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Maruarii Ateni, virtuose du 'ukulele et invité de marque pour le festival


Certains naissent avec une cuillère en argent dans la bouche, Maruarii, lui, a grandi avec un 'ukulele dans la main !
Certains naissent avec une cuillère en argent dans la bouche, Maruarii, lui, a grandi avec un 'ukulele dans la main !
PAPEETE, le 8 septembre 2017 - La deuxième édition du Festival international de 'ukulele se tiendra du 12 au 15 septembre, dans différents lieux à Papeete, avant de finir en beauté avec le grand concert de talents au Grand théâtre. Parmi les invités polynésiens, Maruarii Ateni, 34 ans, revient en tête d'affiche. Portrait d'un musicien virtuose, qui a grandi avec un 'ukulele dans la main.


Comment avez-vous appris à jouer du 'ukulele ?
"Par le plus pur des hasards, j'ai commencé à apprendre le 'ukulele à l'âge de 9 ans. Au départ, mon grand frère Peva avait reçu sa toute première leçon. Il avait appris les accords de bases tels que DoM, FaM et Sol7, permettant d’interpréter la plupart des standards polynésiens. Après quelque temps passé sur le manche du 'ukulele, mon frère s’est intéressé à d’autres occupations, laissant l’instrument et ce fameux morceau de papier sur mon lit. C’est ce samedi après-midi alors, que tout a commencé. Éprouvant un réel intérêt pour la musique, je me suis alors approché de ce 'ukulele, l’ai attrapé et commencé à le gratter sans chercher à comprendre comment jouer. Dès les premières notes, j’ai ressenti une forte émotion, c’est comme si cet instrument s’était mis à me parler, notre communion avait commencé… À peine quelques instants plus tard, j’ai jeté un coup d’œil aux accords. C’est ainsi qu’a débuté mon apprentissage, cela a dû me prendre 30 minutes. Cette passion pour le ukulele était tellement intense que depuis ce jour je n’ai fait que ça, jouer, pratiquer, répéter, m’améliorer. Aussi, la musique m’a apporté beaucoup : la force, la compassion, le respect, l’ouverture d’esprit, la foi, la persévérance, etc. Elle m'a construit en tant qu'homme."

Quelles étaient alors vos influences ?
"Je passais beaucoup de temps à faire la bringue avec mes oncles ou avec mes copains de quartier, notamment sur le bord de route, ou au pied du phare de la Pointe Vénus. Que de bons souvenirs ! À cette époque, le 'ukulele était devenu un mode de vie. Tout le monde en jouait, bien plus qu’aujourd’hui même ! Parmi les artistes, on peut citer des groupes qui ont laissé leurs traces tels que les Tamarii Huahine, Tamarii Upa Nave, Tamarii Vaikiragi, Heiri Tama Band. Mais les Te Ava Piti se démarquaient par l’originalité de leurs chansons, leurs arrangements et surtout par le talent du grand Vehia, joueur de 'ukulele unique, qui a inspiré tant de musiciens et qui continue encore. Vehia est devenu une légende, je ne jure que par lui lorsque j’évoque le 'ukulele ! Depuis "Ha’amana e", "Pahoho", "Miri miri", ou encore "E he’e te va’a" et bien d’autres chansons encore, mon apprentissage s’est fait sur la totalité du répertoire des Te Ava Piti et les solos de Vehia."

Virtuose, vous jouez aussi de la guitare ?
"Au début, je ne pouvais jouer que de la musique locale. Pourtant, j’aimais déjà tous les genres musicaux ! C'est ainsi que je me suis orienté vers un instrument qui pouvait me donner la possibilité de découvrir d'autres horizons : la guitare. Pendant quatre ans j'ai eu la chance d'apprendre à en jouer avec un des meilleurs guitaristes du fenua, Petiot. Il m'a appris différents genres tels que le boléro, le pasodoble, le chachacha, la bossa nova, la samba, le swing… qui étaient très populaires à son époque. C'était super, cependant quelque chose encore me manquait : je rêvais de pouvoir jouer comme George Benson, Joe Satriani, Larry Carlton, Richie Kotzen, Antonio Forcionne… Plus tard, j'ai poursuivi ma petite formation auprès de mon deuxième maître Charles Vernaudon, très réputé pour ses connaissances dans le jazz."

"Il est important pour moi de lui rendre hommage"

Plus jeune musicien du Heiva à l'âge de 13 ans, gagnant du concours de chant "9 semaines et un jour" en 2010, l'artiste a participé au concert "Elvis Forever" en mai dernier.
Plus jeune musicien du Heiva à l'âge de 13 ans, gagnant du concours de chant "9 semaines et un jour" en 2010, l'artiste a participé au concert "Elvis Forever" en mai dernier.
Qu'est-ce que vous aimez dans le 'ukulele ?
"Sa sonorité présente un côté chaleureux. Du coup, il séduit dès qu’il se fait entendre. Il est fédérateur et invite à la bringue. Sa petite taille fait de lui notre compagnon au quotidien. Simple car à peine composé de quatre cordes, il permet l’interprétation d’un large répertoire facilement, à partir de trois accords de base tels que le DOM, FAM et SOLM. Mais complexe aussi, car ce petit instrument s’adapte à tous les genres musicaux. De ce fait, il invite à découvrir d’autres faces de la musique, d’autres techniques et d’autres sonorités. C’est ainsi que l’on comprend pourquoi il peut demander des heures de pratique au quotidien si on veut devenir expert !"

