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Crash d'un hélicoptère en RDC: l'ONU n'exclut pas la piste d'une attaque


ALEXIS HUGUET / AFP
ALEXIS HUGUET / AFP
Goma, RD Congo | AFP | mercredi 30/03/2022 - A-t-il été la cible d'un tir des rebelles ou de l'armée? Aucune piste n'était exclue mercredi pour expliquer le crash d'un hélicoptère dans lequel ont péri la veille huit Casques bleus de la mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monusco).

L'hélicoptère s'est écrasé alors qu'il effectuait une mission de reconnaissance au-dessus d'une zone de l'est du pays, au Nord-Kivu, où de violents combats opposaient depuis lundi l'armée congolaise aux rebelles du M23 ("Mouvement du 23 mars").

Les Forces armées de RDC ont rapidement accusé les rebelles d'avoir abattu l'appareil. Le M23 a démenti, en accusant au contraire l'armée d'être responsable du crash. La Monusco, qui a retrouvé les débris du Puma et ramené à sa base de Goma les corps de ses Casques bleus (six Pakistanais, un Russe et un Serbe), ne se prononce pas.

Mais les premières indications font état d'un "objet lumineux", dont la nature reste à déterminer, qui aurait atteint l'hélicoptère et causé le crash, a déclaré sur RFI Khassim Diagne, représentant spécial adjoint pour la protection et les opérations au sein de la Monusco.

"Je confirme", a indiqué à l'AFP Ndèye Khady Lo, porte-parole adjointe de la Mission de l'ONU, tout en estimant "prématuré" d'en conclure que ce n'est "pas un accident". "Nous n'excluons aucune piste", a dit M. Diagne, y compris celle "d'une attaque contre cet hélicoptère".

Sans directement montrer du doigt les rebelles, Stéphane Dujarric, porte-parole à New York du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a déclaré que celui-ci était "profondément préoccupé par la résurgence des activités du M23". 

Ce crash est survenu alors que l'armée congolaise, après plusieurs mois de soupçons et des décennies de relations de méfiance, venait d'accuser le Rwanda de soutenir la rébellion du M23, affirmant même avoir capturé deux militaires rwandais dans la région des combats, dans le territoire de Rutshuru, frontalier de l'Ouganda. 

Kigali a fermement démenti, assurant que ces deux hommes, capturés il y a plus d'un mois, ne faisaient pas partie de son armée et récusant tout soutien aux rebelles.

"Le M23 est à côté" 

Le M23, également appelé "Armée révolutionnaire congolaise", est issu d'une ancienne rébellion tutsi congolaise jadis soutenue par le Rwanda et l'Ouganda. 

Défait en 2013, le M23 fait de nouveau parler de lui depuis novembre, attaquant des positions militaires et reprochant à Kinshasa de n'avoir pas respecté des engagements sur la démobilisation de ses combattants.

Mercredi, selon des sources locales interrogées depuis Goma, un calme relatif a régné dans la région. Le M23 occupe toujours certaines des positions conquises depuis la nuit de dimanche à lundi, dont Tchanzu et Runyoni, mais s'est retiré de celles qu'il occupait sur la route reliant Goma à Bunagana, à la frontière avec l'Ouganda.

Quelques habitants qui avaient fui leurs maisons ont regagné leurs villages.

"Nous sommes revenus pour protéger nos biens car des voleurs pillent nos maisons", témoigne Jean-Paul Mazirane, un habitant du village de Tchengerero. "Le M23 est à côté, sur une petite colline", dit-il. "Nous avons encore peur... Mais quelques personnes ouvrent leurs boutiques, afin que les gens achètent du sel, du savon...".

"Les rebelles du M23 ont tout pillé avant de se retirer", a accusé en fin de journée Jackson Gachuki, chef du "groupement" de Jomba, à une dizaine de km du centre de Rutshuru.

Le colonel congolais Honoré Rindugu, commandant du régiment stationné à Bunagana, a affirmé qu'il y avait eu mardi dans les rangs rebelles trois morts et une quinzaine d'autres capturés côté ougandais. 

Les armées congolaise et ougandaise collaborent dans la lutte contre le M23 dans ce secteur, a-t-il assuré, comme elles coopèrent plus au nord dans la lutte contre un autre groupe rebelle, les ADF (Forces démocratiques alliées).

Les autorités militaires du territoire de Rutshuru ont reconnu que deux officiers congolais avaient été tués dans les combats.

L'est de la RDC est en proie aux violences de nombreux groupes armés depuis plus d'un quart de siècle. 

La mission de l'ONU a été créée en 1999 dans le pays sous le nom de Monuc (Mission de l'ONU en RDC), devenue en 2010 Monusco (Mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC). Son effectif total est d'environ 17.000 personnes.

le Jeudi 31 Mars 2022 à 06:41 | Lu 229 fois