Tahiti Infos

Éducation : des dysfonctionnements et des solutions


TItaua Vie et Thierry Barrère de l'Unsa
TItaua Vie et Thierry Barrère de l'Unsa
Tahiti le 29 mai 2023 - Un retour au calendrier Austral au fenua avec la mise en place d’une enquête “auprès de la communauté éducative”, une photographie du parc immobilier “vieillissant ” de l’éducation, un allègement administratif pour pallier les absences des enseignants ou encore une école inclusive avec plus de moyens. Telles sont les propositions faites par le syndicat Unsa au nouveau ministre de l’Éducation.

Le calendrier scolaire, le dialogue social, l’école inclusive, la gestion des remplacements, la formation continue, les conditions de travail et le sujet récurrent concernant l’océanisation des cadres sont les thématiques abordés par l’Unsa Éducation avec le nouveau ministre en charge, Rony Teriipaia. “Des sujets qui nous tiennent à cœur” et pour lesquels il est « important » d’échanger a plaidé la syndicaliste Titaua Lavie.

“Parc immobilier vieillissant”

Le syndicat a fait état avec le ministre de l’Éducation Rony Teriipaia de l’état des bâtiments scolaires au fenua. Le constat est “clair et net. Tout le monde le sait. On a, hélas, un parc immobilier vieillissant”, a soulevé d’emblée Thierry Barrère de l’Unsa. Selon lui, certains établissements auraient besoin de “grosses réparations et un entretien important à réaliser” pour la sécurité des élèves mais également du personnel. L’Unsa propose qu’un audit ainsi qu’une photographie du parc immobilier de l’éducation soient faits afin de diagnostiquer l’état des internats, des salles de classe et de restauration pour “le bien-être de nos élèves”.
Thierry Barrère précise qu’en 2017, un état des lieux des normes électriques et amiante des établissements scolaires du fenua avait été réalisé, sans être “suivi de faits et que chaque établissement a dû faire plus ou moins en fonction des rapports”. La dangerosité est pour l’instant “maîtrisée mais il y a quelques risques”, estime-t-il, surtout dans les îles éloignées et aux îles Sous-le-vent.

Retour au calendrier Austral

Le calendrier scolaire a également été au centre des discussions, principalement la question du retour au calendrier Austral, à l’instar de celui appliqué en Nouvelle-Calédonie : “On fait cours pendant la période chaude et on reprend au moment où on quitte la saison fraîche, c’est dommage”, constate Titaua Lavie. 

Le syndicat reconnait qu’une telle modification du calendrier scolaire est une décision à prendre “en concertation” avec tous les acteurs concernés, parents et personnel. “On ne voudrait pas imposer les choses.” L’Unsa propose de mettre en place une enquête “auprès de la communauté éducative” afin de recueillir les avis. Reste, qu’en l’état actuel, il est “très compliqué” pour le personnel enseignant de “ faire tenir les élèves pendant 55 minutes sur leur chaise”, en saison chaude, surtout lorsque les bâtiments ont été construits “en dépit du bon sens par rapport à l’orientation du vent”.

Rétablissement des commissions paritaires

L’Unsa Éducation a également fait état des nombreux problèmes rencontrés par les enseignants concernant leur mutation ou de leur carrière professionnelle. Des désagréments survenus après “l’application pure et simple de la loi de transformation de la fonction publique où les commissions paritaires ont été vidées de leurs fonctions (…). C’est très compliqué” indique le syndicat. Il y a deux ans, rappelle-t-il, les organisations syndicales et l’administration se réunissaient en réunion préparatoire : “Toutes les informations étaient sur la table, même des éléments qui ne peuvent pas être contenus dans un formulaire où la situation particulière de l’agent ne peut influer sur la décision de l’administration”. À ce propos, l’Unsa a également souligné le manque de moyens humains et la surcharge de travail du personnel de la DGEE. Le syndicat demande le rétablissement de ces commissions “par souci de transparence” et pour que cesse “ces dysfonctionnements”.

L’Unsa a également observé en présence du nouveau ministre que “l’école inclusive, n’est pas si inclusive que cela puisqu’il n’y a pas les moyens”. Le manque de personnel “spécialisé” est énorme et les enseignants sont en demande de formations sur la manière d’accueillir ce public “qui aura besoin d’une attention particulière”.

La gestion du remplacement du personnel enseignant absent a aussi été abordé. Le syndicat reconnaît que la tâche est compliquée au vu de l’étendue du fenua. Mais il pointe du doigt la lourdeur administrative.  “Le temps qu’on nomme quelqu’un la personne arrive pour deux ou trois jours, alors que le remplacement était pour deux semaines”, insiste Thierry Barrère qui compte sur une accélération des procédures “pour le bénéfice des élèves”.

Pour le syndicat ces remplacements peuvent se faire en interne, mais doivent être de courte durée : “Il y a la possibilité de trouver des professeurs qui sont volontaires pour faire des heures supplémentaires pour pallier ces absences, mais ce n’est que temporaire.”

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 29 Mai 2023 à 13:07 | Lu 2746 fois