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​Ronny Teriipaia bloque le lycée de Moorea


Tahiti, le 25 avril 2024 - Le ministre de l’Éducation semble avoir enterré le projet de lycée à Moorea. Ses arguments restent les mêmes : trop cher, manque de sécurité sur le site, mais les solutions proposées au ministère semblent n’avoir pourtant jamais été étudiées.
 
On ne pourra pas reprocher au ministre de l’Éducation, Ronny Teriipaia, de manquer de constance dans ses propos. Interrogé ce jeudi lors de la séance des questions orales à l’assemblée sur le devenir du projet d’implantation d’un lycée à Moorea, ce dernier n’a pas bougé d’un centimètre en un an.
 
Coût du projet trop cher, volonté de ne pas “gaspiller les deniers publics” et problème de sécurité avec l’absence de clôture, les mêmes arguments servis l’année dernière ont été redéveloppés dans un discours de près de dix minutes qui peut finalement se résumer en une phrase : le gouvernement ne veut pas d’un lycée sur l’île Sœur.
 
À grand renfort de chiffres, loins d’être exacts, le ministre a alors dépeint un projet pensé à 3,5 milliards par le précédent gouvernement, estimé à 5,5 milliards lors du concours d’architectes, puis à 6 milliards lors de la pose de la première pierre, à 7,5 milliards en 2023, pour être estimé désormais à 8,8 milliards de francs par Grand Projets de Polynésie (G2P).
 
Selon nos informations pourtant, le coût réel des travaux ne dépasserait toujours pas les 5,9 milliards de francs, clés en main, à savoir livrés avec les équipements (chaises, tables, paillasses, cuisine, etc.). Le faux débat sur l’absence de clôtures et la sécurité des élèves aurait déjà trouvé des solutions, encore faudrait-il que le Pays veuille bien se pencher dessus pour les étudier et comprendre que ces solutions avaient été choisies justement pour répondre à un cahier des charges bien précis, avec des normes environnementales et climatiques spécifiques liées au site, demandées par la Direction générale de l’éducation et des enseignements (DGEE), l’État et G2P.
 
Au mètre carré, le lycée est estimé à 334 000 francs. Cher, sauf si on se remémore qu’il est plus onéreux de faire venir du matériel à Moorea depuis Tahiti qu’à Bora Bora, et que ce prix inclut les équipements, mais loin d’être “pharaonique” comme l’expliquait Ronny Teriipaia ce jeudi à la tribune.
 
Afin de tout de même proposer un établissement aux élèves qui doivent faire la navette tous les jours entre Moorea et Tahiti, où sont contraints d’être pensionnaires, un phasage a été proposé, qui est resté sans réponse. La proposition faite consistait à faire le lycée général et l’administration (2,3 milliards francs), puis le pôle technique (630 millions de francs), ou l’internat, lui-même réalisable en plusieurs tranches, pour finir par le pôle sportif (800 millions de francs). Des propositions qui n’ont pas été étudiées par le Pays.
 
Le lycée de Moorea est donc dans un cul-de-sac. Un élu de l’île Sœur nous confiait récemment : “Si on devait réunir toutes les premières pierres des projets non réalisés, on pourrait faire un marae”.
 
Le marae des projets perdus semble contenir une pierre de plus.
 
Bertrand Prévost
 

Rédigé par Bertrand PREVOST le Jeudi 25 Avril 2024 à 19:02 | Lu 5671 fois