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​30 et 24 mois de prison ferme pour les dealers du "drive-in"


​30 et 24 mois de prison ferme pour les dealers du "drive-in"
Tahiti, le 2 mars 2020- Le couple interpellé le 25 février à Papeete et soupçonné d’avoir tenu pendant deux ans un "drive-in" de paka, principalement dédié à des collégiens et lycées, a été présenté en comparution immédiate lundi. L’homme et la femme, qui ont reconnu les faits, ont respectivement été condamnés à 30 et 24 mois de prison ferme. 
 
Le 25 février, suite à plusieurs dénonciations anonymes faisant état d’un point de vente de cannabis installé à Papeete à côté de deux établissements scolaires, les policiers de la DSP ont procédé à une perquisition au sein d’une maison située non loin du quartier de la Mission. Dans cette maison, les forces de l’ordre avaient mis la main sur 75 sachets de paka prêts à la revente, 238 000 Fcfp en numéraire et plus de 178 pipettes et bubbles. Des panneaux indiquant les heures d’ouverture du point de vente et le règlement des lieux avaient même été installés sur la devanture de la maison. 
 
Placés en garde à vue, l’homme et la femme, parents de six enfants, avaient immédiatement reconnu les faits. Le père de famille avait avoué qu’il vendait principalement à des jeunes lycéens ou collégiens, une trentaine par jour, qui venaient "avant ou après" les cours. Entendue à son tour, la prévenue avait quant à elle évoqué 50 clients quotidiens en affirmant qu’elle leur demandait toujours s’ils étaient majeurs.
 
Des bénéfices de ce trafic, qui aura duré du 1er janvier 2018 au 25 février 2020, les enquêteurs ont trouvé peu de traces hormis des sommes dépensées pour rénover la maison du couple. Idem pour le/ou les fournisseurs qui vendaient le paka au couple. 
 
Présentés en comparution immédiate lundi, les deux individus ont de nouveau reconnu les faits. Alors que le président du tribunal l’interrogeait sur la possibilité de vendre de l’ice, le prévenu a répondu qu’il était plus difficile d’en trouver que d’acquérir du paka, mais qu’il aurait effectivement pu en vendre.

Trafic "florissant"

Tel que l’a rappelé le procureur de la République lors de ses réquisitions, ce trafic "florissant de paka", qui s’est fait "à l’ombre des campagnes de prévention organisées contre la consommation et le trafic de stupéfiants", était "idéalement situé à mi-chemin entre deux établissements scolaires". Papeete. Selon le représentant du ministère public, qui a requis trois ans de prison à l’encontre du prévenu et 18 mois ferme contre la femme de ce dernier, le couple tenait une véritable "épicerie familiale" qui a, pendant deux ans, généré un chiffre d’affaires "conséquent" de 15 à 40 millions de Fcfp. Pour le procureur de la République, "la perspective de vendre de l’ice", "de la mort aux rats à des lycéesn", n’a nullement été éludée par le prévenu qui a, lors de l’audience lundi, indiqué que, s’il avait eu l’occasion d’en trouver, il en aurait peut-être vendu. 
 
Pour la défense du couple, Me Tefan a invoqué la précarité dans laquelle vivait le couple : "Monsieur ne voulait pas faire de mal à ces jeunes, à ces enfants. Mais il est difficile de financier la vie familiale lorsque l’on n’a pas de travail." Rappelant que ces clients avaient coopéré en reconnaissant les faits lors de leur arrestation, l’avocat a évoqué la question de l’ice en affirmant que l’on jugeait ses clients pour "ce qui avait été fait" et non pour "ce qui aurait pu être fait". 
 
Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel a condamné le prévenu à trois ans de prison dont six mois avec sursis. Sa femme a écopé de trois ans de prison dont un an avec sursis.

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 2 Mars 2020 à 20:55 | Lu 2632 fois