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Dernière session de formation à l’Eco-construction


PAPEETE, le 06 mai 2014. (COMMUNIQUE) La dernière session de formation à l’Eco-construction, organisée par la Polynésie française et l'ADEME, en partenariat avec la CCISM, s’est déroulée du 22 au 29 avril et permettant ainsi à la 4ème promotion d’achever son cursus.

Dispensée par des experts de l’éco-construction en milieu tropical, cette formation s’est adressée à tous les acteurs du bâtiment en Polynésie française qui souhaitaient acquérir de nouvelles compétences ou parfaire leurs connaissances, afin de proposer à la construction des bâtiments moins énergivores et plus respectueux de l’environnement.

Le public cible
Depuis la première session initiée en janvier 2013, environ 60 stagiaires, architectes, maîtres d’ouvrage publics et privés, maîtres d’ouvrage mandataires ou délégués, assistants aux maîtres d’ouvrage, programmistes, maîtres d’œuvre et donneurs d’ordres ont été sensibilisés à la démarche.
En outre, des élus communaux et représentants du CESC ont eux aussi été initiés à la problématique afin de leur donner des clés de compréhension sur les intérêts multiples de la qualité environnementale du bâtiment.

Une nouvelle approche
Dans le contexte actuel de forte dépendance énergétique et de contraintes budgétaires, cette formation a permis d’envisager une nouvelle approche de la construction en Polynésie française pour des bâtiments et structures performants et durables dont les dépenses sont maîtrisées dans le temps, « la finalité étant le confort et le bien-être des usagers et la préservation des ressources » selon Robert CELAIRE, ingénieur spécialisé dans l’efficacité énergétique et la qualité environnementale des bâtiments et formateur.

Pourquoi de l’Eco-construction en Polynésie française ?

En Polynésie française, le secteur du bâtiment (résidentiel et tertiaire) constitue le deuxième secteur de consommation d’énergie finale juste après les transports. En outre, les spécificités propres au territoire sont nombreuses : climat tropical océanique, choix de matériaux restreint et matériaux locaux peu disponibles, réglementations encore limitées.
Dans ce contexte, la QEB (Qualité Environnementale du Bâtiment) et plus largement, l’éco-construction et les principes du bio-climatisme sont perçus comme une solution pour concevoir des bâtiments plus sobres et plus respectueux de l’environnement. Afin de donner les moyens aux acteurs locaux de la construction de répondre à cette demande, la Polynésie française et l’ADEME ont souhaité organiser des formations spécifiques et pragmatiques sur le sujet, tout en mobilisant les compétences et les connaissances du terrain.

Dernière session de formation à l’Eco-construction
Ce qu’en pensent les experts

« Ces formations ont sensibilisés beaucoup de professionnels, qui ont un réel intérêt pour une approche plus environnementale de l’acte de concevoir, programmer et construire des bâtiments intelligents et capables de répondre au défi d’une construction durable et à l’épanouissement des personnes.
Nous avons constaté une forte motivation, où des professionnels avaient déjà une sensibilité à l’architecture environnementale alors qu’il y a très peu de règlementation comme on peut le voir en France ou dans d’autres pays ou régions. Du coup, la Polynésie française est en retard.
Ceci étant dit, nous sommes dans un petit pays, avec beaucoup de ressources, avec des professionnels compétents et une volonté politique, donc je pense qu’il y a des prédispositions et qu’il soit possible de rattraper le retard. Des cercles vertueux peuvent s’enclencher plus rapidement dans les petits pays, comme le montre l’exemple de la Guyane. 12 ans après les premières formations en Guyane une grande majorité des bâtiments publics et privés guyanais est inscrite dans une démarche environnementale avec des objectifs très ambitieux, vérifiés, des bâtiments à faibles consommations d’énergies, qui valorisent les filières et savoir-faire locaux.
Bien souvent, les projets sont dans le budget : sans surcoûts, sans surinvestissement et avec par contre des bénéfices qualitatifs en termes de confort et de qualité d’usage et en termes de dépenses énergétiques et environnementales beaucoup plus faibles. Donc il est faisable de donner aux professionnels les moyens de mieux construire en restant dans les budgets à condition d’être rigoureux sur comment éviter les gaspillages mieux gérer les ressources et mieux investir pour moins consommer.
»
Robert CELAIRE, ingénieur spécialisé dans l’efficacité énergétique et la qualité environnementale des bâtiments.

Pour en savoir plus, consultez :
-Le Guide « Construire avec le climat en Polynésie française »
http://ecocitoyens.ademe.fr/mon-habitation/construire/a-savoir
-Le site de l’OPH et le fare bioclimatique
http://www.oph.pf/vivre_ensemble.php?sr=176

Dernière session de formation à l’Eco-construction
Témoignages

Hugues CADET, technicien au Syndicat Intercommunal à vocation multiple des Tuamotu – Gambier (SIVMTG).

« J’ai vraiment apprécié cette formation et je vais essayer d’intégrer ce que j’ai appris dans nos projets de rénovation et tous les futurs projets pour avoir un meilleur rendement, un meilleur bilan énergétique et un meilleur coût global. […] Il va y avoir un gros travail de persuasion des élus, mais grâce à la formation nous avons des chiffres, des leviers d’actions et des outils qui vont nous permettent de les convaincre et sur lesquels s’appuyer.
Nous avons principalement des écoles, mairies, hangar, plateaux sportifs, … et plutôt que de tout refaire à chaque fois, il vaut mieux construire durablement. Quand les bâtiments sont de bonne qualité cela évite les nombreuses rénovations ou réhabilitations qui à répétition commencent à coûter cher.
»

Dernière session de formation à l’Eco-construction
Emmanuelle THENOT, Urbaniste à la Commune de PAPEETE.

