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​Le Tavini reparle "Caisse chômage"


Tahiti, le 14 mai 2020 - Le Pays "est prêt à engager les travaux avec les partenaires sociaux" en vue de la création d’une caisse d’assurance chômage en Polynésie française, a rappelé Nicole Bouteau en réponse à la représentante Tavini Eliane Tevahitua, jeudi lors de la séance des questions au gouvernement.
 
Le sujet revient dans le débat public à la faveur de la crise du Covid-19 et des craintes qu’elle fait peser sur l’emploi des Polynésiens. "Bonne nouvelle", s’était enthousiasmé le syndicaliste Patrick Galenon à l’issue de la traditionnelle rencontre du 1er-mai avec le gouvernement : "Ils sont prêts à étudier le principe d’une caisse de chômage".
 
Jeudi, c’est à la faveur d’une intervention de la représentante Tavini Huiraatira Eliane Tevahitua que le sujet d’une caisse d’assurance chômage est revenu sur le tapis, lors de la séance des questions au gouvernement. "Près de la moitié des Polynésiens étaient déjà sans emploi avant le Covid. Parmi ceux qui ont encore un emploi, 12 171 sont des salariés précaires et risquent d'être les premières victimes de la crise qui s'annonce, de même que les salariés actuellement en C.D.I", a estimé la représentante Tavini. Pourtant, la loi du pays du 4 mai 2011 relative à la codification du droit du travail fixe le "cadre réglementaire" d’un tel dispositif, a-t-elle rappelé. "Il reste à fixer les conditions de financement de cette indemnité". La représentante Tavini propose pêle-mêle au gouvernement la création d’un impôt sur la fortune, d’une taxe sur les transferts financiers vers l’étranger ou encore le doublement de la dette nucléaire pour en assurer le financement. Autant de pistes de financement que ne valide manifestement pas Edouard Fritch qui, à leur évocation, n’a pas caché son opposition par une moue et des gestes ostensibles, depuis la tribune du gouvernement jeudi matin.
 
Mais c’est Nicole Bouteau qui a répondu au Tavini. La ministre du travail a réaffirmé la position de l’exécutif sans reprendre aucune de ces suggestions. Elle reconnait pourtant qu’une caisse d’assurance chômage est "un sujet sociétal important qui concerne tous les secteurs et tous les salariés privés de leur emploi contre leur volonté. Bien entendu, dans le contexte qui est celui que traverse notre Pays, nous y sommes favorables mais il faut que les partenaires sociaux y adhérent également car les financements nécessaires pour alimenter une assurance chômage doivent être partagés".
 
Le gouvernement est donc prêt à discuter du financement d’une caisse d’assurance chômage. Mais, si elle doit avoir lieu, cette discussion se tiendra sur une étroite ligne de crête. On sait que le patronat est globalement contre la mise en place d’un tel dispositif, si sa création doit se traduire par un accroissement du coût du travail. Comme l’a souligné jeudi la ministre du Travail, le Pays ne peut "financer 100% de l’inactivité (…) sans recette dédiée". Les salariés sont-ils prêts à renoncer à une partie de leur pouvoir d’achat par solidarité pour les chômeurs polynésiens ?

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 14 Mai 2020 à 20:34 | Lu 2557 fois