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Bons alimentaires : la demande a été multipliée par 3 depuis le début de la crise en 2007


Bons alimentaires : la demande a été multipliée par 3 depuis le début de la crise en 2007
Personne n’est mieux placé pour parler de l’explosion de la pauvreté en Polynésie que le service des affaires sociales, qui s’occupe des ressortissants du RSPF (le régime de solidarité de Polynésie française). Depuis 2007, ce service doit faire face à une hausse spectaculaire des demandes d’aide alimentaire : elles ont augmenté de plus de 300% en 3 ans. Les affaires sociales avaient agréé 2212 dossiers de demande d'aides en 2007. Ils y en a eu plus de 7 360 en 2010.

La première explication à cette explosion de la demande, c’est bien sûr l’augmentation du nombre de ressortissants du RSPF. 16 000 personnes ont rejoint ce régime depuis 2006. Le RSPF comptait 48 309 ressortissants en 2006 ; ils étaient presque 65 000 fin 2010… On y trouve d’anciens ressortissants du régime des salariés, désormais au chômage ( le nombre d’adhérents au RGS a diminué de 4000 depuis 2006). Mais aussi des jeunes, confrontés à un marché qui ne produit plus d’emploi, et qui s’inscrivent désormais directement au RSPF sans jamais avoir travaillé.




Des familles qui n'ont "absolument rien à manger"

La deuxième cause de cette explosion des besoins en aide alimentaire, c’est la dégradation continue de la situation financière des foyers déjà pauvres. Leurs revenus, souvent irréguliers, et issus d’activités telles que la pêche ou l’artisanat, ne cessent de baisser. « La précarité de ces familles s’est énormément accentuée » explique Jeannette Massinon, conseillère technique à la direction des affaires sociales. « Désormais, beaucoup de ces foyers n’ont pas d’autres revenus que les allocations familiales : 9 000 F par enfant . De plus en plus, nos agents sociaux nous rapportent le cas de familles dans une situation catastrophique, qui n’ont absolument rien à manger ». La détresse est particulièrement criante en zone urbaine, où n’existe pas, comme dans les îles, le recours à la pêche ou à l’agriculture.

Budget en baisse en 2012

L’aide alimentaire est donc l’unique recours de ces familles. Elle a coûté 144 millions au Pays en 2010, contre 41 millions en 2007. « Notre budget était seulement de 88 millions en 2010. Pour compléter, nous avons dû aller chercher l’argent sur d’autres lignes budgétaires », explique Jeannette Massinon. Aux affaires sociales, on ne délivre pas de « bons » à proprement parler, mais une aide au cas par cas, après une petite enquête qui permet d’évaluer les besoins de la famille.

Les produits « autorisés » sont de première nécessité : lait, volaille, eau… Pas de tabac, pas d’alcool. Afin d’aider ces familles à sortir de la précarité, les affaires sociales montent avec elles un « projet d’accompagement ». « On peut les aider à lancer une activité économique, en les aidant à acheter du matériel par exemple », détaille J. Massinon. « On les encourage aussi à s’inscrire au SEFI, même si on sait que c’est sans beaucoup d'espoir ».

Malgré l’augmentation des besoins, et la précarité grandissante de cette frange de la population, les affaires sociales ne seront pas épargnées par les restrictions financières imposées par le Pays à ses services. En 2012, le budget des affaires sociales devrait diminuer de 10%.

le Vendredi 12 Août 2011 à 14:14 | Lu 2182 fois