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2e Guerre mondiale: 200 universitaires pressent M. Abe de réiterer les "regrets" du Japon


Tokyo, Japon | AFP | lundi 08/06/2015. Près de 200 universitaires japonais ont pressé lundi le Premier ministre japonais Shinzo Abe de réitérer "les regrets et les excuses" du Japon pour son passé militariste et colonialiste en Asie.

Cette pétition, la troisième du genre depuis le début du mois de mai, est publiée au moment où M. Abe, un nationaliste convaincu, s'apprête à marquer le 70e anniversaire de la défaite du Japon, le 15 août prochain, par une déclaration officielle qui sera examinée à la loupe dans la région.

La déclaration du Premier ministre "doit réaffirmer que les invasions et la domination coloniale ont causé du mal et des souffrances aux pays voisins, dont la Chine et la Corée, et réitérer les regrets et les excuses" de précédents dirigeants nippons, plaident les pétitionnaires.

Leur appel est signé par près de 200 professeurs, dont des spécialistes de l'histoire contemporaine de la région, ainsi que par des juristes, des journalistes et des défenseurs des droits de l'Homme.

Ces derniers exhortent également le gouvernement Abe à reconnaître la responsabilité du Japon dans l'exploitation des "femmes de réconfort", quelque 200.000 Asiatiques enrôlées dans les bordels de l'armée impériale nippone.

Ils demandent à ce que le gouvernement de Tokyo dédommage officiellement les survivantes de cet esclavage sexuel, en majorité coréennes.

"Le moment est venu de régler lla question des +femmes de réconfort+, source de tensions entre le Japon et la Corée du Sud", estime un des signataires, Haruki Wada, historien et professeur émérite de l'université de Tokyo.

"Nous espérons que le Premier ministre Abe tiendra compte de nos voix dans sa déclaration"
, a déclaré M. Wada à l'AFP.

Accusé par ses critiques de révisionnisme historique, Shinzo Abe s'est engagé à ne pas revenir sur les excuses exprimées par certains de ses prédécesseurs, tout en laissant entendre qu'il ne voyait pas la nécessité de les "réécrire".

Il s'est borné pour l'instant - comme récemment devant le Congrès américain - à faire état des "profonds remords" du Japon, mais sans prononcer viva voce les "excuses sincères" attendues par les Chinois et les Coréens.

Un de ses prédécesseurs, Tomiichi Murayama, un socialiste, avait accompli un geste historique en 1995 en formulant pour la première fois des excuses explicites, au nom du gouvernement nippon, pour les crimes commis par le Japon en Asie avant 1945.

M. Murayama avait notamment reconnu que "la domination coloniale et l'agression" du Japon avaient provoqué de "terribles souffrances" aux pays voisins, dont la Chine et les deux Corées.

Rédigé par AFP le Lundi 8 Juin 2015 à 04:24 | Lu 496 fois