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A l’ONU, Richard Tuheiava dénonce «l’immigration française» en Polynésie


Richard Tuheiava et Oscar Temaru ont été auditionnés ce vendredi matin par le comité spécial chargé de la décolonisation à l'ONU.
Richard Tuheiava et Oscar Temaru ont été auditionnés ce vendredi matin par le comité spécial chargé de la décolonisation à l'ONU.
NEW YORK, le 27 juin 2014. Le Comité spécial chargé de la décolonisation a achevé ce vendredi les travaux de sa session annuelle, en se prononçant en particulier sur les questions de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française. Il a ainsi recommandé à l’Assemblée générale d’engager «vivement» toutes les parties concernées à «poursuivre leur dialogue, dans le cadre de l’Accord de Nouméa». Le Comité spécial a aussi recommandé à l’Assemblée générale de prier la France, Puissance administrante, d’«intensifier son dialogue avec la Polynésie française afin de favoriser la mise en place rapide d’un processus d’autodétermination équitable et effectif, dans le cadre duquel seront arrêtés le calendrier et les modalités de l’adoption d’un acte d’autodétermination».

Devant le Comité spécial de l’ONU, Oscar Temaru et Richard Tuheiava ont pris la parole ce vendredi matin pour évoquer la situation de la Polynésie française. Le sénateur polynésien, élu de l’assemblée territoriale dans le groupe UPLD –c’est ainsi qu’il est reconnu comme pétitionnaire à l’ONU- a en particulier souligné que «l’immigration française était ouvertement encouragée par la Puissance administrante, entraînant une dilution du corps électoral et réduisant ainsi le nombre de personnes favorables à l’indépendance» selon le compte-rendu de la réunion qui est publié sur le Centre d’actualités de l’ONU. Il a conclu son propos en déclarant que «le statu quo colonial qui régit le système électoral actuel en Polynésie française, unilatéralement façonné par la Puissance administrante en vue d’accommoder ses intérêts coloniaux d’une perspective de décolonisation, ne correspond pas à un processus véritablement équitable d’autodétermination».

Pour sa part Oscar Temaru, présenté comme «membre de la Maison de l’assemblée de la Polynésie française » a affirmé que l’adoption, le 17 mai 2013, de la résolution 67/265 de l’Assemblée générale réinscrivant la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes a été célébrée par des milliers de Polynésiens. La Puissance administrante, a-t-il dit, planifie l’exploitation de ressources minérales stratégiques sans en reconnaître la propriété de la Polynésie. «Sans maîtrise de l’immigration, nous allons devenir les spectateurs impuissants d’un pillage», s’est inquiété Oscar Temaru avant de déclarer que «les chômeurs français vont affluer sur nos îles pour prendre la place de nos enfants».

Aux termes des recommandations du Comité, l’Assemblée générale de l’ONU devrait d’ailleurs déplorer que la Puissance administrante n’ait pas donné suite à la demande qui lui avait été faite de soumettre au sujet de la Polynésie française les renseignements visés à l’alinéa e de l’Article 73 de la Charte, à savoir des informations relatives aux conditions socio-économiques du territoire.

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 27 Juin 2014 à 11:06 | Lu 6914 fois