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Un spécialiste de la "carte de Tupaia" à Tahiti


Un spécialiste de la "carte de Tupaia" à Tahiti
Tahiti, le 26 novembre 2019 - Le passage de Lars Eckstein est exceptionnel pour qui s’intéresse à l’un des plus grands casse-têtes de l’anthropologie océanienne ! À savoir la carte de Tupaia. Il donnera une conférence sur la base de ses propres travaux le 4 décembre.

La conférence annoncée de Lars Eckstein fait écho à la parution du bulletin de la Société des études océaniennes (BSEO) n° 348 intitulé "La carte de Tupaia, maître d'astres et de navigation polynésienne" sorti le mois dernier.

Ce BSEO est un numéro spécial entièrement consacré à la carte de Tupaia. C’est la première édition française du travail de Lars Eckstein et Anja Schwartz : "The Making of Tupaia’s Map: A Story of the Extent and Mastery of Polynesian Navigation, Competing Systems of Wayfinding on James Cook’s Endeavour, and the Invention of an Ingenious Cartographic System".

Lars Eckstein et Anja Schwartz sont des universitaires allemands. Il y a six ans, les deux chercheurs sont tombés sur une version de la carte de Tupaia dont personne ne semblait parler. Une copie d’un premier brouillon dessinée par Georg Forster (naturaliste participant au deuxième voyage de Cook) et incluse dans une lettre à son éditeur en 1776.

Cette carte est assez différente de la célèbre carte de la British Library. "Nous avons pensé à ce moment-là, avoir quelque chose d’important entre les mains." Suffisamment important pour lancer des années de recherches intensives. "Nous avons cherché à déchiffrer la carte."

La carte de Tupaia (dont l’originale reste introuvable) est l’un des artefacts les plus énigmatiques issus des premières rencontres entre Européens et insulaires du Pacifique. Elle a été dessinée par Tupaia et divers membres de l’équipage de James Cook.

L’identité et l’agencement de certaines îles ont posé de très nombreuses questions aux lecteurs contemporains. Lars Eckstein et Anja Schwartz, ont apporté des réponses grâce à une étude méticuleuse d’archives disposées aux quatre coins du monde.

Par exemple, ils ont explicité que l’une des îles dessinées (Avatea) n’était en fait pas une île et donc pas une erreur de Tupaia, c’était un repère. Un lien avec le méridien qui était extrêmement important pour les anglais.

Sur les bateaux anglais, une réunion était organisée tous les jours à midi dans la grande cabine pour faire le point avec le méridien et connaître la position exacte du navire. Tupaia devait sans doute y assister. Il y a probablement mieux compris le système cartographique vu par des Anglais. Il s’y est adapté.

Le travail des deux chercheurs allemands, qui a duré plusieurs années, a été présenté tout d’abord dans le Journal of Pacific History en 2018. Les membres du Conseil d’administration de la SEO ont tout de suite saisi tout l’intérêt de ce texte et se sont rapprochés des deux chercheurs pour voir comment une publication polynésienne était envisageable.

La parution en français dans le BSEO a été possible grâce à Serge Dunis qui s’est chargé de la traduction. Les deux chercheurs ont résolu "l’un des plus grands casse-têtes de l’anthropologie océanienne", affirme le traducteur Serge Dunis qui dit avoir été "bouleversé" en prenant connaissance des travaux.

Pratique

Conférence La Carte de Tupaia par M. Lars Eckstein le mardi 4 décembre à 17 heures dans l’auditorium de la Chambre de commerce, d’industrie, des services et des métiers (CCSIM).

Ouverte à tous, en français et en anglais.

Rédigé par Delphine Barrais le Mardi 26 Novembre 2019 à 16:48 | Lu 4427 fois