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Brexit: troisième jour de grève du zèle des douaniers, bientôt reçus par Darmanin


Calais, France | AFP | mercredi 06/03/2019 - Des heures d'attente, 3.000 poids-lourds à l'arrêt: les douaniers de Calais (Pas-de-Calais) et Dunkerque (Nord) poursuivaient mercredi, pour la troisième journée consécutive, leur grève du zèle pour des moyens supplémentaires en vue du Brexit, en attendant d'être reçus "en début de semaine" prochaine par leur ministre de tutelle Gérald Darmanin.

Depuis lundi, les agents des douanes effectuent des contrôles "plus poussés" et donc plus longs des camions, entraînant des kilomètres de files de poids lourds à destination de l'Angleterre, au tunnel sous la Manche et au port de Calais.
L'intersyndicale Unsa-CGT-CFDT réclame une revalorisation des heures de nuit et de la prime de risque, la prise en charge à 50% par l'Etat de la complémentaire santé et plus d'effectifs supplémentaires en vue du Brexit.
"La grève continuera jusqu'à ce qu'on obtienne satisfaction auprès du ministère, un certain nombre de revendications ont été posées, comme l'amélioration du pouvoir d'achat des douaniers, une augmentation d'effectifs et des moyens pour le Brexit parce que nous ne sommes absolument pas prêts", avait prévenu Vincent Thomazo, secrétaire général Unsa-Douanes.
Selon la direction, quelque 267 agents supplémentaires vont arriver dans les Hauts-de-France pour le Brexit.
Après une réunion entre intersyndicale et direction des douanes mardi à Lille, Bercy a finalement annoncé mercredi que le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin "recevrait les organisations syndicales des douanes en début de semaine prochaine".
Dans le même temps, la direction générale des douanes a donné l'instruction d'arrêter certains contrôles, notamment de lutte contre la fraude "sauf cas très précis", pour fluidifier le trafic.
"Compte tenu des files d'attente (...) on a donné instruction, très claire, de ne pas faire des contrôles qui sont non obligatoires. Les contrôles de lutte contre la fraude, à la différence des contrôles de sûreté, notamment au tunnel, ne sont pas obligatoires", a déclaré à l'AFP le directeur général des douanes, Rodolphe Gintz, pour qui ce mouvement n'a "strictement rien à voir" avec le Brexit.
"C'est une instruction ferme, que les agents doivent mettre en œuvre (...) Tout manquement aux instructions sera relevé", a-t-il prévenu, expliquant "adapter le taux de contrôle, le temps que le trafic se résorbe".
 

- "Tentatives d'intimidation" -

 
Des instructions considérées comme des "pressions et tentatives d'intimidation" et "dénoncées avec la plus grande fermeté" par l'Unsa-Douanes, appelant l'ensemble des douaniers à "entrer dans l'action".
Pascaline Boubet (Unsa-douanes), qui a renconté mercredi les douaniers du littoral, a affirmé ne pas avoir vu de "changement significatif dans leur manière de faire" par rapport à mardi.
"Ils suivent ces ordres, mais pas totalement", a-t-elle ajouté, assurant que le mouvement "vient de la base" et que l'intersyndicale ne peut pas "leur dire +on arrête+" le mouvement.
Selon elle, c'est "une grogne des douaniers" partout en France, qui "n'ont rien pour l'instant" de la part du gouvernement, accusé de mettre "de la mauvaise volonté."
En milieu de journée, environ 3.000 poids-lourds étaient en attente, soit sur les aires de stockage -sur l'A16 et l'A26 notamment- soit sur les autoroutes, créant entre autres 15 km de bouchons sur l'A16, selon la préfecture du Pas-de-Calais qui affirme que la situation est sensiblement la même que mardi.
Les autorités ont également mis en place des déviations obligatoires pour les poids-lourds de plus de 7,5 tonnes et certains routiers faisaient même demi-tour en direction de la Belgique, a constaté un photographe de l'AFP.
"J'ai été surpris par la grève et j'ai été piégé toute la journée sur l'autoroute", a témoigné auprès de l'AFP Rachid, routier marocain sur la zone de stockage du port, qui attend depuis mardi. "J'ai de la chance, ça s'est débloqué au cours de la nuit et les Français ont bien géré la fluidité des accès des camions en attente vers le port".
Les mesure prises par les autorités restent en vigueur jusqu'à jeudi 22h00.
Des agents de douane effectuaient également une grève de zèle à Paris, en gare du Nord, ce qui entraînait des retards pour les TGV Eurostar "pouvant aller jusqu'à une heure", selon Eurostar.

le Mercredi 6 Mars 2019 à 08:17 | Lu 283 fois