Tahiti, le 24 septembre 2024 - À Tarahoi, le climat s'est réchauffé lors de la deuxième séance de la session budgétaire, où Nuihau Laurey, représentant d'Ahip, a interrogé sur l’avenir d’Air Moana, la compagnie aérienne en grande difficulté financière. Entre promesses de renflouement et passes d’armes entre l’actuel et l’ancien président du Pays, le sort de la société se joue au gré des déclarations de chacun, laissant planer un parfum d'incertitude pour les plus de 200 salariés d'Air Moana.
À Tarahoi, ce mardi, la deuxième séance de la session budgétaire s’est ouverte avec le traditionnel défilé de questions orales des élus au gouvernement, qui avaient rassemblé le président et la plupart des ministres, sans doute pour faire bonne figure. Nuihau Laurey, représentant d’Ahip, a saisi l’occasion pour interroger le Pays sur la stratégie qu'il compte déployer afin de sauver Air Moana, actuellement en pleine tourmente financière, mais qui, rappelons-le, a eu le mérite d’instaurer une concurrence salutaire dans le secteur aérien.
Air Moana, en effet, nage dans des eaux troubles, affichant une perte de deux milliards de francs en 2023 selon nos informations. La compagnie, qui emploie plus de 200 personnes, se trouve dans l’urgence de réunir la coquette somme de quatre milliards de francs. Pour couronner le tout, elle attend toujours la deuxième tranche de 250 millions de la Sofidep (Société de financement du développement de la Polynésie française), la boîte à outils du gouvernement pour dynamiser l’économie locale. Cette société, bras armé du Pays, se veut le soutien des projets d’investissement, à l’image de son engagement avec Air Moana, en injectant de l’argent pour faire décoller la compagnie aérienne.
Un sauvetage sous conditions
Cependant, il semblerait qu’Air Moana n’ait pas rempli toutes les conditions pour obtenir ce précieux versement, comme l’a souligné Moetai Brotherson. En prime, le président du Pays a réaffirmé sa volonté de renflouer Air Moana, par le biais de la Sofidep, à hauteur d’un milliard de francs d'argent public. Un vent de renouveau pour les investisseurs, à condition que la compagnie parvienne à dénicher les trois milliards restants. Les investisseurs, eux, auraient déjà débloqué 500 millions, mais il reste encore 2,5 milliards à trouver. Un détail, bien sûr. “Nous sommes en attente du retour d’Air Moana sur ces conditions”, a confirmé Moetai Brotherson, qui n’a jamais caché son soutien à la compagnie, engagée dans une “guerre” avec Air Tahiti sur les prix des billets, malgré une trésorerie famélique. “Je pense que le modèle est pérenne, s'il n'y a pas de destruction de valeur. Malheureusement, ce n'est pas le cas”, a-t-il déploré, évoquant devant les élus la possibilité de revoir la délégation de service public accordée à Air Tahiti pour les lignes déficitaires, ainsi que le schéma de la desserte aérienne en général.
Passe d'armes entre Brotherson et Fritch
Cette séance de questions orales a également donné lieu à une passe d’armes savoureuse entre l’actuel et l’ancien président du Pays. Moetai Brotherson a jeté le pavé dans la mare en pointant du doigt la responsabilité du gouvernement dans la situation financière d’Air Moana. Il a rappelé que le précédent gouvernement était à l'initiative de supprimer la défiscalisation locale pour les acquisitions d’ATR, une défiscalisation rétablie en août 2023 par le nouveau gouvernement. Des accusations qui ont fait bondir Édouard Fritch, qui n’a pas hésité à traiter Moetai Brotherson de “menteur”. En marge de la séance, il s’est épanché auprès de la presse : “Il exagère ! C'est nous qui avons autorisé Air Moana. Maintenant, on dirait que c’est le Tapura qui veut voir cette société sombrer. Mais qu’est-ce qu’on nous reproche ? D’avoir respecté les critères de la convention ? Car j’ai toujours refusé de rentrer dans la société. Pourquoi entrer alors qu’on est en concurrence avec Air Tahiti ? C’est injuste, et presque illégal. On me reproche de n’avoir pas défiscalisé les avions d’Air Moana, mais rappelez-vous, leur dossier n’était pas complet ; il y avait un souci de complétude !”, a fulminé le leader de l’opposition, qui soupçonne la bonne volonté du Pays d’être une simple façade, et doute que la proposition du gouvernement inspire confiance aux investisseurs. “Le Pays exige que la société dégage trois milliards, mais si elle en demande un, c’est qu’elle ne peut pas le faire.”
