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Wigo, le pari du covoiturage


Tahiti, le 25 avril 2024 – Afin de résoudre en partie le problème de congestion routière, le Pays a décidé de miser sur le covoiturage au travers de la future application Wigo, proposée par la société Hello Scoot’. Une  nouvelle qui a déjà beaucoup fait réagir, notamment dans le secteur d'activité. Serein, le ministre en charge des transports terrestres, Jordy Chan, tient cependant à rassurer.
 
C'est le casse-tête de tous les gouvernements de ces vingt dernières années. Le problème de la congestion routière, notamment aux heures de pointe, ne bénéficie toujours d'aucune solution viable. Pour le ministre des Grands travaux en charge des transports terrestres, Jordy Chan, il n'existe pourtant que deux approches possibles : “Le premier axe consiste à améliorer l'infrastructure routière, et le deuxième, c'est d'agir sur la demande. C'est-à-dire mettre moins de véhicules sur les routes, au même endroit, au même moment.” Et afin d'y parvenir, le Pays compte, en partie, miser sur le covoiturage. En effet, selon ce dernier, 70% des déplacements quotidiens sont effectués en voiture, et bien souvent, avec une seule personne à son bord. Pour le ministère, le covoiturage semble tout indiqué.
 
Une aide du Pays pour faciliter la démocratisation de l'application
 
En revanche, l'élaboration et la mise en place d'une telle application n'est pas sans contrainte. “Les initiatives qui avaient été lancées par le passé pour développer ce type d'outil numérique mobile, se sont toutes heurtées à un problème spécifique commun à tous les businesses de plateforme : l'application avait besoin d'atteindre une masse critique d'utilisateurs pour être viable. C'est-à-dire que s'il n'y a pas assez d'utilisateurs potentiels, il n'y a pas assez de conducteurs susceptibles de s'inscrire également sur l'application, ce qui entraîne un désintéressement évident d'autres utilisateurs potentiels, notamment les passagers”, explique Jordy Chan. Et afin d'inciter ces derniers à franchir le pas, le Pays se propose de financer en partie les trajets de covoiturage à hauteur de 500 francs par personne et par mois, jusqu'en juin 2025. Le but étant d'atteindre le plus rapidement possible la fameuse “masse critique d'utilisateurs”. Concernant les coûts du transport, le ministre assure qu'ils seront fixes : “Nous avons estimé qu’un kilomètre devrait coûter 10 francs. Ce qui veut dire que le Pays subventionnera les 50 premiers kilomètres de chaque utilisateur dans le mois, et ce, jusqu'au mois de juin de l'année prochaine.” Et toujours selon le ministre, la Direction des transports terrestres devrait se pencher prochainement sur l'étude de la mise en place d'aires dédiées au covoiturage.
 
Uber et BlaBlaCar version locale
 
Interrogé sur la question épineuse de la concurrence locale, concernant notamment la société NiuCar, le ministre des Transports n'a pas botté en touche : “Ce n'est pas la même prestation”, affirme fermement Jordy Chan. “Nous sommes dans le cas où nous avons à faire à, comme en France, deux sociétés de type Uber et BlaBlaCar.” L'une supposée proposer un service de qualité supérieure, et de récupérer et déposer un passager à un endroit choisi par ce dernier moyennant une rémunération ; tandis que l'autre permet de profiter du passage d'un particulier faisant le même trajet afin d'être ramassé et déposé, le tout en partageant les frais. Et si la société NiuCar a également répondu à l'appel d'offres du Pays en novembre dernier, sa situation jugée irrégulière par le Pays a mis fin à tout espoir de récupérer le marché : “Pour ce type de prestation (Uber et NiuCar), le Pays estime que les chauffeurs permettent de garantir un certain niveau de sécurité aux passagers. Aujourd'hui, toutes les professions qui assurent le transport de passagers doivent se former, avoir une assurance adéquate, faire contrôler leur véhicule et garantir aux autorités qu'ils ont un casier judiciaire vierge. À l'heure actuelle, ces choses ne sont pas garanties par une application telle que NiuCar”, souligne Jordy Chan. Des critères dont est exempte la pratique du covoiturage. 
 
Vers une évolution de l'application
 
Et afin de s'assurer de la rentabilité et de la viabilité de l'application, sans recourir à l'aide du Pays, il a été demandé aux porteurs de projets de proposer des solutions innovantes. Hello Scoot’, lauréat de l'appel d'offres avec son application Wigo, s'est d'ailleurs engagé à créer, sur le long terme, des communautés de covoiturage. Des communautés qui pourraient rassembler par exemple les membres de grandes entreprises, des associations ou encore des administrations situées dans un même bloc.

Rédigé par Wendy Cowan le Jeudi 25 Avril 2024 à 19:18 | Lu 2469 fois