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Vodafone (PMT) utilise du matériel français pour son cœur de réseau


Inauguration de la première boutique Vodafone à Papeete le 17 juin dernier.
Inauguration de la première boutique Vodafone à Papeete le 17 juin dernier.
PAPEETE, mercredi 23 octobre 2013. La demande du gouvernement français de démonter des équipements chinois installés au cœur du réseau de plusieurs opérateurs de téléphonie mobile en outremer ne concerne plus l’opérateur Vodafone (Pacific Mobile Telecom). En effet, le nouvel opérateur polynésien de téléphonie mobile a modifié récemment son cœur de réseau et a mis en place du matériel de la marque franco-américaine Alcatel Lucent, agréé par l’ANSSI (Agence nationale de sécurité des systèmes d’information).

Pacific Mobil Telephone avait à l’origine, comme de nombreux autres opérateurs français, utilisé du matériel chinois Huawei, grâce à une dérogation obtenue pour un «temps limité» précise Patrick Moux, le directeur général de Vodafone en Polynésie. Le réseau de téléphonie mobile Vodafone a été ouvert au public le 17 juin dernier sur le territoire polynésien. «Nous avons été accompagnés par les services de l’Etat pour que notre cœur de réseau soit complètement en règle. La modification d’équipements, pour installer du matériel Alcatel, s’est déroulée dans la nuit du 4 au 5 septembre dernier, ce qui nous a permis en même temps d’améliorer les performances de notre réseau Vodafone» poursuit Patrick Moux.

La demande du gouvernement français de démonter le matériel chinois installé au cœur des réseaux de téléphonie mobile visant Orange (pour ses réseaux à La Réunion et Mayotte), Outremer Telecom (en Guadeloupe, Guyane, La Réunion et Mayotte) et Pacific Mobile Telecom (Polynésie) date d’il y a quelques mois déjà. Même si cette demande est motivée par des raisons techniques mettant en avant l’agrément nécessaire de l’ANSSI pour les cœurs de réseau, il semble aussi qu’il s’agisse pour le gouvernement français de venir en aide à l’équipementier Alcaltel-Lucent qui est en grande difficulté et va supprimer 10 000 emplois dans le monde, dont 900 en France.

Ainsi le 15 octobre dernier, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg interrogé sur les difficultés d’Alcatel Lucent lors des questions à l’Assemblée nationale avait assuré que la solution passerait "par une remobilisation de l'ensemble des opérateurs européens et leur capacité de faire preuve d'une une sorte de patriotisme européen. C'est-à-dire d'abord adresser leurs commandes à des équipementiers télécoms européens". Le ministre indiquait alors avoir "demandé à nos quatre opérateurs téléphoniques dans le mobile de prendre des décisions qui soient davantage patriotiques".

Une règle du patriotisme industriel qui n’est pas encore respectée à 100%. Ainsi, dans une dépêche de l’agence France Presse, il est noté que «selon une source proche du dossier, dans le déploiement de ses réseaux mobiles, Orange utilise à égalité du matériel d'Alcatel-Lucent et du suédois Ericsson; Bouygues Telecom utilise à 50% du matériel Ericsson et à 50% celui du chinois Huawei; SFR emploie 20% de matériel d'Alcatel-Lucent, et pour 40% chacun ceux de Huawei et du finlandais Nokia Siemens Networks (NSN). Quant à Free, il travaille uniquement avec NSN».

Un autre aspect concernant la lutte contre la cybercriminalité est également à considérer dans ce dossier. L'ANSSI (Agence nationale de sécurité des systèmes d’information) a été créée en juillet 2009 à la suite de la publication du Livre Blanc 2008 sur la défense et la sécurité nationale. Pour la première fois, le risque d'une attaque informatique contre les infrastructures nationales était mis en avant comme l’une des menaces majeures les plus probables des quinze prochaines années. Le Livre Blanc 2008 invitait l’État à se doter d’une capacité de prévention et de réaction aux attaques informatiques. Dans le domaine de la prévention, il proposait un recours accru à des produits et à des réseaux de haut niveau de sécurité. L’ANSSI estime ainsi que certains équipementiers peuvent mettre sur le marché des matériels douteux du point de vue de la sécurité informatique. La France vient par ailleurs de publier son premier plan de cybersécurité dont la mise en oeuvre a été confiée à Patrick Pailloux, le directeur général de l’ANSSI.

Au début du mois de ce mois d'octobre, au cours des Assises de la sécurité, Patrick Pailloux a décliné les priorités nationales pour la sécurité des systèmes d’information. Il a souligné l’impératif de construction d’une stratégie à long terme pour les systèmes industriels, qui «sont désormais les systèmes nerveux de nos Nations». Il n’a pas manqué de rappeler que la sécurité commençait par l’hygiène informatique, un ensemble de mesures élémentaires à appliquer impérativement.

Vodafone (PMT) utilise du matériel français pour son cœur de réseau

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 23 Octobre 2013 à 12:29 | Lu 3254 fois