"La démarche proposée par la formation, de placer l’usager et les principes de sobriété au centre des réflexions est primordiale. Les formateurs ont démontré qu’un projet conçu à partir du diagnostic des usagers futurs, avec une attention à l’implantation bâtie et à la conception architecturale, peut se révéler particulièrement efficace en matière de confort, de préservation des ressources naturelles et de facture énergétique. Pour la Ville de Papeete, ces formations prolongent l’étude de Bilan Carbone menée en 2012 , et trouve une application immédiate dans les audits énergétiques des bâtiments de l’hôtel de ville engagés cette année comme dans les projets de construction et de rénovation d’équipements communaux. En tant qu’urbaniste, il parait indispensable de promouvoir ce type d’approche pour tous les projets d’aménagement, publics comme privés. Parallèlement, des réflexions similaires doivent être déclinées localement à l’échelle urbaine. C’est l’objet des démarches d’urbanisme durable, dont la promotion reste à faire…"

Dernière session de formation à l’Eco-construction
David CHAUVIN, Architecte, Président de l’Ordre des Architectes

« Je souhaite vivement remercier les personnes qui ont contribué à cette formation. L'initiative d'amorcer un mouvement de réalisation d'architecture bioclimatique en Polynésie à travers des cycles de formation a été une très bonne approche. Ayant moi-même suivi la formation, j'ai trouvé particulièrement encourageant que l'auditoire très varié de ces formations puisse entendre parler d'architecture avec une approche globale des nombreux enjeux de la construction éco-responsable. La recherche d'économie financière (qui en général conquiert l'adhésion des maîtres d'ouvrage) n'est pas forcément à faire au moment de l'investissement, mais plutôt à l'usage du bâtiment. Un bâtiment peut coûter 3 fois son prix d'investissement en consommation et en entretien dans une période de moins de vingt ans ! Cela ouvre tout un champ de discussions passionnant entre les concepteurs et les utilisateurs.
En attirant l'attention sur des réflexes simples de conception en fonction du climat, cette formation a permis de rappeler que la construction n'est pas qu’ un simple empilement de matériaux plus ou moins esthétiquement associés, mais un équilibre subtil entre des usagers, des activités spécifiques et une "enveloppe" intelligente pour les accueillir.
»

Dernière session de formation à l’Eco-construction
Clément THEILLAY, Président de l’association « La Maison des Eco-constructeurs »

« Cette formation a eu un très bon impact auprès des professionnels inscrits. La première session de formation a permis de créer un noyau qui avait envie de travailler sur le sujet de l’éco-construction avec des professionnels du bâtiment. Dans les formations, il manquait peut-être les maîtres d’ouvrages privés et les entreprises mais il est difficile de toucher tout le monde […]. Compte tenu du contexte et de cette formation, la demande est encore faible et ne fait que débuter grâce aux projets tels que FARECO financés par l’ADEME et le Pays. Il y a une sensibilité au niveau politique, puisque cette démarche est inscrite au plan de relance. Ne manque que les projets qui montrent l’exemple et qui permettent d’avoir des premiers retours d’expériences, qui seront forcément bénéfiques. On peut citer le nouveau bâtiment du Haut-commissariat qui a été précurseur sur le sujet et où il y a beaucoup d’enseignements à tirer et des retours d’expériences à partager.
Ce qui ressort vraiment de cette formation, c’est qu’il faut mettre en place une qualité environnementale polynésienne, qui soit adaptée. Le gros avantage pour le Pays à développer l’éco-construction c’est le soutien de l’économie locale. Cette démarche favorise l’emploi local, l’industrie locale, la production de matériaux locaux et c’est dans ce cadre que ces projets permettent de faire avancer l’économie locale et de créer de la richesse. Dans tous les cas c’est l’avenir des bâtiments en Polynésie.
Les formations sont finies, à l’association de prendre le relais, de faire vivre le sujet et de le développer.
»

Dernière session de formation à l’Eco-construction
Marc COURTINES, Architecte, Chef du Bureau des Constructions Publiques du Haut-commissariat.

« J'avais déjà suivi la formation relative à l'architecture bioclimatique. J'avais trouvé cela très intéressant et même essentiel.
Je souhaitais poursuivre cette formation, avec le module « Energie », que je pourrai appliquer à tous les projets qu’ils soient Etat ou communes.
J'ai trouvé les cours dispensés bien faits et nécessaires. Le volet environnemental est une donnée incontournable des constructions actuelles, qui se doivent d’être exemplaires en consommation énergétique. En Polynésie française, cela me semble d autant plus vrai que le coût de l électricité est prohibitif et le recours au tout climatisé ne peut plus être une solution.
Il faut raisonner autrement. Les architectes et les professionnels du bâtiment doivent avoir une autre approche, sur le long terme et pour le bien-être de l'utilisateur, en termes de confort et d’économie. Le climat et le contexte s y prêtent, il faut raisonner en prenant en compte des données de l'environnement et du site. C’est un enjeu crucial. Il faut privilégier les systèmes de ventilation, de rafraichissement naturel, de protection de la chaleur, de l'ensoleillement de façon passive. Les formateurs nous ont prouvé que c’était possible, puisqu’ils ont eux même mis en application leurs démarches "globales", en Guyane, où le climat est plus chaud et humide qu’ici. Ils sont parvenus à des résultats concrets et fiables. La démarche « Négawatt », visant les économies d'énergies me semble exemplaire.
Les critères de conception à optimiser, implantations, orientation, morphologie, équipements me semblent également à étudier pour chacun des projets traités.
L’enjeu semble de taille mais pas insurmontable.
»

Rédigé par ADEME le Mardi 6 Mai 2014 à 15:27 | Lu 1793 fois