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Camps de réfugiés: la Papouasie résilie le contrat d'une société australienne


Port Moresby, Papouasie-Nouvelle-Guinée | AFP | lundi 01/09/2019 - La Papouasie-Nouvelle-Guinée a pris lundi une mesure importante vers la fermeture des camps hébergeant les demandeurs d'asile refoulés par l'Australie en annonçant la résiliation du contrat passé avec la société australienne les gérant.

Le ministère papouasien de l'Immigration et des Frontières a annoncé qu'il mettait un terme au contrat passé avec le groupe Paladin Holdings, qui assure la sécurité et d'autres services dans les trois "centres de transition" pour migrants de l'île de Manus, située dans l'océan Pacifique, dans le nord de la Papouasie.
Le ministère a présenté cette décision comme "la plus importante mesure à ce stade pour mettre un terme aux centres de rétention de la province de Manus".
L'Australie mène depuis 2013 une politique très dure, critiquée par l'ONU, envers les migrants et réfugiés. Elle n'accepte aucun boat people sur son sol, même ceux qui remplissent les critères du droit d'asile. 
Les réfugiés qui ne sont pas directement refoulés en mer sont envoyés dans des camps sur des îles du Pacifique et de l'océan Indien avec interdiction de s'installer en Australie.
De 2013 à 2017, l'Australie a géré ces camps de rétention. Mais après l'arrêt de la Cour suprême papouasienne qui a jugé ces arrangements anticonstitutionnels, elle a dû remettre ceux de Manus aux autorités locales et transmettre leur gestion à Paladin.
Les autorités et des associations de défense ont fait état d'une hausse des tentatives de suicide à Manus après la victoire surprise en mai de la coalition conservatrice australienne à l'origine de cette politique. Et on ne compte plus le nombre de témoignages sur le désespoir de demandeurs d'asile privés de perspectives.
Le ministère papouasien a indiqué que les 64 migrants se trouvant toujours sur Manus seraient transférés à Port Moresby ou qu'on trouverait à les réinstaller dans un autre pays. 
Une entreprise papouasienne sera désignée pour succéder à Paladin et certaines des installations de Manus seront transformées en centres éducatifs.
De nombreux Papouasiens se sont plaints d'être depuis des années associés à une politique australienne largement condamnée à l'étranger, en dénonçant aussi le fait que la surveillance des camps confisque des ressources dont le pays a grand besoin ailleurs, comme des effectifs de police.
"Les habitants de Manus vont pouvoir reconstruire une identité qui ne soit plus associée à cela", a déclaré le ministre Petrus Thomas.
En avril, le contrôleur général australien Grant Hehir a ouvert une enquête sur les conditions dans lesquelles le contrat de l'île de Manus a été attribué à Paladin, une société peu connue, faiblement capitalisée, sans grande expérience dans son domaine et liée à un influent homme politique de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Peu après son arrivée à la tête du gouvernement papouasien en mai, James Marape avait annoncé son intention de revoir, ou alors de réviser ce contrat de 420 millions de dollars australiens (257 millions d'euros).

le Lundi 2 Septembre 2019 à 04:59 | Lu 728 fois