Qu'allez-vous offrir comme prestations dans le cadre du festival ?
"Le public me connaît plus généralement en tant que guitariste. Mes débuts ont commencé avec le 'ukulele et il est donc important pour moi de lui rendre hommage à travers cet événement. Pour ce faire, ma prestation se fera en deux temps. D’abord, j’interpréterai des tubes du groupe légendaire Te Ava Piti et d’autres encore. Ensuite, je me consacrerai au 'ukulele hawaiien qui permet une ouverture vers une musique plus moderne, avec des sonorités différentes. Je souhaiterais par cette occasion rendre hommage au King of Pop car il reste depuis toujours mon idole."

Le 'ukulele fait partie intégrante de la culture polynésienne ; est-il toujours à sa place selon vous ?
"Lorsque j’ai commencé la musique, le 'ukulele était à la mode. Tous les ados en jouaient pratiquement. Je me rappelle de tous ces moments que je passais avec mes potes sur le bord de la route de la Pointe Vénus. On passait nos fins de journée à gratter et imiter nos idoles. Sans compter les week-ends passés sous le tumu vī de ma regrettée grand-mère où j’ai beaucoup appris au travers des bringues familiales. Cela me rend nostalgique ! Plus tard, les jeunes se sont tournés progressivement vers la guitare. J’ai pu constater qu’avec l’arrivée d’Internet notamment, les jeunes générations s’intéressaient plus à ce qui se jouait ailleurs. De mon point de vue, il me semble que notre musique polynésienne et le 'ukulele s’étaient mis en suspens. Jouer de tout est super ! Mais je pense qu’il est important de partir de nos origines pour partager son histoire avec le monde et d’apprendre des choses des autres aussi. Désormais, j’ai la chance par exemple d’être ambassadeur d’Air Tahiti Nui. Ainsi, je peux enseigner le 'ukulele à mes élèves japonais. Aujourd’hui, le 'ukulele revient sous les projecteurs, cela me réjouit, il faut continuer !"

Quels sont vos prochains projets ?
"Je continue depuis un an bientôt à inviter tout le monde à partager la scène avec moi à travers le concept Play with Maru (Facebook), tous les week-ends, dans les établissements suivants : Otipanier, le Pink Coconut et Moorea Sofitel Beach Resort. Tous les mois de juillet, je rejoins le Japon et mes élèves pour des concerts ainsi que des cours de 'ukulele. Enfin, je viens juste d’ouvrir mon institut de musique GUITS’N’UKE INSTITUTE, basé sur l’enseignement de la guitare et du 'ukulele. Quel hasard, juste à l’aube du festival du 'ukulele, je suis tellement excité et heureux !"

Un dernier mot pour les Polynésiens ?
"Ne manquez surtout pas cet événement car nous vous réservons de belles surprises. Ce sera un moment magique et nostalgique ! Je souhaiterais profiter également de l’occasion pour vous remercier pour votre soutien. Si les artistes existent, c’est aussi grâce à vous. Mauruuru roa !"

Principaux événements

1995 : plus jeune musicien du Heiva avec la troupe Te Ra e Hiti dirigé par Yasmina Lepeang
2000 : premier groupe Orohena Sons ; première grande scène avec Tapuarii Laughlin
2001 : premières expériences musicales au Grenier de Montmartre
2003 : première tournée musicale dans les îles avec Tapuarii
2006 : tournée en Nouvelle-Zélande avec John Gabilou pour Tagata Pacifica
2007 : comédie musicale "Abba Folies"
2009 : parrain du deuxième Tahiti Festival Guitare
2010 : lauréat du concours de chant "9 semaines et un jour" en Polynésie et scène "Francofolies"
2015 : invité au premier Festival international de 'ukulele, scène avec Kris Fuchigami et Aidan James
Depuis 2016 : déplacement au Japon pour donner des master classes de 'ukulele et concerts
2017 : concert "Elvis Forever" avec le Conservatoire en hommage au King, création de Guits’N’Uke Institute

Infos pratiques

Maruarii Ateni, virtuose du 'ukulele et invité de marque pour le festival
. Mardi 12 septembre : master classes au Conservatoire à 17 heures pour les élèves et à 18 heures pour le public
. Mercredi 13 septembre : animations dans la ville à 11 heures au marché de Papeete, à midi au Vaima et à 13 heures au McDo de Papeete / Animations à l’InterContinental à 19 heures
. Jeudi 14 septembre : concours Vini Vana ‘ukulele sur le Paepae a Hiro à 18 heures - Entrée libre
. Vendredi 15 septembre : concert de talents avec les invités internationaux et polynésiens
Tarif unique : 1 500 Fcfp
Billets en vente sur place et sur www.maisondelaculture.pf
Renseignements au 40 544 544


Rédigé par Dominique Schmitt le Vendredi 8 Septembre 2017 à 16:46 | Lu 2967 fois