" et vérifier les rumeurs, comme celle lancée par le patron d'un bar-tabac de Verdun (Meuse) qui pensait, à tort, avoir servi Narumi le 19 décembre.

Une cellule d'aide psychologique a été mise en place pour les enseignants et le personnel du Centre de linguistique appliquée (CLA) de Besançon, où Narumi apprenait le français 25 heures par semaine, a précisé l'université de Franche-Comté. Une douzaine d'étudiants de sa classe doivent également être reçus personnellement par la directrice du CLA.

Une autre cellule d'aide psychologique est assurée pour les étudiants sur le campus de Besançon.

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Samedi 7 Janvier 2017 à 08:40 | Lu 2117 fois