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Réforme fiscale : la commission d’enquête en sursis


PARIS, le 9 mars 2016 - Le conseil d'Etat s'est penché mercredi à Paris sur la légalité de la commission créée en octobre dernier par l'assemblée pour enquêter sur l’évolution de la fiscalité et sur la réforme du système de protection sociale polynésien. La décision est mise en délibéré pour début avril.

Pour le rapporteur public du conseil d’Etat, cette commission d’enquête créée par l’assemblée porte "une atteinte manifeste aux prérogatives du gouvernement". Il demande sa suspension alors que la commission doit rendre son rapport d’ici au 16 avril.

Le conseil d’Etat à Paris s’est penché ce mercredi sur la légalité de la commission d’enquête, voulue par l’assemblée, à propos de la réforme fiscale du gouvernement. Le président du Pays Edouard Fritch avait déjà attaqué pour excès de pouvoir mais le tribunal administratif lui avait donné tort. Il y a désormais urgence à décider puisque cette commission doit rendre son rapport au plus tard le 16 avril prochain.

Pour le conseil d'Etat, il s’agissait d’abord de voir si l’assemblée peut créer une commission d’enquête pour un sujet comme une réforme fiscale en cours d'étude. Le rapporteur public constate que le statut "ne limite pas le champ des commissions d’enquête". En 2004, le législateur est d’ailleurs resté "silencieux" sur ce point. Toutefois, cette liberté trouve ses limites dans le respect de l’équilibre des pouvoirs entre l’assemblée et le gouvernement.

Et pour le rapporteur public, cette commission d’enquête a d’abord un but politique. Pour lui, l’assemblée cherche à "s’immiscer" et à "interférer dans la préparation d’une réforme en cours" et porte donc une "atteinte manifeste aux prérogatives du gouvernement". Cette commission est "une atteinte à l’équilibre des institutions". En clair, l’assemblée peut créer une commission d’enquête sur la réforme fiscale mais seulement une fois qu’elle est mise en place, pour constater ses effets.

Le rapporteur public a préconisé d’annuler l’ordonnance du tribunal administratif et de suspendre la délibération créant la commission d’enquête. Le conseil d’Etat doit rendre sa décision d’ici à trois semaines.

Pour Edouard Fritch, cette réquisition est "conforme aux souhaits du gouvernement". Mercredi matin, le président du Pays a également précisé que l’exécutif polynésien "souhaitait que cette commission d’enquête se mette en veille le temps que l’on ouvre les négociations et les discussions avec les syndicats et les patrons sur la réforme de la PSG (système de Protection sociale généralisée, ndlr), parce qu’il s’agit essentiellement de cela et c’est ce qui nous préoccupe le plus. (…) Comme vous le savez, j’ai commencé à consulter les centrales syndicales et nous allons continuer dans les quatre semaines à venir à rencontrer tout le monde au sujet de la PSG. Et j’espère que ce chantier aboutira au mois de juin-juillet par le dépôt des premiers projets de loi qui restructureront notre PSG".

"Au risque de répéter ce que j’ai déjà dit", a-t-il insisté, "je pense que créer une commission d’enquête sur un chantier qui va s’ouvrir… Je ne comprends pas bien la logique. Cela donne effectivement l’impression que l’assemblée veut faire le travail du gouvernement et de l’exécutif, en ouvrant une telle commission. Qu’ils nous laissent lancer les travaux sur cette réforme. Et lorsqu’elle sera déposée à l’assemblée, s’ils souhaitent ouvrir une commission pour enquêter sur les éléments constitutifs de ce dossier, je comprendrai mieux. Mais aujourd’hui, non ! On n’ouvre pas une enquête sur quelque chose qui n’existe pas encore".

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Rédigé par JPV et SM le Mercredi 9 Mars 2016 à 08:34 | Lu 1616 fois