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Beuveries nocturnes à Outuaraea : les riverains tirent la sonnette d'alarme


Les riverains ne se sentent plus en sécurité chez eux.
Les riverains ne se sentent plus en sécurité chez eux.
FAA'A, le 23/11/2016 - "Faites quelque chose avant qu'il ne soit trop tard !" C'est l'appel de détresse du président de l'association "Hotuarea Nui" au Pays et à l’État, afin que des mesures soient prises pour stopper les nuisances sonores, la consommation d'alcool et de drogue sur le site d'Outuaraea, jusqu'au bassin qui se trouve un peu plus bas. Les résidents du quartier en ont marre et veulent être respectés. Ils demandent à ce que l'accès au site soit fermé et règlementé.

Bagarres, alcool, drogues, nuisances sonores, les résidents du quartier de Hotuarea à Faa'a sont fiu. "Avant, c'était à partir de vendredi soir jusqu'à dimanche soir. Et aujourd'hui, c'est de lundi à dimanche, c'est l'enfer pour les familles dans le quartier", s'écrie Yannick Tevaearai, président de l'association "Hotuarea Nui".

Le site d'Outuaraea, plus connu sous le nom du flamboyant fait office de "spot" pour plusieurs personnes, en soirée. "Des groupes se forment un peu partout, nous sommes le sport de "Langlois 2", si on peut le dire. Si vous vous rappelez à Fare Ute à l'époque, c'était la même chose. Mais maintenant, ils ont limité l'accès. Et c'est ce que nous demandons aussi chez nous. Dans la journée, on laissera les gens venir et le soir, on ferme", raconte Yannick Tevaearai.

"La plupart ne vient pas de notre quartier. Ceux du quartier ne sont pas comme cela, ils sont plutôt accueillants. Bon, après il y a l'alcool qui joue", réplique Léna, 19 ans, future maman.

Même les enfants du quartier ne peuvent même plus profiter tranquillement de leur bassin. "Les personnes bourrées arrivent et les chassent", décrit Léna. "Après, il y a des gens de dehors qui viennent aussi et qui foutent le bordel par ici. Ils viennent avec leurs appareils de musique et ils laissent leurs bouteilles vides à la source. Surtout que j'attends un enfant et je ne sais pas si ce sera comme ça quand il sera là. Du coup, ça me fait peur", poursuit-elle.

LES PERSONNES ÂGÉES SONT IMPACTÉES

Plusieurs personnes âgées vivent en bas du site d'Outuaraea. Parmi elles, on retrouve Marie, 59 ans. Grand-mère d'un petit garçon de 4 ans, Marie ne supporte pas les boom boom. "J'aime la musique, mais quand c'est trop fort, ce n'est pas bon et vu que je n'entends pas d'une oreille donc ça me fait mal à la tête, et je suis obligée de vite prendre mes médicaments pour calmer la douleur. J'ai souvent été hospitalisée à cause du bruit. Avant c'était tous les week-ends, mais ça s'est calmé aujourd'hui. Quand j'entends tous ces bruits, j'ai mal dans la tête et les médicaments que je prends pour dormir ne sont pas efficaces. Si je ne dors pas pendant une ou deux nuits, ce n'est pas bon et je me retrouve à l'hôpital", explique-t-elle.

Marie se rappelle aussi d'une bagarre qui s'est déroulée juste au-dessus de chez elle. "Une femme et des hommes disaient des gros mots et je n'aime pas ça. Je n'ai pas envie que mon petit-fils entende ces choses-là. Il n'a que 4 ans et demi, et les enfants de cet âge retiennent vite les mauvaises choses."

Depuis quelques mois, des agressions surgissent. "Le mois dernier, un jeune de 12 ans du quartier a été agressé et on recherche toujours l'auteur des coups", explique Yannick Tevaearai. "C'est devenu un réel problème pour nous. C'est comme si, nous sommes pris au piège. Les gens viennent boire comme ils veulent. Ils chassent nos enfants quand ils sont dans le bassin, ils fument leur paka devant nos enfants. Il est où le respect ? Ce sont des jeunes et des adultes qui font ça."

"On ne se sent plus chez nous quand ils sont là. Ils trainent leurs bouteilles vides un peu partout, alors qu'il y a des poubelles sur place. Tous les matins et les soirs, une maman nettoie le site, donc il n'y a plus de respect", rajoute-t-il.

Des jeunes du quartier de Hotuarea commencent aussi à en avoir marre. "J'essaye de calmer les esprits et je demande à nos jeunes de ne pas s'énerver et que je ferai de mon mieux pour que tout s'arrête. Certains ont commencé à sortir leur fusil harpon, pour vous dire à quel stade nous en sommes arrivés. Si le Pays et l’État ne font rien, ce n'est pas la peine de venir après voir les associations si un drame se produit. Donc, au lieu que nos jeunes aillent à Nuutania, il faudrait que les autorités fassent quelque chose", déplore le président de l'association "Hotuarea Nui".

Des propos confirmés par Luc, un habitant du quartier : "les enfants de ma femme n'aiment pas ce qui se passe, donc nous faisons en sorte de les calmer pour éviter que ça éclate et si ça ne se calme pas, on appelle la police municipale. Surtout, qu'ils viennent à des heures pas possibles. Sinon, il y a aussi des personnes qui viennent faire des drifts aussi, c'est vraiment insupportable."

Élu aussi au sein du conseil municipal, Yannick Tevaearai a "soulevé ce problème à l'équipe municipale, mais il n'y a rien encore de concret. Le maire nous dit qu'on va essayer de faire quelque chose. Bon un arrêté municipal a été pris dans ce sens, mais je veux qu'on ferme l'accès".

La balle est aujourd'hui entre les mains des autorités du Pays et de l’État.


Tous les soirs de la semaine, des personnes consomment de l'alcool sur le site.
Tous les soirs de la semaine, des personnes consomment de l'alcool sur le site.

: Les familles de Hotuarea ne peuvent plus profiter tranquillement de la source, le week-end.
: Les familles de Hotuarea ne peuvent plus profiter tranquillement de la source, le week-end.

: Léna, future maman craint pour l'avenir de son enfant.
: Léna, future maman craint pour l'avenir de son enfant.

Un portail a dû être installé pour stopper les allées et venues.
Un portail a dû être installé pour stopper les allées et venues.

"Une femme et des hommes disaient des gros mots et je n'aime pas ça. Je n'ai pas envie que mon petit-fils entende ces choses-là", raconte Marie, 59 ans.
"Une femme et des hommes disaient des gros mots et je n'aime pas ça. Je n'ai pas envie que mon petit-fils entende ces choses-là", raconte Marie, 59 ans.

le Mercredi 23 Novembre 2016 à 13:27 | Lu 3169 fois