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Virus: Hong Kong justifie le fait d'attacher à leur lit des enfants en l'isolement


Virus: Hong Kong justifie le fait d'attacher à leur lit des enfants en l'isolement
Hong Kong, Chine | AFP | jeudi 18/03/2021 - Les autorités hongkongaises ont assumé mercredi la pratique consistant, dans certains cas, à attacher à leurs lits des bébés et enfants en isolement, alors que des critiques montent contre les conséquences psychologiques des mesures drastiques de la ville contre le coronavirus.

Bien qu'elle soit une des villes les plus densément peuplées au monde, l'ex-colonie britannique est globalement parvenue à maîtriser la pandémie. 

Elle ne totalise que 11.000 cas et 200 décès liés au coronavirus en un an. Mais ce résultat a été obtenu au prix de mesures de restrictions parmi les plus sévères au monde.

Quiconque est testé positif au coronavirus est immédiatement hospitalisé à l'isolement, qu'il présente ou non des symptômes, et les personnes considérées comme des "contacts proches" sont envoyées pour deux semaines dans des camps de quarantaine opérés par le gouvernement.

Enfin, la plupart des personnes entrant sur le territoire doivent observer une quarantaine de trois semaines dans des hôtels dédiés, à leurs frais.

Si, dans le contexte aussi de la répression politique chinoise en cours, ces mesures n'ont pour l'heure suscité aucune contestation d'ampleur, l'indignation a commencé ces dernières semaines à monter du fait de la lassitude d'une partie de la population face à des restrictions qui semblent devenir permanentes.

Inquiétude des consulats 

Sur les réseaux sociaux, la colère monte en raison de la pratique consistant à séparer les enfants de leurs parents dans les unités d'isolement, et certains font état de mères qui n'ont plus eu le droit d'allaiter, et de bambins attachés à leur lit pour les tenir en place.

Le gouvernement hongkongais a multiplié cette semaine les communiqués pour justifier sa politique, y compris celle consistant à attacher des enfants.

"D'une façon générale, l'hôpital n'envisagera l'application de moyens de contention physique sur des patients en pédiatrie que pour la sécurité et le bien-être des patients", a annoncé mercredi soir dans un communiqué l'Autorités hospitalière.

"Le consentement préalable des parents ou tuteurs est demandé", a-t-elle ajouté.

Elle a précisé que les parents ayant été testés négatifs au coronavirus sont généralement autorisés à accompagner leurs enfants contaminés dans les unités d'isolement s'il y a de la place. 

Mais c'est loin d'être toujours le cas. Et des exemples existent de parents placés à l'isolement dans un endroit différent de leurs enfants, et tentant tant bien que mal de les réconforter sur la ligne téléphonique interne d'un hôpital.

Ces derniers jours, les consulats de Suisse, de Grande-Bretagne, des Etats-Unis et de France notamment ont fait part aux autorités hongkongaises de leur inquiétude quant aux conséquences psychologiques des mesures draconiennes en place.

"La tyrannie de l'urgent" 

Ce n'est pas la première fois que la politique de Hong Kong à l'égard de la famille, dans le contexte de la pandémie, fait débat.

L'année dernière, un groupe de parents attendant un enfant avaient lancé, et gagné, une campagne pour permettre au conjoint d'assister à l'accouchement.

Tout à la lutte contre le coronavirus, les autorités avaient décidé d'interdire la présence du conjoint en salle de pré-travail, lors de l'accouchement ou dans les unités de suites de couche de l'hôpital public.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande pourtant la présence du compagnon dans sa "Liste de contrôle pour la sécurité de l'accouchement" et soutient que les femmes infectées peuvent continuer d'allaiter.

Si les autorités ont cédé sur la question de la présence du conjoint, elles continuent de dissuader les mères de donner le sein si elles sont à l'isolement.

"C'est ce qu'on appelle la tyrannie de l'urgent: il y a une pression telle pour agir rapidement et de façon agressive dans le contexte des événements de santé publique que les autres paramètres sont mis de côté", a déclaré à l'AFP Karen Grépin, experte en politiques de santé à l'Université de Hong Kong (HKU).

"Répondre à une pandémie, c'est plus un marathon qu'un sprint et il faut trouver un moyen, parallèlement à la logique très importante de santé publique, de prendre en compte les effets économiques, sociaux et sur les sexes", a-t-elle dit.

Les autorités ont notamment justifié le placement en camps de quarantaine par l'exigüité notoire des appartements hongkongais, laquelle risque de favoriser la propagation du virus.

le Jeudi 18 Mars 2021 à 05:59 | Lu 866 fois