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​Mystérieuses raies mantas de Polynésie


Bora Bora, le 18 mai 2023 - Dans le cadre du projet Bora-Biodiv, mis en place par le Criobe, Alice Carpentier, biologiste marin, s’est déplacée à Vaitape pour apporter des éclairages sur les raies mantas, des animaux emblématiques protégés par le code de l'environnement de Polynésie française.
 
La conférence intitulée “Mystérieuses raies mantas de Polynésie”, programmée par le Criobe à Bora Bora début mai a permis aux habitants de la Perle du Pacifique d’en savoir davantage sur cet animal emblématique de Polynésie, souvent considéré comme tāura dans les familles (animaux totémiques protecteurs), mais aussi source de revenus pour les professionnels du tourisme.
 
Alice Carpentier, tout d’abord spécialiste dans l’étude des tortues marines lorsqu’elle faisait son apprentissage en Australie, s’est passionnée pour les raies mantas à son arrivée en Polynésie, voilà maintenant huit ans. “Cette espèce est en voie de disparition. J’ai donc trouvé nécessaire, avec l’appui et le soutien financier de la Direction de l’environnement, de faire des recherches sur cet animal”, précise-t-elle. C’est en devenant bénévole pour l’observatoire des requins de Polynésie, en partenariat avec l’association Manta Trust (association mondiale de protection des raies mantas), qu’elle a recueilli des informations sur les raies, avec notamment des photographies de leur ventre, véritable carte d’identité de ces animaux puisque les tâches situées sur cette partie du corps sont uniques à chaque spécimen. Depuis un an et demi, elle réalise un suivi de ces raies à Bora Bora, mais également sur l’ensemble du fenua. Une étude qu’elle a synthétisée en une heure trente lors de cette conférence donnée à Vaitape. Alice effectue des rapports réguliers à la Direction de l’environnement qui autorise et finance ce programme de recherche.

Entre admiration, respect et menace d’extinction

Deux espèces de raies manta existent sur la planète : océaniques (mobula birostris) et récifales (mobula alfredi). “Les raies océaniques sont en véritable danger d’extinction”, insiste Alice. Il faut aller sur le site de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour en savoir davantage. L’Homme est en grande partie responsable de ce triste sort car elles n’ont pas de grands prédateurs mis à part, de manière épisodique, le requin tigre, l’orque et le requin marteau. Alice explique : “Protégées par le code de l'environnement de Polynésie française, les raies mantas sont néanmoins blessées par l’homme : une sur trois.” De plus, lorsqu’elles meurent, les raies coulent. Il est donc difficile de les comptabiliser.
Elles peuvent atteindre près de 7 mètres et sont de couleurs variées : noires, parfois roses (Grande Barrière de corail), ou encore albinos. Dans le lagon de Bora Bora, il existe trois sites où l’on peut observer les raies de récif : Toopua (près de l’hôtel Conrad), à la pointe Feufeu et à Anau. Il est, a priori, interdit de plonger en apnée pour aller à leur rencontre. Elles se réunissent dans ces endroits pour s’alimenter mais également pour profiter d’une séance de nettoyage.

Alimentation, sociabilité et reproduction

Les raies adultes peuvent engloutir 6 kg de plancton par jour. Elles mangent en groupe, sans compétition. Elles se déplacent ensemble, dans le même sens afin de créer un courant et ainsi synchroniser leurs gestes pour s’alimenter. En dehors du lagon, elles peuvent descendre jusqu’à 200 mètres pour se nourrir. La dimension sociale est très importante chez les mantas. Elles sont souvent en groupe et semblent communiquer à l’aide de leurs nageoires. Quant à la partie reproduction, “c’est la femelle qui décide quel mâle va pouvoir s’accoupler avec elle”, précise Alice. “Ils peuvent être une trentaine à être prétendants autour d’une seule femelle.” Elles se reproduisent tous les 2 à 7 ans avec une période de gestation variant entre 12 et 14 mois, pour un seul bébé la plupart du temps.

Rédigé par Laurent Jindra Nij le Vendredi 19 Mai 2023 à 08:16 | Lu 3516 fois