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Contenus numériques: l'effet de l'affaire Apple pourrait dépasser l'e-book


Contenus numériques: l'effet de l'affaire Apple pourrait dépasser l'e-book
WASHINGTON, 12 juillet 2013 (AFP) - La condamnation d'Apple cette semaine pour entente illégale sur le prix des livres électroniques pourrait aider à renforcer la concurrence pour toutes sortes de biens numériques, selon des experts.

David Balto, un avocat en droit de la concurrence et ancien responsable du gardien antitrust américain, la FTC, parle d'une "décision de référence".

"Les pratiques d'Apple ont clairement augmenté les prix, et si on le lui avait permis, Apple aurait utilisé cette formule pour relever les prix sur de nombreux marchés", explique-t-il. Pour ce juriste, "le consommateur est le grand vainqueur".

David Crane, un spécialiste de la concurrence à l'université du Michigan, juge aussi qu'Apple ne pourra plus désormais transformer le modèle d'activité pour d'autres types de contenus numériques.

"Que ce soit de la musique, des films, des journaux ou n'importe quoi d'autre, fondamentalement Apple veut être fortement impliqué dans (...) la façon de fixer les prix, la décision des dates de sortie, et ainsi de suite", dit-il.

Mais la décision de mercredi est "un précédent qui dit: Apple, fais très attention et débrouille-toi pour n'avoir que des négociations individuelles avec les fournisseurs de contenus", poursuit M. Crane.

La juge new-yorkaise Denise Cote a conclu mercredi que le groupe à la pomme était coupable car il avait "facilité et encouragé" un effort collectif des grandes maisons d'édition pour restreindre la concurrence par les prix pour les livres électroniques.

Apple compte faire appel. Il risque des sanctions financières et la mise en place d'un expert indépendant chargé de surveiller ses activités. Des actions en recours collectif de lecteurs s'estimant lésés ne sont pas non plus exclues.

La domination d'Amazon renforcée ?

Certains analystes notent que le jugement pourrait consolider encore la domination d'Amazon sur le marché des livres électroniques.

Le distributeur en ligne est crédité aujourd'hui des deux tiers de ce marché aux Etats-Unis, contre 90% avant l'arrivée d'Apple, qui s'adjuge quelque 20%.

Amazon utilise lui aussi désormais le modèle initié par Apple, où le revendeur touche une commission sur le prix de vente fixé par l'éditeur. Avant qu'Apple entre sur le marché en 2010, Amazon achetait les livres électroniques à un tarif de gros et choisissait le prix de détail à sa guise, le cas échéant à perte. C'est ainsi qu'il avait imposé la référence de 9,99 dollars pour de nombreux titres.

"Amazon aussi profite de prix plus élevés", commente Roger Kay, analyste chez Endpoint Technology Associates.

Mais aucun modèle ne s'est encore vraiment imposé sur le marché des livres et autres contenus électroniques, selon Michael Weinberg, vice-président du lobby spécialisé dans les questions numériques Public Knowledge.

"Les éditeurs essayent toujours de déterminer la façon d'évaluer le prix des biens numériques", estime-t-il.

M. Weinberg dit espérer que l'affaire Apple crée une prise de conscience de la manière dont le marché est freiné par des "verrous" comme les mécanismes de protection des droits qui empêchent souvent d'utiliser les contenus numériques achetés sur plusieurs appareils.

"Si vous aviez tous ces fichiers sur votre Kindle (la tablette vendue par Amazon NDLR) et pouviez les déplacer sur des appareils (d'autres marques), cela aiderait le marché à croître", fait-il valoir.

D'après l'association des éditeurs américains, les ventes de livres électroniques ont augmenté de 41% l'an dernier. Un chiffre impressionnant, mais bien inférieur à celui des années précédentes, y compris 2011 où elles avaient doublé.

rl/soe/sl/tj

Rédigé par Par Rob LEVER le Samedi 13 Juillet 2013 à 07:14 | Lu 492 fois