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Elections en RDC: compte à rebours explosif d'ici dimanche


Kinshasa, RD Congo | AFP | vendredi 27/12/2018 - Le compte à rebours des élections prévues dimanche en République démocratique du Congo a repris vendredi avec l'échec d'une grève générale à l'appel d'une partie de l'opposition, donnée favorite par un sondage qui pointe "un potentiel de violence extrêmement élevé" après le scrutin.

Après trois reports depuis fin 2016, les Congolais doivent désigner le successeur du président Joseph Kabila à la tête du plus grand pays d'Afrique sub-saharienne, qui stocke d'immenses richesses minérales, mais dont la pauvreté des habitants entretient l'instabilité chronique.
Fait sans précédent, M. Kabila, 47 ans, a renoncé à briguer par la force un troisième mandat interdit par la Constitution.
Trois candidats se détachent dans la course à sa succession: son "dauphin" Emmanuel Ramazani Shadary, donné perdant par les sondages de trois organismes, et les deux opposants, Martin Fayulu et Félix Tshisekedi.
Ces trois hommes promettent d'injecter en cinq ans des dizaines de milliards de dollars dans l'économie pour élever le niveau de vie moyen des Congolais (458 dollars par personne et par an).
Quelque 1,2 million d'électeurs (sur 40 d'enregistrés) ne pourront pas voter, principalement dans les poudrières de Beni et Butembo (Nord-Kivu, Est), où les élections ont été reportées à mars par la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Raison invoquée: les tueries de civils et l'épidémie d'Ebola.
Pour protester contre ce report, la coalition Lamuka autour de Martin Fayulu a lancé un mot d'ordre de grève générale guère suivi vendredi matin dans tout le pays, sauf à Goma (Nord-Kivu) où des jeunes en petit nombre se heurtaient à des policiers qui tiraient des grenades lacrymogènes. 
Jusqu'à la dernière minute, des polémiques émaillent ces élections, dont la tenue ne sera certaine qu'à l'heure de l'ouverture des bureaux de vote dimanche à 05H00 GMT.
Sur son site, la Céni affirme être consciente que la date du 30 "est la ligne rouge à ne pas franchir" et "que toutes situations contraires" à la tenue des élections seraient dues à "des facteurs exogènes".
La commission électorale va supprimer 1.092 bureaux de vote sur 7.939 dans la capitale Kinshasa, a révélé vendredi matin Radio France internationale (RFI).
Raison invoquée: l'incendie d'un entrepôt de la Céni à Kinshasa le 13 décembre qui a brûlé une partie du stock des "machines à voter" destinées à la capitale.
C'est dans ce contexte que les experts du Groupe d'étude sur le Congo (GEC) de l’Université de New York publient des sondages effectués avec une société congolaise, le Bureau d’études, de Recherches, et de Consulting International (Berci, proche d'une frange d'opposition) et Ipsos South Africa.
 

- Mesure de rétorsion contre l'UE -

 
"Si les élections sont libres et équitables, un candidat de l'opposition est presque certain de remporter la présidence", écrit la figure de proue du GEC, Jason Stearns.
"Selon notre sondage, Martin Fayulu est clairement le favori, avec 44% (Berci 45%; Ipsos/GeoPoll: 42%) du vote prévu, devant les 24% de Félix Tshisekedi (Berci 28%; Ipsos/GeoPoll: 20%) ; 18% (Berci: 20%; Ipsos/GeoPoll: 15%) voteraient pour Emmanuel Shadary", ajoute-t-il.
"Le potentiel de violence est extrêmement élevé (...) Un pourcentage alarmant de répondants (Berci: 63%; Ipsos/GeoPoll: 43%) ont indiqué qu'ils n'accepteraient pas les résultats si Shadary l'emportait, et 53% (Berci: 63%; Ipsos/GeoPoll: 43%) ne font pas confiance aux tribunaux pour résoudre équitablement les contentieux électoraux", poursuit-il.
Le ministre de l'Intérieur Henri Mova a indiqué que les frontières "terrestres, lacustres et fluviales" de la RDC seraient fermées dimanche, jour prévu du vote.
L'armée viendra en renfort des opérations de police, avait-il indiqué avant le dernier report d'une semaine des élections du 23 au 30 décembre.
Au total les élections ont été reportées trois fois depuis la fin du deuxième et dernier mandat du président Kabila le 20 décembre 2016 à 00h01: de décembre 2016 à décembre 2017, puis au 23 décembre 2018, puis au 30 décembre.
Kinshasa a refusé toute aide financière et logistique des Nations unies présentes depuis 20 ans au Congo ou des Occidentaux pour l'organisation des élections.
A trois jours du vote, Kinshasa a demandé jeudi soir le départ du représentant de l'Union européenne dans les 48 heures.
Il s'agit d'une mesure de rétorsion de la RDC après le prolongement des sanctions européennes qui visent 14 officiels congolais, dont le candidat du pouvoir à l'élection présidentielle, M. Ramazani Shadary.

le Vendredi 28 Décembre 2018 à 03:54 | Lu 463 fois