De son côté, Moetai Brotherson a riposté avec une pique bien sentie : “Se faire traiter de menteur par Édouard Fritch, c’est une médaille en fait, lui qui a avoué avoir menti pendant 30 ans.” Ambiance, donc, sur un dossier sensible où plus de 200 emplois sont en jeu.
À Tarahoi, ce mardi, la deuxième séance de la session budgétaire s’est ouverte avec le traditionnel défilé de questions orales des élus au gouvernement, qui avaient rassemblé le président et la plupart des ministres, sans doute pour faire bonne figure. Nuihau Laurey, représentant d’Ahip, a saisi l’occasion pour interroger le Pays sur la stratégie qu'il compte déployer afin de sauver Air Moana, actuellement en pleine tourmente financière, mais qui, rappelons-le, a eu le mérite d’instaurer une concurrence salutaire dans le secteur aérien.
Air Moana, en effet, nage dans des eaux troubles, affichant une perte de deux milliards de francs en 2023 selon nos informations. La compagnie, qui emploie plus de 200 personnes, se trouve dans l’urgence de réunir la coquette somme de quatre milliards de francs. Pour couronner le tout, elle attend toujours la deuxième tranche de 250 millions de la Sofidep (Société de financement du développement de la Polynésie française), la boîte à outils du gouvernement pour dynamiser l’économie locale. Cette société, bras armé du Pays, se veut le soutien des projets d’investissement, à l’image de son engagement avec Air Moana, en injectant de l’argent pour faire décoller la compagnie aérienne.
Un sauvetage sous conditions
Cependant, il semblerait qu’Air Moana n’ait pas rempli toutes les conditions pour obtenir ce précieux versement, comme l’a souligné Moetai Brotherson. En prime, le président du Pays a réaffirmé sa volonté de renflouer Air Moana, par le biais de la Sofidep, à hauteur d’un milliard de francs d'argent public. Un vent de renouveau pour les investisseurs, à condition que la compagnie parvienne à dénicher les trois milliards restants. Les investisseurs, eux, auraient déjà débloqué 500 millions, mais il reste encore 2,5 milliards à trouver. Un détail, bien sûr. “Nous sommes en attente du retour d’Air Moana sur ces conditions”, a confirmé Moetai Brotherson, qui n’a jamais caché son soutien à la compagnie, engagée dans une “guerre” avec Air Tahiti sur les prix des billets, malgré une trésorerie famélique. “Je pense que le modèle est pérenne, s'il n'y a pas de destruction de valeur. Malheureusement, ce n'est pas le cas”, a-t-il déploré, évoquant devant les élus la possibilité de revoir la délégation de service public accordée à Air Tahiti pour les lignes déficitaires, ainsi que le schéma de la desserte aérienne en général.
Passe d'armes entre Brotherson et Fritch
Cette séance de questions orales a également donné lieu à une passe d’armes savoureuse entre l’actuel et l’ancien président du Pays. Moetai Brotherson a jeté le pavé dans la mare en pointant du doigt la responsabilité du gouvernement dans la situation financière d’Air Moana. Il a rappelé que le précédent gouvernement était à l'initiative de supprimer la défiscalisation locale pour les acquisitions d’ATR, une défiscalisation rétablie en août 2023 par le nouveau gouvernement. Des accusations qui ont fait bondir Édouard Fritch, qui n’a pas hésité à traiter Moetai Brotherson de “menteur”. En marge de la séance, il s’est épanché auprès de la presse : “Il exagère ! C'est nous qui avons autorisé Air Moana. Maintenant, on dirait que c’est le Tapura qui veut voir cette société sombrer. Mais qu’est-ce qu’on nous reproche ? D’avoir respecté les critères de la convention ? Car j’ai toujours refusé de rentrer dans la société. Pourquoi entrer alors qu’on est en concurrence avec Air Tahiti ? C’est injuste, et presque illégal. On me reproche de n’avoir pas défiscalisé les avions d’Air Moana, mais rappelez-vous, leur dossier n’était pas complet ; il y avait un souci de complétude !”, a fulminé le leader de l’opposition, qui soupçonne la bonne volonté du Pays d’être une simple façade, et doute que la proposition du gouvernement inspire confiance aux investisseurs. “Le Pays exige que la société dégage trois milliards, mais si elle en demande un, c’est qu’elle ne peut pas le faire.”
De son côté, Moetai Brotherson a riposté avec une pique bien sentie : “Se faire traiter de menteur par Édouard Fritch, c’est une médaille en fait, lui qui a avoué avoir menti pendant 30 ans.” Ambiance, donc, sur un dossier sensible où plus de 200 emplois sont en jeu.