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... Et Ramy sera italien: Salvini met fin à une semaine de vive polémique


Rome, Italie | AFP | mercredi 27/03/2019 - Le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite), a mis fin mercredi à une semaine de vive polémique en annonçant que tous les étrangers parmi les collégiens pris en otage par leur chauffeur près de Milan seraient naturalisés.

Le 20 mars, un chauffeur italien d'origine sénégalaise voulant protester contre les migrants morts en Méditerranée a barricadé et attaché la cinquantaine d'enfants et aspergé le bus d'essence. Il y a ensuite mis le feu juste au moment où les carabiniers parvenaient à faire sortir tout le monde.
Tout de suite, des voix se sont élevées pour retirer la nationalité italienne au chauffeur mais aussi pour l'accorder aux deux enfants ayant réussi à prévenir les secours malgré les menaces, Ramy, Egyptien de 14 ans, Adam, Marocain de 13 ans.
Tous deux sont nés et ont grandi en Italie. Mais le droit italien les oblige à attendre leur majorité pour faire une demande de naturalisation. A moins de bénéficier d'un décret présidentiel pour "mérites spéciaux", sur proposition du gouvernement, ce qui arrive très rarement.
Juste après la prise d'otages, M. Salvini et son allié gouvernemental Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), semblaient d'accord.
Mais les partisans du droit du sol se sont engouffrés dans la brèche, appuyés par Ramy, nouvelle coqueluche des médias qui a expliqué que s'il méritait la nationalité italienne, il en allait de même pour son frère ou pour tant de ses camarades.
"Ramy veut le droit du sol ? C'est un choix qu'il pourra faire quand il aura été élu au Parlement, pour l'instant la loi sur la citoyenneté est bien comme elle est", a réagi M. Salvini pendant le weekend.
Le droit du sol était une promesse du centre-gauche, mais le projet a été plusieurs fois reporté par les gouvernements de Matteo Renzi puis de Paolo Gentiloni, qui a finalement renoncé face aux réticences de ses alliés centristes à l'approche des élections législatives de mars 2018.
 

- "Pas de débat" -

 
Ces derniers jours, plusieurs ténors du Parti démocrate (PD, centre gauche) ont relancé le projet, sous les railleries de M. Salvini: "Si la nouvelle frontière du PD est de combattre pour le droit du sol, nous allons rester au pouvoir pour les 50 prochaines années".
Lundi encore, le ministre de l'Intérieur a expliqué qu'il n'était pas possible d'accorder la nationalité italienne à Ramy, laissant entendre qu'un membre de sa famille pourrait avoir eu maille à partir avec la justice.
Mais finalement, il a cédé: "Pour moi c'est oui. C'est comme s'il était mon fils", a-t-il déclaré mardi, avant d'inviter mercredi Ramy, Adam et trois autres ex-otages italiens salués pour leur comportements dans le bus.
Déjà invités mardi soir à assister à la victoire de l'équipe de football d'Italie face au Liechtenstein, les enfants ont reçu une médaille des mains de M. Salvini, qui les a ensuite accompagnés pour une visite au centre de contrôle des pompiers et une promenade dans les rues de Rome.
Le ministre a aussi promis qu'outre Ramy et Adam, les autres enfants étrangers du bus seraient aussi naturalisés. Mais cela se fera "sans modifier en rien la loi", a-t-il précisé, parce que "99% des Italiens pensent que la loi fonctionne très bien en l'état, il n'y a pas de débat".
Selon les dernières données disponibles de l'institut italien des statistiques, l'Italie a procédé à plus de 146.000 naturalisations en 2017, plus que tout autre pays de l'Union européenne, dont 54.000 nouveaux majeurs nés et élevés en Italie.
Le sujet est sensible: dans un pays confronté à une grave crise de la natalité, les étrangers en situation régulière représentant 8,5% des 60 millions d'habitants, mais 9% des jeunes majeurs, 9,7% des enfants de 10 ans, 13% des enfants de 5 ans et 14,5% des enfants nés l'an dernier.

le Mercredi 27 Mars 2019 à 06:20 | Lu 336 fois