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En Nouvelle-Calédonie, une quatorzaine stricte mais acceptée


Nouméa, France | AFP | mardi 22/09/2020 - "Heureusement qu'on ne tourne pas en rond, sinon on aurait vraiment l'air en prison". En Nouvelle-Calédonie, la quatorzaine stricte imposée à l'arrivée des voyageurs pour empêcher la propagation du Covid-19 fait parfois grincer des dents, mais tous admettent qu'elle est efficace.  

Sur la terrasse en teck au premier étage de l'hôtel Beau-Rivage, implanté Baie des Citrons à Nouméa, les confinés profitent de leur sortie autorisée d'une heure par jour, en arpentant les 20 mètres de long sur 5 de large, et en discutant, masque sur le nez. 

"C'est long", avoue Valentine, 22 ans, jeune infirmière tout juste diplômée après trois ans en métropole. "On sait que nos proches sont tout près, et on ne peut pas les voir, c'est pas facile", dit la jeune Calédonienne, qui a cependant pu faire signe à son frère, du balcon de sa chambre.  

Pourtant, elle le reconnait, cette quatorzaine draconienne est "nécessaire, car l'île n'a pas beaucoup de moyens médicaux. Et puis, ça marche, il n'y a pas un seul cas ici", insiste l'infirmière, qui avait été réquisitionnée pendant la crise covid à Paris.

"Je vois que c'est efficace", renchérit Josette, 52 ans. "Pendant mes deux mois en métropole, il fallait porter le masque, respecter les gestes barrières...Ici je vois comme c'est protégé. On peut continuer à vivre normalement", dit-elle, pressée d'embrasser son petit-fils, qui lui fait des signes depuis la plage voisine.  

La Nouvelle-Calédonie est le seul territoire français, avec Wallis-et-Futuna, à maintenir une quatorzaine stricte, dans des hôtels réquisitionnés par le gouvernement local, autonome en matière de santé. Le territoire n'a recensé que 26 cas depuis mars, tous importés et guéris. La quatorzaine est prise en charge par le gouvernement, qui a décidé de maintenir ces restrictions jusqu'en mars 2021.

"Tout autour de nous, le monde connaît une recrudescence du virus et nous avons donc la responsabilité de maintenir la Nouvelle-Calédonie dans cette situation favorable", a expliqué le président du gouvernement, Thierry Santa.

Tout le monde est soumis à la quatorzaine: Calédoniens, Métropolitains, élus, tout comme les délégués venus contrôler la tenue du référendum sur l'indépendance, le 4 octobre, et les observateurs de l'ONU.   

"délinquants et pestiférés"

Obligés de réaliser un test PCR avant leur départ, les voyageurs se voient remettre à leur arrivée l'arrêté nominatif pris par le Haut-commissariat sur leur mise en quarantaine. Ils sont ensuite embarqués, après passage devant une caméra thermique, dans des cars escortés par la gendarmerie, gyrophares allumés, vers les hôtels dédiés. 

Un dépliant du gouvernement calédonien invite à respecter "les règles" et prévient que "la police nationale et/ou des agents de sécurité veillent 24H sur 24 à leur strict respect". 

A l'exception de la "promenade" quotidienne, où "les jeux de ballons et cartes sont interdits", impossible de sortir de la chambre et de recevoir des visites. Une seule est autorisée, celle de l'infirmier qui passe deux fois par jour prendre la température du confiné. Un nouveau test PCR est réalisé en fin de quatorzaine.

Lecture, sport, télé, internet occupent les confinés mais tous ne sont pas à la même enseigne, selon les hôtels ou les étages: Certains ont des suites, des balcons, des vues sur mer. D'autre de petites chambres, avec vue sur la clinique voisine.  

"Pour raison sanitaire", le ménage en chambre n'est pas assuré, les draps et serviettes de toilette ne sont pas changés. Du matériel d'entretien est laissé au cloitré, qui dispose aussi de lessive et de liquide vaisselle, et doit sortir ses poubelles dans le couloir.

Si les heures sont longues, Taulua Lata, d'origine wallisienne, s'en accommode. Mais "le repas c'est le pire", dit cet homme corpulent rentré de Lille où il a installé son fils étudiant.

"Les plats sont froids, on n'a pas de micro-ondes, la viande est dure, et franchement c'est pas bon", résume Taulua, qui a préféré, comme tous ceux qui le peuvent, demander à ses proches de lui faire livrer de la nourriture. Et pour tenir, il a "du whisky, de la bière, du vin et une bouteille de champagne". 

le Mardi 22 Septembre 2020 à 05:48 | Lu 676 fois