Tahiti Infos

Assises : le pédophile viole son jeune codétenu, 30 ans de prison (Màj)


"C'est moi qui l'ai forcé, il n'était pas d'accord", a reconnu l'accusé cet après-midi depuis le box.
"C'est moi qui l'ai forcé, il n'était pas d'accord", a reconnu l'accusé cet après-midi depuis le box.
PAPEETE, le 6 septembre 2016 - La troisième session de la cour d'assises de la Polynésie française s'est ouverte ce mardi avec un dossier de violences sexuelles sur un détenu à la maison d'arrêt de Nuutania. L'avocat général a requis 30 ans de réclusion criminelle contre l'accusé, un pédophile multi-récidiviste écroué dans la même cellule. Les jurés viennent de rendre leur décision et ils ont suivi l'avis du ministère public.

L'accusé, 50 ans, prédateur sexuel patenté, récidiviste, avait satisfait ses pulsions sur un jeune co-détenu à la dérive âgé d'à peine 20 ans. Ce dernier était lui-même écroué à Nuutania, à l'époque, dans le cadre d'une condamnation par les assises dans une affaire de prostitution de mineurs au sein d'un foyer de Papeete accueillant des jeunes défavorisés.

Les faits s'étaient produits en août 2014. Un surveillant avait recueilli les confidences de la victime peu de temps après le viol, que son agresseur avait reconnu sans difficulté. Profitant de l'absence des deux autres co-détenus, à l'heure de la promenade, le quinquagénaire avait tiré la victime de son lit pour abuser d'elle. Condamné pour la première fois à 3 ans de prison ferme en 2000 pour des agressions sexuelles sur mineurs, l'accusé avait écopé trois ans plus tard, en 2003, de 15 ans de réclusion criminelle pour des viols en série commis sur une dizaine d'enfants âgés de 4 à 14 ans. Parti purger sa peine en métropole, ce Polynésien originaire de Taha'a avait réintégré la maison d'arrêt de Nuutania en 2013 pour préparer sa sortie et son suivi socio-judiciaire. Suivi qu'il n'avait pas respecté et qui lui avait valu un retour en prison début 2014, où il croisera la route de sa nouvelle victime.

La prison, son univers

L'avocat général a requis 30 ans de réclusion criminelle contre ce quinquagénaire en état de récidive légale et dont les experts estiment que "la déviance sexuelle est toujours active" malgré les années de prison, "ses penchants pédophiles ont une origine profonde remontant à l'enfance". Les jurés ont suivi ces réquisitions.

"Tous ces problèmes, c'est parce que j'ai moi-même été violé dans mon enfance et mes parents ne m'ont jamais pris au sérieux" confie l'accusé qui reconnait depuis le box avoir "forcé" son co-détenu, "il n'était pas d'accord". Sans famille ni point de chute en Polynésie française, rejeté par tous depuis son plus jeune âge, sans ressources ni même un bout de terrain depuis le décès de ses parents adoptifs, l'accusé "s'est clochardisé et errait à Papeete quand il a été interpellé en 2014, près du parc Paofai où se retrouvent beaucoup de jeunes", relève la présidente de la cour.

Une impression étrange se dégage. Comme si l'intéressé, livré à lui-même et conscient de ses pulsions, avait finalement tout mis en oeuvre pour se faire condamner à nouveau et s'assurer un avenir en prison. "Il n'a aucun désir de quitter l'univers qui lui est le plus familier, et c'est l'univers carcéral" fera remarquer à ce titre le directeur d'enquête, interrogé par la présidente. "Il nous a dit que s'il était à nouveau condamné, il demanderait à retourner en prison en métropole. C'est la première fois que j'entendais ça, quelqu'un qui veut à ce point rester en prison pour être pris en charge".

Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 6 Septembre 2016 à 17:25 | Lu 6644 fois