Tahiti Infos

​Transport aérien, le scénario du pire


Tahiti, le 14 avril 2020 - L'Association des transports internationaux a estimé les pertes du secteur depuis le début de la crise sanitaire et économique jusqu'à la reprise du trafic. Les derniers chiffres publiés le 14 avril font état d'une perte cumulée de 314 milliards de dollars dont une grande partie dans la zone Asie-Pacifique.
 
A l'instar de l'industrie hôtelière, les fermetures de frontières et restrictions de déplacement actées par les gouvernements depuis le début de l'épidémie de Covid-19 ont durement frappé les compagnies aériennes. Les chiffres relatifs au nombre de vols et passagers transportés ont plongé pour flirter avec l'altitude zéro.
 
314 milliards de dollars de pertes prévues
 
Le 24 mars, l'Association des transports internationaux (IATA), qui regroupe 290 compagnies aériennes et représentent près de 82% du trafic de passagers dans le monde, évaluait les pertes de chiffre d'affaires des compagnies aériennes à 252 milliards de dollars par rapport à 2019 avec 80% de vols en moins. Le trafic domestique aux Etats-Unis et en Asie vivote encore. A peine trois semaines plus tard, les prévisions révisées des économistes de l'organisme sont encore plus sombres, indiquant notamment “la récession devrait maintenant être beaucoup plus profonde” que prévu en 2020. L'association réévalue à la hausse l'ardoise à 314 milliards de dollars. L'impact sera particulièrement rude lors du deuxième trimestre qui commence avec une hypothèse optimiste. Selon IATA, “les vols domestiques pourraient encore connaitre le début d'une reprise de la demande à partir du troisième trimestre, dans une première phase de levée des restrictions de voyage” mais “les marchés internationaux, cependant, seront plus lents à reprendre car il semble probable que les gouvernements maintiendront ces restrictions de voyage plus longtemps”. Et d'imaginer un scénario d'après confinement où “le retour au transport aérien se fera probablement par étapes”. D'abord, le transport international ne reprendra réellement qu'après les vols intérieurs, mais ces derniers rapportent moins en revenu par passager. Des hypothèses qui donnent des sueurs froides, les compagnies ont en moyenne, selon IATA, deux mois de trésorerie en banque. De quoi piquer du nez assez rapidement faute de trafic alors que paradoxalement le prix du kérosène, principale charge dans l'aéronautique, est au plus bas.
 
La zone Asie-Pacifique la plus touchée
 
Le marché devrait repartir au cours du 4e trimestre mais le revenu moyen par passager sera environ 33% inférieur à celui sur la même période en 2019. Un chiffre qui recouvre une moyenne mondiale. Pour la zone Asie-Pacifique, dans laquelle la Polynésie se trouve, le revenu moyen devrait chuter de 50%. Sur les 314 milliards de perte mondiale, les compagnies dans cette zone géographique devraient en supporter 113, soit 35%. Des hypothèses de reprises de trafic international pour le troisième trimestre qui semblent se confirmer.

Si pour la Polynésie, Air Tahiti Nui effectue les quelques rotations de fret avec la métropole, la compagnie au tiare avait annoncé suspendre ses vols commerciaux jusqu'à fin avril comme French Bee. Une date qui sera très probablement repoussée, ce qu'a fait Air France. La compagnie nationale vient de confirmer que la suspension de ses vols jusqu'à Papeete était effective au moins jusqu'au 31 mai. Air New Zealand assure quelques rotations entre Auckland et l'Australie ainsi que Los Angeles, Hong Kong ou Shanghai, mais a suspendu 95% de ses vols jusqu'au 30 juin. La compagnie à la fougère a annoncé il y a trois jours que si les restrictions prenaient fin à Samoa, Tonga et Fidji, “il est probable qu'Air New Zealand assurera un vol aller-retour par semaine au départ d'Auckland”. Une lueur d'espoir qui ne concerne pas encore Tahiti.

Rédigé par Sébastien Petit le Mercredi 15 Avril 2020 à 00:12 | Lu 5267 fois