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Emotion en Nouvelle-Calédonie où la "case" du Sénat coutumier a été incendiée


Nouméa, France | AFP | dimanche 09/08/2020 - Lieu emblématique, la "grande case" du Sénat coutumier de Nouvelle-Calédonie a été la cible d'un incendie volontaire qui a soulevé l'émotion dans l'archipel, à moins de deux mois d'un deuxième référendum sur son indépendance.

"Un homme, âgé de 29 ans et d'origine mélanésienne, a été interpellé, quelques minutes après le début de l'incendie samedi soir", a annoncé dimanche dans un communiqué le procureur de la République Yves Dupas. Le suspect, arrêté suite à des indications de l’agent de sécurité, était en état d’ivresse et a reconnu "avoir volontairement mis le feu à la grande case au moyen de son briquet".

Se présentant comme le secrétaire adjoint d’une association de squatteurs du quartier, l’auteur présumé des faits a expliqué "avoir agi seul et sur un coup de tête, par réaction à l'absence de soutien des autorités coutumières kanak"  à des revendications concernant l'alimentation en électricité et la collecte des déchets.

Il comparaîtra mardi 11 août devant le tribunal correctionnel et encourt une peine de 10 ans de prison, a précisé le parquet.

Située dans le quartier de Nouville à Nouméa, l’institution consultative abrite seize sénateurs kanak, représentant les huit aires coutumières de Nouvelle-Calédonie.

A côté des bâtiments en dur, le Sénat coutumier possédait une grande maison traditionnelle, réservée aux cérémonies et à l’accueil des personnalités en visite.

Le haut-commissaire Laurent Prévost a fait "part de sa vive émotion devant la destruction de ce lieu emblématique" et "a fermement condamné cet acte qui porte atteinte à l’institution coutumière et au-delà à une institution de la Nouvelle-Calédonie". Il a précisé que le ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, avait été "tenu informé de cet incendie volontaire" et qu'il faisait part "de son émotion et de son soutien au président du Sénat coutumier, Hippolyte Sinewami".

"Espace de dialogue"

Sur les ondes de Nouvelle-Calédonie 1ère, ce dernier a exprimé "son profond désarroi face à cet acte isolé qui touche une structure symbolique".

La présidente de la province sud, Sonia Backés (droite), a fait part de "sa consternation" sur sa page Facebook et a condamné cet "acte criminel". Le député Philippe Gomes (UDI) a déploré la destruction "de la porte d’entrée du pays (...) espace de dialogue entre kanak mais aussi de rencontres avec les différentes composantes du peuple calédonien".

Cet incendie intervient après qu'une bâche aux couleurs tricolores déroulée sur la façade de la Province sud et que le fare d'une piscine de Nouméa ont également été brûlés au cours des dernières semaines.

Ces incidents contribuent à tendre le climat politique en Nouvelle-Calédonie où se tiendra le 4 octobre prochain un deuxième référendum d'autodétermination, dans le cadre du processus de décolonisation de l'accord de Nouméa (1998)

Après les violences meurtrières entre "caldoches" d'origine européenne et indépendantistes kanak, qui avaient culminé avec la sanglante prise d'otages de la grotte d'Ouvéa (1988), la Nouvelle-Calédonie est engagée dans un processus de décolonisation négocié et progressif, inédit dans l'histoire française.

Conformément à l'accord de Nouméa (1998), un premier référendum s'est tenu le 4 novembre 2018 et a vu la victoire des pro-français qui ont rassemblé 56,7% des suffrages.

le Lundi 10 Août 2020 à 04:39 | Lu 756 fois