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​Fritch prévoit un durcissement du confinement


Tahiti, le 26 mars 2020 - A l’occasion de la séance de la session extraordinaire hier à l’assemblée, le président Edouard Fritch a annoncé un durcissement à venir des mesures de confinement de la Polynésie française dans le cadre de la lutte contre le coronavirus.
 
Hier matin à l’assemblée, le président Edouard Fritch a annoncé quelques mesures de renforcement du confinement qui devraient être mises en place dans les jours à venir. A l’occasion de la séance de la session extraordinaire consacrée au collectif budgétaire et aux mesures de soutien à l’emploi, le président du Pays a expliqué que la prochaine étape serait vraisemblablement celle de la mise en place d’un couvre-feu avec “obligation à ce que plus personne ne soit dans les rues à partir de 19 ou 20 heures”. La question étant pour l’heure de “s’organiser avec les grandes surfaces pour se mettre d’accord sur les heures de fermeture des magasins”.
 
Autre mesure prévue, celle d’un “filtre” renforcé pour éviter les déplacements entre la zone urbaine de Punaauia à Mahina et la zone sud de l’île entre Hitia’a o te Ra et Paea en passant par Taravao. La zone sud étant moins concernée par les cas actuels de coronavirus et pouvant être à ce titre préservée. Par ailleurs, Edouard Fritch a annoncé qu’il souhaitait regrouper les malades polynésiens sur un même site, pour éviter de laisser des malades au contact de leurs familles.
 
“A partir de demain soir, le Pays sera complètement isolé du monde. Nous allons arrêter tous les vols internationaux”, a également commenté le président du Pays. “La Polynésie sera confinée” et “ce sera le moment pour nous de faire des efforts encore plus durs pour que le confinement nous soit bénéfique”. Des efforts qui ne font donc que commencer.

​Jacques Raynal, ministre de la Santé : “Les cas se situent dans la zone urbaine”

Le président du Pays a évoqué la mise en place à venir d’une séparation plus stricte entre deux zones de Tahiti pour éviter la circulation du virus ?

“Les résultats de nos tests semblent démontrer que dans la zone urbaine entre Punaauia et Mahina, c’est là que se situent les cas de positivité que l’on peut trouver. Il y a quelques cas à Moorea, on le sait, mais on sait aussi que ce sont des cas importés. La logique voudrait que l’on passe à un autre niveau de confinement, en conseillant à ces populations qui habitent dans la zone sud de Tahiti de rester dans cette zone. Ils ont les médecins, les pharmacies et les magasins sur la zone. Donc, ce que nous conseillons pour l’instant, avant de prendre des mesures coercitives, c’est de recommander à ces populations de rester dans leur zone tout en respectant les mesures barrières.”
 
Et pour les gens qui habitent au sud et travaillent dans la zone urbaine ?

“A ce moment là, s’il y a des personnes qui viennent dans la zone nord parce qu’ils travaillent dans des entreprises encore en activité, il faudra qu’ils présentent une attestation spécifique. Et c’est à ce moment là que l’on pourra prendre des mesures coercitives. Pour l’instant, on n’en est pas là du tout. On s’aperçoit que le confinement est plutôt respecté. La population a compris quel était son intérêt. Comme l’a dit le président ce matin, si on arrive à tenir encore une bonne vingtaine de jours, sinon vingt-cinq jours en confinement –je sais c’est long– je pense qu’on aura quand même des chances de s’en sortir plus facilement.”
 
C’est donc l’échéance, au moins un mois ?

“Oui. Pourquoi ? Parce que nous avons encore des ressortissants polynésiens qui sont à l’étranger et qui veulent rentrer. Et c’est parfaitement leur droit. Dans le règlement sanitaire international, il n’est pas du tout légalisé d’empêcher les gens d’aller et venir. C’est une liberté. Ensuite bien évidemment, on peut contingenter l’arrivée par une mesure de confinement. Ici maintenant, on les met pendant presque 20 jours en confinement.”
 
Des précisions sur l’arrivée des colis médicaux attendus ?

“Il y a des colis assez lourds qui arrivent en provenance de Chine. Et qui contiennent des respirateurs, beaucoup de masques… (…). Il y a de gros colis qui vont arriver entre la fin de cette semaine et le début de la semaine prochaine. Il peut y avoir jusqu’à quatre avions spéciaux qui seront payés par le Pays, qui amèneront également des colis destinés à certaines îles du Pacifique comme Tonga et Samoa qui bénéficient d’une aide de la Chine.”
 
Des tests doivent également arriver ?

“Les tests, c’est plutôt pour l’Institut Malardé. Il y a une commande qui est pratiquement en voie d’acheminement avec 10 000 tests. Ce qui nous permettra d’être plus à l’aise. Parce que là, on était obligés de contingenter les tests au strict minimum. C’est-à-dire que nous utilisions les tests pour les personnes qui arrivent avec des signes, fièvre, toux, malaises, troubles du goût et de l’odorat, et pour leurs proches. On va pouvoir avoir plus de tests, ce qui nous permettra d’être plus à l’aise dans le diagnostic et le suivi.”
 
Propos recueillis par Antoine Samoyeau

Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 26 Mars 2020 à 21:53 | Lu 10392 fois