Tahiti, le 20 janvier 2025 – À chaque saison des pluies, les maraîchers voient une partie de leur travail emportée par les eaux. Certains d’entre eux ont décidé de ne plus subir les aléas météorologiques en misant sur la construction de serres pour protéger les cultures les plus fragiles et assurer une continuité de production.
Si le soleil est de retour, les intempéries de ces dernières semaines n’ont pas été sans conséquences sur les exploitations agricoles, entre les rafales de vent et les fortes pluies. Plus fragiles, les légumes maraîchers sont systématiquement les plus touchés. “Vu qu’on plante en plein champ, dès qu’il pleut trop, on a des dégâts sur les concombres, les courgettes, les tomates, les salades, les potas, etc. Les racines pourrissent, donc on est obligé de tout replanter”, explique Vateti Tevaearai, responsable d’exploitation affairée à la mise en place de son stand de vente en direct à Taravao.
Si le soleil est de retour, les intempéries de ces dernières semaines n’ont pas été sans conséquences sur les exploitations agricoles, entre les rafales de vent et les fortes pluies. Plus fragiles, les légumes maraîchers sont systématiquement les plus touchés. “Vu qu’on plante en plein champ, dès qu’il pleut trop, on a des dégâts sur les concombres, les courgettes, les tomates, les salades, les potas, etc. Les racines pourrissent, donc on est obligé de tout replanter”, explique Vateti Tevaearai, responsable d’exploitation affairée à la mise en place de son stand de vente en direct à Taravao.
Autour de 60 % de pertes
Au-delà des constats, certains agriculteurs ont décidé d’agir. Sur le plateau de Afaahiti, Nelson Van Kam a pris le parti d’installer des serres pour protéger ses cultures. Une première structure est en cours de construction sur l’une de ses nombreuses parcelles, qui s’étendent à perte de vue. “On subit des intempéries tous les ans, donc on veut essayer de changer notre système de production. C’est une solution : si on veut atteindre l’autonomie alimentaire, on doit progresser”, souligne l’exploitant, qui chiffre ses pertes autour de 65% à chaque épisode pluvieux trop intense.
Pour aller de l’avant, Nelson Van Kam expérimente sur fonds propres. “Ce test de 500 m2 nous revient à 2 millions de francs. Si on trouve la serre adaptée, on devrait pouvoir gagner du temps et avoir de meilleurs rendements. Je le fais parce que c’est une obligation : je dois résoudre ce problème”, confie-t-il, estimant qu’il faudra plusieurs cycles de culture avant de valider son prototype. L’agriculteur chevronné interpelle également les pouvoirs publics en faveur d’un accompagnement technique ou financier spécifique pour dépasser ces difficultés récurrentes liées aux aléas climatiques.
Des essais sur-mesure
Un peu plus haut, sur la route traversière, la Ferme HP s’est dotée de ses premières serres en début d’année dernière, pour les mêmes raisons. “Tous les ans, on rencontre le même problème : trop de pluie, des pertes de production et l’impossibilité de fournir des légumes. À chaque fois, on perd autour de 60 %. Et si certains plants survivent, ils ont du mal à repartir : la terre a été lessivée de ses nutriments et les légumes ne sont pas vendables”, déplore Ittaï Yan.
Le jeune agriculteur bio dispose aujourd’hui de trois serres. “J’ai commencé par une serre pour un essai de maraîchage. Les tomates, salades et potas poussent beaucoup mieux sous serre, donc j’ai recommandé deux serres plus grandes pour faire de nouveaux essais avant de me lancer vraiment”, poursuit-il avec prudence, d’autant qu’il investit lui aussi sur fonds propres, à raison de 600.000 francs par serre importée. Des aides existent, mais la procédure serait “trop longue”. Ses tests lui ont déjà permis de déterminer qu’il fallait abaisser la hauteur des serres, son terrain étant exposé au vent. Par ailleurs, seul le sommet de la serre est bâché, les côtés accueillant des productions verticales, comme les haricots longs ; une façon d’optimiser l’espace tout en ajoutant une barrière naturelle à la pluie.
“Sans les serres, on aurait fermé”
Les serres, Verdeen et Agrifarm en ont fait leur spécialité sur le plateau de Taravao. C’est aussi le choix qu’a fait Thierry Lison depuis 2017, à Raiatea. Financés sur fonds propres et avec des aides territoriales, ses 7.000 m2 de serres couvrent la moitié de son exploitation maraîchère de Tevaitoa “pour minimiser les risques”.
Il y cultive aujourd’hui une dizaine de variétés de légumes, plus sereinement. “Économiquement, sans les serres, on aurait fermé depuis longtemps. Ça n’aurait pas été viable. Il peut quand même y avoir des problèmes d’humidité, mais étant donné que tous les plants ne sont pas atteints, on peut y remédier. On a calculé : c’est un investissement qu’on a rentabilisé en trois ans”, remarque l’agriculteur bio, sans répercussion sur ses prix de vente. Si cette stratégie s’est avérée payante, Thierry Lison déplore toutefois l’absence d’indemnisation face aux aléas de la filière agricole.

“C’est une obligation : je dois résoudre ce problème”, confie Nelson Van Kam, qui a lancé la construction d’une première serre.
Les conseils de la CAPL
Chaque mois, la Chambre de l’agriculture et de la pêche lagonaire (CAPL) a la lourde tâche d’établir les prévisions de récoltes pour équilibrer les quotas d’importation, avec la possibilité de mettre à jour ces chiffres en cas d’intempéries. En ce mois de janvier marqué par des vigilances météorologiques en série, “il y a eu des dégâts sur le maraîchage, et aussi une baisse de production au niveau des pastèques aux îles Sous-le-Vent”, confirme Yann Buchon, responsable du service accompagnement et développement.
Si les risques liés à la saison des pluies sont connus des agriculteurs, certains prennent le parti de planter plus, mais ce n’est pas toujours suffisant pour pallier les pertes. “Durant cette période, on recommande d’augmenter la part de produits vivriers, qui supportent beaucoup mieux les conditions climatiques défavorables. Il existe aussi des traitements préventifs contre les maladies fongiques. Et il y a la possibilité de s’équiper de tunnels, de serres ou d’abris pour cultiver les légumes et aromates les plus fragiles, mais ce sont des équipements très onéreux qui ne sont pas accessibles à tous les agriculteurs”, précise le référent. L’aide de type 2 de la Direction de l’Agriculture (DAG) peut être sollicitée pour des “travaux et matériaux pour construction d’abris et structures servant à la production”, selon le guide du dispositif des aides à la filière agricole.
Si les risques liés à la saison des pluies sont connus des agriculteurs, certains prennent le parti de planter plus, mais ce n’est pas toujours suffisant pour pallier les pertes. “Durant cette période, on recommande d’augmenter la part de produits vivriers, qui supportent beaucoup mieux les conditions climatiques défavorables. Il existe aussi des traitements préventifs contre les maladies fongiques. Et il y a la possibilité de s’équiper de tunnels, de serres ou d’abris pour cultiver les légumes et aromates les plus fragiles, mais ce sont des équipements très onéreux qui ne sont pas accessibles à tous les agriculteurs”, précise le référent. L’aide de type 2 de la Direction de l’Agriculture (DAG) peut être sollicitée pour des “travaux et matériaux pour construction d’abris et structures servant à la production”, selon le guide du dispositif des aides à la filière agricole.