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Eolien en mer: les premiers chantiers démarrent en France


Paris, France | AFP | mardi 02/06/2020 - La construction du parc éolien en mer de Fécamp est désormais lancée, quelques mois après celle de Saint-Nazaire qui deviendra, en 2022, le tout premier site offshore mis en service dans une France très en retard dans ce secteur.

Le chantier de Fécamp (Seine-Maritime) peut démarrer après la signature ce week-end des derniers accords de financement, ont annoncé mardi EDF Renouvelables, Enbridge et wpd, membres du consortium porteur du projet.

RTE, responsable du raccordement, démarrera ses travaux à terre dès ce mois de juin.

Le site, composé de 71 éoliennes posées à 30 m de fond entre 13 et 22 km des côtes, doit être mis en service en 2023.

D'une capacité de 500 mégawatts (MW), il produira l'équivalent de la consommation électrique annuelle de 770.000 personnes, soit plus de 60% des habitants de Seine-Maritime, indiquent ces entreprises.

En dépit de ses 3.400 km de littoral, la France accuse un retard marqué dans l'éolien offshore, confronté à de multiples difficultés réglementaires, politiques et recours juridiques.

Le trois premiers projets, Fécamp, Courseulles-sur-Mer et Saint-Nazaire, ont été attribués par le gouvernement à EDF dès 2012. Quatre autres ont aussi été attribués, et un nouvel appel d'offres a été promis pour cette année par l'Etat.

- Pas de retard post-Covid -
Le parc de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), dont le chantier a été lancé en novembre, devrait être le premier du pays à démarrer, en 2022.

La crise du Covid-19 n'a pas entraîné de "retard majeur", les fournisseurs ont continué à approvisionner, rassure EDF.

Pour Fécamp, le coût d'investissement est estimé à 2 milliards d'euros, à 80% financé par emprunt bancaire. Le parc bénéficie d'un contrat d'achat d’électricité sur 20 ans, accordé par l'Etat en 2018.

Ce chantier mobilisera plus de 1.400 emplois locaux, insiste le consortium, et sur 25 ans d'exploitation, une centaine d'emplois pérennes seront assurés à Fécamp.

Le consortium a signé les contrats de fourniture avec Siemens Gamesa pour les turbines, Bouygues pour les fondations et les Chantiers de l'Atlantique pour la sous-station électrique en mer.

- Concours de tailles -
Ces éoliennes, ainsi que celles du futur parc de Saint-Brieuc (Côtes d'Armor), seront fabriquées dans l'usine que Siemens Gamesa développe au Havre, et dont la construction doit débuter cet été pour une mise en service fin 2021 ou début 2022, avec 750 emplois à la clé.

"Ces deux premières commandes fermes, cela nous permet de donner pleinement vie à notre projet d'usine au Havre", a souligné mardi Andreas Nauen, PDG de la division offshore du fabricant germano-espagnol, qui qualifie son usine de "plus grand projet industriel de l'histoire des énergies renouvelables en France".

Si à Fécamp les éoliennes feront 7 MW, Siemens a récemment annoncé la mise au point d'une éolienne géante de 14 MW (au rotor de 222 m), dépassant celle de 12 MW de General Electric.

Cette course au gigantisme, EDF, 9e acteur européen sur ce secteur, n'a rien contre.

"Effectivement ça grandit, et on est ouvert à ces grands fournisseurs qui ont démontré leurs capacités", affirme Bruno Bensasson, PDG d'EDF Renouvelables, qui affiche ses ambitions sur les marchés américains (côte ouest, Hawaï), japonais ou indien, et surtout chinois.

Mondialement, l'éolien en mer ne fournit aujourd'hui que 0,3% de l'électricité (15% au Danemark, 8% au Royaume Uni). Mais son potentiel est "époustouflant" du fait de la chute des coûts et des progrès de la technologie, et 2019 a représenté une année record en terme d'investissements, souligne l'Agence internationale de l'énergie.

En France, EDF gère aussi le parc flottant pilote de Provence Grand Large, face à Port-Saint-Louis du Rhône (Bouches-du-Rhône).

L'éolien flottant est prometteur car il permet d'installer sans limite de profondeur et indépendamment du profil des fonds.

Bourbon, groupe marseillais de services maritimes pour l'industrie pétrolière, mise ainsi sur cette technologie pour se diversifier, avec d'abord l'installation de trois grosses éoliennes au Portugal, a-t-il annoncé à l'AFP mardi.

le Mercredi 3 Juin 2020 à 07:03 | Lu 478 fois