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Consensus à Tarahoi pour une politique de la famille


PAPEETE, 27 octobre 2016 - Le plan d’orientation stratégique pour la mise en œuvre d’une politique publique de la famille a été approuvé jeudi à l’assemblée par 41 voix en dépit de l’abstention du groupe Tahoera’a Huiraatira.

La délibération portant approbation du plan d’orientation stratégique pour une politique publique de la famille a été adoptée avec les voix du groupe majoritaire Rassemblement pour une majorité autonomiste (RMA) et le soutien des 10 élus du bloc souverainiste (UPLD). Les 16 élus du groupe Tahoera’a se sont abstenus. "Ce plan d’orientation stratégique ne servira qu’à nous donner bonne conscience" pense la représentante Tahoera’a Gilda Vaiho : "les promesses n’engagent que ceux qui y croient". Teura Iriti a souhaité insister sur les incertitudes qui demeurent encore quant aux moyens financiers et humains qui seront mis en œuvre par le Pays pour concrétiser ce plan : "Nous saluons l’analyse et le travail présenté par le comité de pilotage de la conférence de la famille pour nous ramener à la réalité", a-t-elle expliqué. "Mais nous attendons la suite. Notre abstention vise à inciter le gouvernement à aller jusqu’au bout et rendre possible ce qui est nécessaire". La présidente du groupe orange déplore que la branche Familles soit encore le parent pauvre du système de protection sociale généralisé (PSG) avec une augmentation de 2 milliards Fcfp de ses dépenses au cours des 20 dernières années, lorsque dans le même temps les dépenses des branches Maladie et Vieillesse ont bondi "de plus de 30 milliards Fcfp".

En constatant également le manque de clarté du "contour budgétaire de ce plan stratégique", le maire de Arue, philip Schyle, à l’instar de plusieurs tavana, a invité le gouvernement à "mutualiser les efforts" par le biais d’un travail en synergie avec les communes polynésiennes "qui ont déjà des actions à caractère social et économique en cours et la capacité de réglementer localement".

Comité de suivi et rapport annuel

Le plan stratégique adopté jeudi repose sur 130 préconisations. Regroupées au sein de sept objectifs, ces propositions d’action ciblent les différentes phases du cycle de la vie (jeunes couples, parents, jeunes scolarisés ou en recherche d'insertion, personnes âgées), avec le souci de donner aux familles l’environnement qui facilitera l’exercice de leurs responsabilités et leur épanouissement. "Dans les mois à venir ces actions seront déclinées en projets de délibérations et en arrêtés du gouvernement" a annoncé Edouard Fritch à l’issue des débats tout en pronostiquant "10 ans" pour une mise en application complète des 130 mesures suggérées par le plan stratégique. "Je n’ai pas la prétention de le faire pour passer aux élections de 2018. Il y a beaucoup de travail sur la planche et vraisemblablement beaucoup d’investissements à réaliser et des moyens humains à mettre en place". Mais il prévient, "il s’agira d’une politique globale de la famille (…) et pas seulement une politique de prestations et d’assistanat".

La réflexion à l’origine de ce plan stratégique pour la mise en œuvre d’une politique publique de la famille avait été conduite au sein d’un comité de pilotage mis en place dès janvier 2016 à l’invitation du président Fritch, suite à une série d’actes de violence qui avait choqué et endeuillé le pays quelques semaines auparavant. Après diverses agressions violentes à Papeete, le décès de Sandy Ellacott, 34 ans, battu à mort lors d’une violente altercation à Bora Bora, en septembre 2015, avait soulevé un ras-le-bol général dans la population et conduit à une marche blanche de protestation mobilisant plus de 5000 personnes.

Pendant plus de 3 mois, ce comité s’est réuni de manière hebdomadaire pour proposer des mesures opérationnelles et travailler sur leur mise en œuvre. Au final, ce sont 130 actions regroupées au sein de 7 objectifs qui ont été émis. Elles ont ensuite été soumises, le 7 avril 2016, à l’avis de techniciens et bénévoles reconnus pour leur expérience et leur implication dans les différents domaines touchant la vie des familles afin qu'elles amendent et valident les premières propositions d’actions du Comité de Pilotage. Cette consultation a permis au Comité de parfaire son plan d’actions, présenté au gouvernement le 27 avril dernier. Le document a été approuvé par le Conseil économique social et culturel le 26 juillet, puis en commission de la santé avant d’être présenté en séance plénière.

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Edouard Fritch a annoncé jeudi la mise en place d’un comité de suivi du plan d’orientation stratégique pour une politique publique de la famille qui sera chargé de surveiller la programmation pluriannuelle des actions et de présenter chaque année un rapport à la représentation polynésienne. "Il ne faut pas que ce document validé aujourd’hui ne soit qu’un relevé de vœux pieux", a-t-il expliqué. "Nous avons regroupé les mesures à mettre en œuvre pour sauver cette famille polynésienne ; mais il nous faut un suivi de l’action gouvernementale de façon à ce que les différents ministères puissent rendre compte, le moment venu devant l’assemblée, des actions menées".

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 27 Octobre 2016 à 14:52 | Lu 921 fois