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​Quand les Poilus tahitiens résistaient à la Grippe espagnole


Tehuitua a Huioutu, né le 19 mars 1874 à Teahupoo, de la classe 1894 s’engage à la mairie de Papeete le 4 mars 1916. Il est versé dans le 54e Colonial de la 17e division d’infanterie coloniale puis à compter du 14 mai 1917 jusqu’au 15 février 1918 au 15e COA. Dans chaque corps d’Armée, une par Région militaire, en l’occurrence Marseille pour le 15e, il existait un détachement de Commis, ouvriers d’administration (COA). Le commis était attaché aux tâches bureaucratiques et l’ouvrier spécialisé à l’intendance.
Tehuitua a Huioutu, né le 19 mars 1874 à Teahupoo, de la classe 1894 s’engage à la mairie de Papeete le 4 mars 1916. Il est versé dans le 54e Colonial de la 17e division d’infanterie coloniale puis à compter du 14 mai 1917 jusqu’au 15 février 1918 au 15e COA. Dans chaque corps d’Armée, une par Région militaire, en l’occurrence Marseille pour le 15e, il existait un détachement de Commis, ouvriers d’administration (COA). Le commis était attaché aux tâches bureaucratiques et l’ouvrier spécialisé à l’intendance.
Tahiti, le 19 mai 2020 - A l'heure de la polémique sur la chloroquine, l’historien spécialiste des engagés polynésiens, Jean Christophe Shigetomi, revient sur un épisode du retour de la Première Guerre mondiale, lorsque les Poilus tahitiens de l’Armée d’Orient étaient épargnés par la Grippe espagnole…
 
Les conscrits tahitiens engagés dans l’Armée d’Orient à Salonique ont été les premiers à revenir au fenua en 1918. Les Poilus du Bataillon mixte du Pacifique ne revenant, eux, qu’en juin 1919. Une circulaire ministérielle permettait en effet la relève d’une grande partie des Tahitiens de l’Armée d’Orient ayant 18 mois de présence effective au front, y compris le temps passé en Nouvelle-Calédonie, pour jouir d’une permission de 25 jours dans leur colonie d'origine. Les permissionnaires tahitiens majoritairement issus du front d’Orient ont voulu bénéficier de prolongations de ces permissions jusqu’à la fin de la guerre.
 
Ces permissionnaires ont donc débarqué à Papeete le 30 avril 1918. Un mois et demi plus tôt, le 12 mars 1918, ils embarquaient à Bordeaux sur le vapeur Rochambeau pour New York, traversaient les Etats-Unis en train en vue de leur embarquement sur le Moana à San Francisco.
 
Immunisés ?
 
Le Bulletin de la société des études océaniennes de juin 1977 relate que, par un étrange privilège, les soldats tahitiens provenant de l’Armée d’Orient, et tous plus ou moins entachés de paludisme, ont été épargnés par la grippe espagnole. Alors que tout le détachement de Papeete était terrassé par l’épidémie, les seuls « Salonicards » sont restés debout et c’est presque exclusivement parmi eux que nous avons pu trouver du personnel auxiliaire.
 
Le nommé Tehuiata a Huioutu, soldat libéré de la section des infirmiers revenant de l’Armée d’Orient, a notamment rendu bénévolement des services remarquables (Voir ci-contre). Comment expliquer cette immunité ? Est-elle le fait, non pas du paludisme mais de la quinisation intensive dont ces soldats ont été l’objet ? Nous serions plutôt enclins à penser qu’elle résulte des nombreuses vaccinations (anti-typhoïque, antiparatyphique et anticholérique) qu’ils ont subies. Il est en tout cas certain qu’il ne s’agit pas d’une simple coïncidence, car la constatation faite sur 40 sujets ne comporte qu’une seule exception. Encore s’agit-il d’un « malin » qui s’était vanté de s’être dérobé à toutes les séances de vaccinations pendant son séjour en Orient et qui a succombé à une grippe à forme pneumonique.

Rédigé par Jean-Christophe Shigetomi le Mardi 19 Mai 2020 à 13:32 | Lu 2288 fois