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Une information judiciaire ouverte pour "escroquerie" contre le groupe Bernard Hayot, principal distributeur d'outre-mer


Tahiti le 18 décembre 2025. Le parquet national financier a ouvert une information judiciaire pour "escroquerie en bande organisée", "abus de position dominante" et "entente" contre le groupe Bernard Hayot, principal groupe de distribution d'outre-mer, a-t-on appris jeudi de source judiciaire, confirmant une information de Libération.

Cette enquête, confiée à des juges d'instruction parisiens, a été ouverte en août et vise notamment le marché automobile outre-mer.

Selon Libération, qui explique avoir pu consulter des documents internes, les concessions automobiles du groupe, en position ultra-dominante sur le marché, réalisent des marges "jusqu'à trois ou quatre fois supérieures à celles pratiques" en France métropolitaine.

"Les soupçons d’escroquerie en bande organisée visent les possibles mensonges de certains concessionnaires du groupe, soupçonnés de dissimuler leurs véritables marges aux fabricants automobiles", poursuit le quotidien.

"Les juges d’instruction tentent également de faire la lumière sur d’éventuelles pratiques d’entente entre GBH et certains de ses concurrents ultramarins", ajoute-t-il.

Dans un communiqué, le groupe Bernard Hayot a indiqué avoir pris connaissance "par la presse" de l'ouverture de cette information judiciaire. Il affirme contester "fermement" les allégations portées contre lui et assure vouloir coopérer "pleinement avec les autorités judiciaires afin de démontrer le caractère infondé de ces accusations".

Le groupe martiniquais rappelle qu'il "a toujours agi dans le strict respect de la législation applicable, y compris en matière de droit de la concurrence".

GBH est régulièrement accusé de contribuer au coût de la vie élevée, notamment aux Antilles, ses détracteurs le suspectant d'appliquer des marges record en l'absence de véritable concurrence.

Après avoir été assigné en justice et sommé de publier ses comptes, il l'a fait pour l'année 2024 en juin, révélant avoir dégagé un bénéfice net annuel de 202 millions d'euros.

Leader de la distribution aux Antilles, l'entreprise est en particulier pointée du doigt pour son rôle dans le coût de la vie en Martinique, où les produits alimentaires sont en moyenne 40% plus chers que dans l'Hexagone, selon des chiffres de 2022 établis par l'Insee.

Cet écart a provoqué des manifestations contre la vie chère émaillées de violences en septembre et en octobre 2024.

GBH n'est pas seulement un distributeur: il réalise près de la moitié de son chiffre d'affaires dans l'automobile (commercialisation, location, pièces détachées) et dans des "activités diversifiées" (rhum et agroalimentaire notamment). 

Basé en Martinique, où il concentre les critiques, GBH n'y réalise que 16% de son chiffre d'affaires. Le reste de son activité se répartit en Guadeloupe (15%), à la Réunion (35%), et à l'international (32%). 

Rédigé par AFP le Jeudi 18 Décembre 2025 à 07:16 | Lu 387 fois