Tahiti Infos

DSK: les vidéos du Sofitel


NEW YORK, 8 décembre 2011 (AFP) - Des vidéos inédites des caméras de surveillance du Sofitel de New York ont été diffusées jeudi, et chaque camp de l'affaire DSK s'est en immédiatement emparé pour en tirer des conclusions opposées.

Ces extraits des caméras de surveillance, diffusés par la chaîne de télévision BFMTV, débutent à 12H27 le 14 mai, soit moins de 20 minutes après l'agression présumée de la femme de chambre Nafissatou Diallo par Dominique Strauss-Kahn.

Pendant 3 minutes 58, ils montrent l'ex directeur-général du Fonds monétaire international sortir de l'ascenseur, arriver à la réception du Sofitel, régler apparemment sa facture, et sortir prendre un taxi. Puis, dans un autre extrait, apparaît la femme de chambre en uniforme. D'abord debout dans un couloir, puis assise sur un banc, prostrée ou calme, selon les interprétations que l'on veut faire de ces brèves images muettes.

Elle mime ensuite à une supérieure ce qui se serait passé dans la suite du Sofitel, en poussant violemment cette supérieure dans le couloir.

Filmées de loin, de mauvaise qualité, ces vidéos ne permettent pas de voir l'expression de son visage.

Elles montrent également une brève danse de deux agents de l'hôtel dans une pièce où ils semblent seuls, à 13h36, une minute après que l'hôtel eut appelé la police pour signaler l'agression sexuelle d'une employée par un "hôte" du Sofitel.

Les avocats de Mme Diallo, qui n'avaient jamais vu, ont-ils dit, la plupart de ces extraits, ont estimé qu'ils prouvaient que la femme de chambre guinéenne avait "dit la vérité". Au cours d'une conférence de presse, ils ont insisté sur la scène mimée, qui corrobore selon eux ce que la femme de chambre a toujours dit.

"Il n'y avait pas de complot", a déclaré Kenneth Thompson. "C'est une absurdité". "Il y a une victime, et c'est Nafissatou Diallo", qui accuse DSK de l'avoir contrainte à une fellation.

Douglas Wigdor a de son côté affirmé que d'autres vidéos "corroboreraient" la version des faits de Mme Diallo.

Michel Taubmann, le biographe de Dominique Strauss-Kahn, a lui accusé "un petit groupe de gens du Sofitel" de New York d'avoir "piégé" l'ancien ministre français le 14 mai, alors qu'il était donné favori pour la présidentielle de 2012.

"Je n'ai jamais parlé de théorie du complot. Mais c'est un petit groupe de gens du Sofitel qui ont organisé un piège contre DSK", a affirmé à l'AFP Michel Taubmann, qui vient de sortir un nouveau livre sur DSK dont il est proche.

"J'ai vu l'ensemble des rushes (...) et sur l'honneur, je peux vous assurer que pendant les trois heures qui ont suivi l'agression présumée, Mme Diallo ne paraît pas se plaindre ou pleurer", a-t-il ajouté.

Dans son livre, avec lequel Dominique Strauss-Kahn a tenu à prendre ses distances, Michel Taubmann se fait cependant l'écho d'une théorie du complot contre DSK, dont Mme Diallo aurait été un maillon.

Le groupe hôtelier Accor, dont fait partie le Sofitel, s'est à nouveau insurgé jeudi contre ces accusations.

"L'idée que ces vidéos établissent l'implication d'Accor dans un complot est un non-sens", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Il a également précisé que les deux employés du Sofitel vus en train de danser avaient été interrogés par un avocat auquel ils "ont déclaré à plusieurs reprises ne pas avoir eu connaissance du statut politique de Dominique Strauss-Kahn avant cette séquence. Ils lui ont également réaffirmé qu'ils ne se souvenaient pas précisément des raisons de cette congratulation".

Et le Sofitel a dénoncé la diffusion de ces images de vidéosurveillance, estimant qu'elles "exposent inutilement les membres de l'équipe" de l'hôtel "à la curiosité médiatique".

Le groupe a rappelé qu'il avait "toujours coopéré avec la justice américaine" dans cette affaire et insisté sur son souci de conserver "une position de grande neutralité".

La procédure pénale entamée à New York contre DSK après la plainte de Mme Diallo a été abandonnée en août, le procureur ayant des doutes sur la crédibilité de la femme de chambre, en raison de ses mensonges répétés.

Une procédure civile est toujours en cours mais pourrait prendre des années

Rédigé par Par Brigitte DUSSEAU le Jeudi 8 Décembre 2011 à 11:41 | Lu 1530 fois