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Edouard Fritch, le "souci" d'une "succession douce"


Edouard Fritch, mardi lors de la visite gouvernementale des installations de la scierie de Papara
Edouard Fritch, mardi lors de la visite gouvernementale des installations de la scierie de Papara
PAPARA, 30 septembre 2014 – Dix-huit jours après son élection à la Présidence de la Polynésie française, et quinze depuis l’annonce de son équipe gouvernementale, Edouard Fritch accepte de faire un point de situation, en marge d’une visite officielle mardi.

Le Président confirme notamment une information qu’il avait donnée le 17 septembre et annonce la nomination prochaine d’un nouveau ministre, probablement une femme, en charge du portefeuille de l’Egalité des territoires et de l’Artisanat. Et donc, "dans les jours à venir", un premier remaniement ministériel alors que son gouvernement ne compte officiellement que huit ministres.

Interrogé sur la nature de son exercice à la tête du Pays, dans le cadre d’une succession à Gaston Flosse, Edouard Fritch assure vouloir faire "une succession douce" avec l'appui du groupe autonomiste majoritaire Tahoera’a Huira’atira de l’Assemblée territoriale, alors que des rumeurs têtues prétendent ces jours-ci que les relations entre le gouvernement et les plus fervents soutiens de Gaston Flosse ne sont pas au beau fixe, pour n’employer qu’une litote.

On entend notamment parler d’un recours qui pourrait être déposé prochainement devant le tribunal administratif pour demander un arbitrage sur la qualité du poste de Délégué à la recherche qu’occupait précédemment Tea Frogier, l'actuelle ministre de l'Emploi. Cette fonction de délégué à la recherche peut-elle être assimilée à celle de "chef de service" ou de "directeur d’établissement public" ? Le cas échéant, un tel arbitrage créerait une incompatibilité statutaire avec la fonction de ministre de l’intéressée après le précédent malheureux de Patrick Howell et de Heremoa Maamaatuaiahutapu. Or le gouvernement ne compte actuellement que sept ministres, c'est à dire l'effectif minimum prévu par l'article 73 du statut d'autonomie.

"Cette mutation va se faire dans les meilleures conditions possibles ; ne vous inquiétez pas", assure cependant Edouard Fritch.


Dans quel cadre effectuez-vous cette visite sur le terrain, aujourd’hui ?

Edouard Fritch : D’abord j’ai envie de dire à ces jeunes entrepreneurs : « nous sommes là ; nous avons envie de vous accompagner et nous comptons sur vous pour nous aider à créer des emplois ». Et dans ce cadre il me paraît important de leur faire savoir qui si nous pouvons les accompagner, ne serait-ce que pour maintenir l’activité et les aider à se préparer à l’avenir. (…) Nous voulons leur dire : « vous aurez votre place dans le développement du pays » et surtout « nous sommes là ».

Dix-huit jours après votre élection à la Présidence de la Polynésie française, où en est l’action de votre gouvernement ?

Edouard Fritch : Je souhaite m’inscrire dans les actions qui ont été menées jusqu’à présent par le gouvernement et par la majorité Tahoera’a Huira’atira, parce que j’estime que les premiers jalons qui ont été posés sont intéressants. Là où nous pouvons faire un peu plus, ou mieux, c’est d’être présent, de les accompagner pour leur dire que nous comptons sur eux les développements futurs. Et je pense effectivement à ces gros chantiers qui vont s’ouvrir dans les mois à venir, ici en Polynésie : Mahana Beach ; Hao… Voilà, il faut se positionner et se plier aux exigences du marché.

Le parti politique Tahoera’a Huira’atira est-il soudé derrière vous, dans le cadre de votre action ?

Edouard Fritch : Vous savez – (sourire) –, on entend dire beaucoup de choses et je suppose que c’est pour cela que vous me posez la question. Oui, le parti, le groupe à l’Assemblée, est toujours derrière moi, bien sûr. La mutation est toujours difficile, vous savez : prendre la place de Gaston Flosse et du gouvernement que j’ai renouvelé en partie n’est pas une chose facile, j’en suis conscient. Mais je crois que là où nous devons être en parfaite harmonie avec le Tahoera’a Huira’atira, c’est sur les grandes lignes de notre programme. Et aussi sur les actions qui ont été initiées par le gouvernement précédent. Je ne m’exposerai pas à faire des choses contraires à l’esprit du Tahoera’a, dans un premier temps, et à sa vision pour l’avenir.

La succession de Gaston Flosse, c’est quelque chose de compliqué ?

Edouard Fritch : Mon souci c’est de faire une succession douce. On peut y arriver. On n’a pas besoin d’être un génie pour s’inscrire dans la continuité. Cela fait trente ans que je travaille pour le Tahoera’a et que je suis auprès de Gaston. Cette mutation va se faire dans les meilleures conditions possibles ; ne vous inquiétez pas. Il y aura toujours de la critique, on ne peut pas y échapper ; mais je laisse braire les gens : l’essentiel, c’est de travailler.

Envisagez-vous de procéder à un remaniement ministériel pour compenser l’incapacité statutaire de deux des personnes pressenties d’abord à occuper la fonction de ministre ?

Edouard Fritch : Je précise d’abord que cette incapacité nous la connaissions : je savais très bien que Patrick Howell et Heremoana Maamaatua ne présentaient pas les conditions requises par la loi pour occuper la fonction de ministre. Sans le titre, aujourd’hui, ils travaillent effectivement comme des ministres : je leur ai donné des moyens ; ils participent comme nous au Conseil des ministres. Maintenant, vais-je prendre d’autres moyens ? J’ai effectivement annoncé dès l’origine que j’envisageais l’entrée au gouvernement d’un nouveau ministre chargé du portefeuille de l’Egalité des territoires, du Développement des archipels. Je ferai vraisemblablement cela dans les jours à venir. (…) J’ai toutes les garanties aujourd’hui de travailler dans de bonnes conditions ; mais j’y réfléchi parce que j’ai effectivement un gros souci du côté des archipels, ne serait-ce qu’au niveau de la coordination des actions de l’administration (…). Je veux quelqu’un, un ministre qui aura pour mission de coordonner l’action de mon gouvernement en direction des archipels. Ce sera sa fonction principale. Peut-être lui donnerai-je aussi le portefeuille de l’Artisanat ; mais cette coordination sera sa mission principale. Cela est très important pour moi et c’est pour cela que je parle d’Egalité des territoires.

Rédigé par JPV le Mercredi 1 Octobre 2014 à 11:10 | Lu 2313 fois