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​La Brasserie met la pression


Tahiti, le 14 avril 2020 - Paralysée par l’interdiction de vente d’alcool, la Brasserie de Tahiti a décidé de stopper toute sa production de bières, boissons gazeuses et jus de fruits. Les syndicats annoncent que la direction de la société a évoqué des suspensions de contrat de travail “fin mai” si l’alcool n’est pas ré-autorisée à la vente.
 
Les maires de Tahiti l’avaient évoqué à l’issue de leur première réunion avec l’Etat et le Pays, la Brasserie de Tahiti a fait part au gouvernement de ses “difficultés économiques” depuis le début du confinement et surtout la suspension de la vente d’alcool décidée le 23 mars dernier. Lundi soir, Radio 1 a révélé que le groupe propriétaire de la Brasserie avait décidé de stopper sa production de bières, mais aussi de boissons gazeuses et de jus de fruit. Seule l’eau distribuée par Premium Water reste mise en bonbonne. Une décision annoncée mercredi dernier au personnel et qui a pris effet dès le lendemain, explique le représentant du personnel affilié à A Ti’a i Mua à la Brasserie de Tahiti, Gilles Helme. “On était au courant. Dès qu’il y a eu l’interdiction de vente d’alcool, ils ont réuni les représentants du personnel. On était conscients de ça”, explique le syndicaliste qui appelle le Pays à rouvrir la vente d’alcool. “C’est avant tout à titre syndical, vu que l’alcool est notre premier produit. Parce que toute la boisson gazeuse ne nous rapporte pas autant”.
 
Le représentant du personnel explique qu’aucune suspension de contrat de travail n’a encore été mise en place au sein de la société Brasserie de Tahiti qui emploie 400 personnes. Le groupe propriétaire de la Brasserie employant 1 300 personnes et jusqu’à 1 600 avec les prestataires. “On est en train d’apurer le maximum de congés de chacun”, explique Gilles Helme, qui indique que la direction a évoqué de possibles premières suspensions de contrat pour la “fin mai”. “Mais si l’alcool est relâché, on est pratiquement sûr qu’on pourra s’en passer”, poursuit-il. “Il y a des discussions sur une réouverture de manière partielle. Il ne faut pas forcément relâcher à 100% sur tous les créneaux horaires. J’en ai discuté avec les autres syndicats et les patrons pour ouvrir le matin notamment et fermer le week-end par exemple”. Le syndicaliste évoque également une proposition d’ouverture de la vente d’alcool “par quotas”, mais estime qu’il ne s’agit pas de la meilleure solution si l’on veut restreindre la consommation.
 
Une association de lutte contre les violences pour la réouverture
 
Hier, les partisans de la réouverture de la vente d’alcool ont d’ailleurs reçu le soutien assez inattendu de l’association Utuafare Mataeinaa “qui lutte contre toutes formes de violence au sein de la cellule familiale”. La présidente de l’association, Alexandra Vanaa-David, a en effet diffusé un communiqué en forme de lettre ouverte au haut-commissaire et au président du Pays pour affirmer que la “décision d’interdire la vente d’alcool, due à la possibilité de surconsommation au sein des foyers fragilisés par la violence” était mal fondée. “Bien au contraire, les familles fragilisées par la violence le sont toutes autant sans passer par la consommation d’alcool”, affirme la présidente de l’association.
 
Citant notamment une intervention de l’Association des Addictologues mettant en garde contre “le sevrage agressif lié à l’interdiction de vente d’alcool”, Alexandra Vanaa-David estime que cette interdiction “amène à élaborer des boissons frelatées qui, ne le nions pas, ouvrent la porte au trafic”. L’association demande donc, elle aussi, à revoir l’interdiction de la vente d’alcool ou à la “réglementer”.

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mercredi 15 Avril 2020 à 00:10 | Lu 9627 fois