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Tara-Océans: profession, chercheur-plongeur


Tara-Océans: profession, chercheur-plongeur
A BORD DE TARA EN POLYNESIE, 2 juillet 2011 (AFP) - Scientifique accompli et plongeur confirmé... Le chercheur spécialiste du corail qui embarque sur la goélette océanographique Tara pour étudier les habitants calcaires des récifs, doit être lui-même un être de symbiose, à l'instar de l'organisme vivant qu'il observe et analyse, à la fois animal et végétal.

Ils sont cinq à bord du deux mâts qui, depuis une semaine, écument les eaux de l'archipel des Gambier, au chevet de toutes les espèces coralliennes, massives ou filiformes, branchues ou tabulaires, ramures et bijoux de calcaire délicatement dessinés et colorisés par le génie de la nature, dans ce lagon de Polynésie orientale.

"Ma vocation est née au bord de la Méditerranée, sur le rocher..." Eric Béraud a 36 ans. Il est chargé de recherche dans l'équipe d'écophysiologie du Centre Scientifique de Monaco où il a vu le jour.

Sa première passion, l'univers sous le niveau de la Grande Bleue, vécue d'abord de façon ludique et sportive en chasse sous-marine, l'a conduit à de longues études scientifiques, centrées sur la toxicologie environnementale.

Un doctorat lui a ouvert les portes du Centre scientifique de la principauté et... le monde du corail, donc l'univers dans lequel il a toujours voulu baigner, celui des abysses.

"Enfant, mon grand-père m'a offert mon premier équipement masque, palmes, tuba... Je nageais encore avec des brassières... Tout est parti de là", se souvient Eric Béraud qui trente ans plus tard se retrouve en Polynésie, cheville ouvrière de la mission corail de l'expédition Tara-Océans.

Sanctuaire de la biodiversité marine

"Le grand public connaît et apprécie le corail comme élément décoratif des fonds sous-marins. C'est sans conteste une beauté de la nature. Mais c'est surtout un élément essentiel du biotope marin. Un récif de corail abrite 80% de la biodiversité marine", souligne le chercheur.

"De la bonne santé du corail dépend donc aussi celle du reste du monde sous-marin micro-organique, comme le zooplancton et le phytoplancton qui en retour nourrissent le corail", ajoute-t-il.

"Toute modification de l'environnement, comme un réchauffement climatique, peut donc agir négativement sur le corail, avec un long cortège de conséquences pour le reste des habitants sous la mer. Là se situe l'intérêt scientifique de la recherche fondamentale que nous effectuons sur Tara, dans des régions très isolées comme cet archipel des Gambier, au milieu du grand Pacifique", conclut Eric Béraud.

60 mètres en apnée

Mais lorsqu'il n'est pas à l'ouvrage devant la paillasse de son laboratoire où en mission dans les profondeurs océaniques, le scientifique-plongeur, de retour à Monaco, revient à ses premières amours: la plongée en apnée.

Il fait même de la compétition avec ses vieux copains de la faculté de Nice (France).

"Je descends encore à 45 mètres à la palme en 1 minute 30 aller-retour, mais à l'entraînement, on va jusqu'à 60 mètres..." dit-il sur le ton de la banalité.

Depuis son départ de Lorient le 5 septembre 2009, Tara et son équipage tournant de marins et scientifiques, a parcouru 45.000 milles marins (80.000 km), de l'Atlantique à la Méditerranée en passant par l'Océan Indien et le Pacifique, pour cette expédition d'étude de la biodiversité et des écosystèmes planctoniques et coralliens dans les deux hémisphères.

Tara va croiser pendant deux mois en Polynésie française. Après les Gambier, le deux mâts mettra le cap sur l'archipel des Marquises, le plus septentrional de Polynésie, avant de redescendre vers les Îles de la Société et Tahiti à la fin du mois d'août.

retrouver le journal de bord de TARA OCEAN

Rédigé par Par Patrick FILLEUX le Vendredi 1 Juillet 2011 à 22:47 | Lu 1000 fois