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Violences contre la police : mandat d'arrêt requis contre Athanase Teiri, le "roi" Pakumotu (Màj)


Athanase Teiri, "roi" auto-proclamé des Pakumotu, a refusé de se rendre à l'audience du tribunal de ce jeudi malgré sa convocation. 4 ans ferme avec mandat d'arrêt ont été requis contre lui cet après-midi pour constitution d'un groupe armé et émission de monnaie n'ayant pas cours.
Athanase Teiri, "roi" auto-proclamé des Pakumotu, a refusé de se rendre à l'audience du tribunal de ce jeudi malgré sa convocation. 4 ans ferme avec mandat d'arrêt ont été requis contre lui cet après-midi pour constitution d'un groupe armé et émission de monnaie n'ayant pas cours.
PAPEETE, le 27 octobre 2016 - Athanase Teiri et cinq membres de l'Etat-major de son royaume fantoche sont jugés ce jeudi après-midi devant le tribunal correctionnel pour avoir mis en joue avec des armes chargées les policiers venus l'interpeller. C'était en janvier 2014 à son domicile de la Mission à Papeete. Le parquet vient de prendre de lourdes réquisitions, le jugement été mis en délibéré au mois de janvier prochain.


Des peines de 3 à 4 ans de prison ferme avec mandat de dépôt pour tout le monde, et mandat d'arrêt pour les trois absents à l'audience dont le "roi" Athanase Teiri, viennent d'être requises par le parquet contre six membres éminents, s'il en est, du royaume autoproclamé Pakumotu.

Les six hommes étaient renvoyés ce jeudi devant le tribunal correctionnel pour l'accueil très musclé réservé aux policiers venus interpeller le 29 janvier 2014 chez lui, quartier de la Mission à Papeete, Athanase Teiri, dans le cadre d'une enquête ouverte pour émission et mise en circulation de fausse monnaie, les fameux billets Patu.

Un père et son fils, Ismaël et Auguste Punu, gardes du corps désignés, avaient accueilli les fonctionnaires de police armes chargées à la main. Le premier les avait mis en joue avec une carabine Remington chargée, la balle était restée coincée dans la chambre. Le second avait dû être désarmé de son pistolet 22 long-rifle à coups de matraque et après usage du pistolet Flash-ball, dont l'utilisation est rarissime en Polynésie française.
Un coup de feu était alors parti en l'air. L'enquête avait initialement été ouverte sur des faits présumés de tentative de meurtre contre les policiers. L'intention d'attenter à la vie des policiers a finalement été écartée par l'enquête et les poursuites requalifiées en violences volontaires aggravées contre les fonctionnaires en service. 4 ans ferme avec mandat de dépôt ont été requis contre le père et son fils, présents, eux, à l'audience.

Quand le folklore ne fait plus rire

Les représentants du royaume déchu, organisation fantoche auto-proclamée apparue en 2010 et répudiant l'autorité de la France en Polynésie françaises, étaient poursuivi aujourd'hui pour "organisation d'un groupe armé". Outre les deux armes ayant été utilisées pour tirer sur la police par les deux sbires de la garde rapprochée du "roi", une troisième arme avait été saisie ainsi qu'un poing américain et des vêtements militaires équipés de porte-grenade. Dans les statuts du royaume, la constitution d'un groupe armé, ce qui est illégal, était évoquée pour défendre à n'importe quel prix la vie du monarque de toute personne "malveillante ou mal intentionnée qui viendrait à pénétrer dans un périmètre de dix mètres autour de lui".

Sorties médiatiques sur la place publique en habits d'apparat, nomination de ministres de la Défense, de la Justice, et même d'un Premier ministre –le neveu d'Athanase, Ndlr- émission et diffusion d'une monnaie de singe avec les billets de banque Patu, la "mouvance" Pakumotu avait tendance à faire sourire jusqu'aux faits d'armes contre les policiers de ce 29 janvier 2014 à Papeete. Derrière le folklore, une lettre de condamnation à mort visant le procureur de la république José Thorel avait aussi été découverte lors des perquisitions.

Dix-huit policiers se sont constitués partie civile dans cette affaire. Leur avocat, Me James Lau, a réclamé que les prévenus soient condamnés à leur verser une somme de 300 000 francs chacun au titre du préjudice moral : "Certes ils sont formés pour cela, mais beaucoup sont traumatisés d'avoir été mis en joue par une arme à feu au cours de cette intervention à laquelle ils repensent encore souvent aujourd'hui".

Le procureur de la République a salué "le sang-froid" de ces agents qui "se sont retrouvés dans une situation complètement inhabituelle ici en Polynésie française", rappelant que les policiers ont du faire usage de la force pour désarmer l'un des deux gardes du corps qui ne voulait pas lâcher son pistolet quand le coup de feu est parti.

Le tribunal a mis sa décision en délibéré et rendra son jugement fin janvier 2017.


Me Lau, l'avocat des 18 policiers qui se sont constitués partie civile : "Il ne faut pas laissé passer ce genre d'agissements".
Me Lau, l'avocat des 18 policiers qui se sont constitués partie civile : "Il ne faut pas laissé passer ce genre d'agissements".

Rédigé par Raphaël Pierre le Jeudi 27 Octobre 2016 à 19:01 | Lu 5638 fois