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La vérité sur le remblai du Tahiti Mahana Beach


En comparant la carte de 1955 et celle d'aujourd'hui, il est clair que toute la ville a gagné sur le lagon.
En comparant la carte de 1955 et celle d'aujourd'hui, il est clair que toute la ville a gagné sur le lagon.
PAPEETE, le 5 novembre 2014 - Le remblai du Mahana Beach est-il un simple retour à la ligne de côte de 1958, ou au contraire ces travaux pharaoniques ne pourront que ruiner un écosystème préservé ? L'étude des cartes de la côte ouest de Tahiti apporte un élément de réponse.

Lors de la présentation du projet Tahiti Mahana Beach du hawaiien "Group 70 International", un remblai de 18 hectares repoussant le lagon sur plus de 200 mètres était prévu. Les architectes expliquaient alors que ces travaux rétabliraient la ligne de côte d'avant les travaux de l'aéroport de Faa'a, qui avaient débuté en 1959 en creusant le lagon à cet endroit.

Mais la comparaison des cartes officielles de Tahiti entre 1955 et aujourd'hui (voir illustration) ne confirment pas complètement cette affirmation. Ce n'est pas la ligne de côte qui sera retrouvée, mais l'ancien platier. Malgré tout, la Pointe Tata'a n'aura, après le remblai, plus grand-chose d'une pointe.

Mais cet exercice de cartographie fait surtout apparaitre que la ligne de côte entière de Punaauia et de Papeete a été profondément modifiée en 50 ans, au point d'être difficilement reconnaissable. En réalité, c'est tout Punaauia qui a gagné 200 mètres sur la mer, et le projet Mahana Beach ne veut que terminer cette œuvre de colonisation du lagon. L'ancien bord de mer tombait ainsi en plein dans le Carrefour, et le rond-point de la marina Taina était en bord de lagon.

La zone d'Outumaoro sur une carte originale de 1955
La zone d'Outumaoro sur une carte originale de 1955
Il est visible qu'il y a effectivement eu des prélèvements importants sur la zone du Mahana Beach entre 1955 et aujourd'hui. Il y a 50 ans, un platier s'étendait à Outumaoro, sous la pointe Tata'a. Il a désormais de nombreux trous, clairement visibles sur Google Earth. La pointe de Tata'a culminait à 37 mètres… et aujourd'hui à peine à 33 mètres.

Du coup, pour l'impact environnemental, c'est moins la biodiversité du lagon boueux d'Outumoaro qui inquiète les associations de défense de l'environnement, que la provenance des 3 millions de m3 de matériaux qui seront nécessaires au remblai. Car en l'absence de carrière à Tahiti, c'est dans le milieu naturel – les rivières et leurs berges – que les extractions ont lieu pour le moment, au rythme de 500 000 à un million de m3 par an.

Mais ce débat risque de tourner court. À l'époque du gouvernement Flosse le Pays devait prendre à sa charge le coût des travaux du remblai et ceux encourus pour la récupération et l'assainissement des eaux pluviales ainsi que l’approvisionnement en eau potable de la zone. Dès 2015, c'étaient pour 7 à 8 milliards Fcfp de travaux qui étaient annoncés. Mais le gouvernement d'Edouard Fritch, confronté à des problèmes juridiques, a décidé de ne pas inclure de fonds dans le budget 2015 pour le remblai du Mahana Beach.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 6 Novembre 2014 à 08:00 | Lu 4390 fois
           



Commentaires

1.Posté par Gabs le 06/11/2014 08:34 | Alerter
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Je me souviens qu'à l'époque, il y avait une plage de sable blanc juste au bord de la route... à l'actuelle marina Taina...

Le problème, c'est que, depuis 50 ans, tout a été fait n'importe comment, la preuve, les maisons sur les remblais, les pieds dans l'eau... et en y regardant de plus près, on s'aperçoit que les propriétaires sont bien connus du monde politique passé et présent ! Encore un pur hasard dira Emereeee !!! Pffffffffffff

Allez les moutons... vous avez voté... assumez maintenant !!!!

2.Posté par Neo neo le 06/11/2014 09:13 | Alerter
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La France a détruis notre lagon au profit des essais nucléaire, car la piste ne servons a l'origine qu'a cela

3.Posté par Simone Grand le 06/11/2014 09:28 | Alerter
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Le récent jugement du tribunal administratif, acceptant sans confirmation par des experts indépendants de la pertinence des travaux de curage menés par le service de l'Equipement dans la Taharuu, ne peut qu'inquiéter les riverains.
Car bien des travaux de rectification par suppression des méandres ont surtout pour effet de libérer de lucratifs gisements de sable et gravier et d'accélérer le débit des rivières les rendant encore plus dangereuses pour les riverains.
Tout est justifié par t la délibération n° 34/2004 APFdu 12 février 2004. Or cette délibération contrevient à la déclaration universelle des droits de l'Homme car elle autorise des atteintes arbitraires au droit de propriété.
Simone Grand

4.Posté par MR TARTONPION le 06/11/2014 12:46 | Alerter
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Super le raisonnement : on est fait des conneries jusqu'à présent, autant continuer...