Tahiti Infos

Edouard Fritch "atterré" par la résolution du dernier congrès des communes


"Pour moi, cet ultimatum est irrecevable. Je n’entends pas m’y plier" a affirmé Edouard Fritch, mardi matin face au délai de trois mois laissé au gouvernement pour donner une suite favorable aux demandes exprimées dans la résolution finale du dernier congrès des communes.
"Pour moi, cet ultimatum est irrecevable. Je n’entends pas m’y plier" a affirmé Edouard Fritch, mardi matin face au délai de trois mois laissé au gouvernement pour donner une suite favorable aux demandes exprimées dans la résolution finale du dernier congrès des communes.
PAPEETE, 9 août 2016 - Edouard Fritch a provoqué une conférence de presse mardi matin pour exprimer sa surprise à la lecture de la résolution ratifiée lors du dernier congrès des communes, la semaine dernière. Il se dit "atterré".

Assisterait-on aux premières fissures dans la belle collaboration politique mise en œuvre depuis fin 2014 entre le président Fritch et les élus des communes polynésiennes ? Depuis, le contrat de projets 2015-2020 aura été renégocié par le Pays en y incluant un volet "commune" potentiellement doté de 12 milliards Fcfp de financements ; 160 projets municipaux ont été présentés et validés devant la délégation au développement des communes (DDC) pour près de 2,4 milliards Fcfp. Très vite aussi, l’échéancier d’apurement des 4 milliards Fcfp d’arriérés de versement au Fonds intercommunal de péréquation (FIP) aura été revu pour passer de 8 ans à 4 ans. En mai 2015, Nuihau Laurey et Lana Tetuanui, les deux candidats pro-Fritch aux sénatoriales partielles ont été élus sans mal dès le premier tour.

Mais jeudi, à l’issue du 27e congrès des communes, est tombée une résolution détonante qui reproche au gouvernement de ne pas suffisamment associer les élus municipaux aux projets de développement du Pays et qui laisse trois mois à l'Exécutif pour revoir sa copie.

Il aura fallu un week-end à Edouard Fritch pour formuler publiquement une réaction. C’était l’objet d’une conférence de presse initialement programmée lundi matin mais repoussée au dernier moment au lendemain.

"Je pense que depuis 2 ans nous entretenons de bonnes relations de travail avec les maires", a-t-il commencé, mardi. "Les dossiers des communes sont traités sans considération pour la couleur politique. J’ai tenté de rechercher des moyens de financement supérieurs à ce qui était précédemment. J’en ai obtenu".

Partant de là, il se dit "atterré de voir cette réaction au travers de la résolution où les maires disent effectivement en avoir marre" et dubitatif : "est-ce que cette résolution traduit vraiment le sentiment de la majorité des maires, ou bien est-ce qu’elle n’est que la traduction des ambitions de ses rédacteurs qui sont une petite poignée de personnes qui ne sont pas dénués d’arrière-pensées politiques et qui ont réussi à manipuler le président du SPC pour lui faire endosser ce texte ?" : "Nous entrons en campagne électorale et je m’attends à ce que ça tangue un peu".

"Pas du tout", dément Cyril Tetuanui soupçonné de manipulation. Le président du Syndicat pour la promotion des communes (SPC), maire de Tumaraa à Raiatea l'affirme : "Je ne suis pas manipulé ; nous ne sommes pas manipulés. Je ne suis que le porte-parole des maires. Et nous ne sommes pas en conflit avec le gouvernement. Nous avons un comité de rédaction dont je suis le président. Il ne compte que des tavana. Cette résolution donne simplement le reflet de nos travaux au congrès des communes". Il est aux îles Sous-le-vent en tournée depuis vendredi.

"Oui, j’assume que les communes doivent être associées aux réflexions pour le développement du Pays", insiste-t-il. "Aucun maire n’a envie d’apprendre par la télévision que sa commune est au cœur d’un projet de développement du Pays. Il faut nous associer en amont".

Quant au délai de 3 mois laissé au gouvernement pour donner suite à cette résolution : "Me poser un ultimatum, c’est dire que nous sommes en guerre", analyse Edouard Fritch. "Pas du tout, c'est normal : on a besoin de concret" rétorque Cyril Tetuanui en assurant que 38 maires sur 48 soutiennent encore le gouvernement. "Pour moi, cet ultimatum est irrecevable. Je n’entends pas m’y plier", annonce le chef de l'Exécutif.

Le président du SPC, annonce qu’il sollicitera une entrevue avec Edouard Fritch dans le courant de la semaine prochaine. Cette rencontre se fera en présence d’une délégation de maires polynésiens.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 9 Août 2016 à 14:36 | Lu 3079 fois