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Un prédateur sexuel pédophile condamné à 7 ans de prison ferme


A la barre du tribunal, le prévenu tient son chapelet entre les mains et reconnaît à nouveau tous les faits sous la forme de propos glaçants.
A la barre du tribunal, le prévenu tient son chapelet entre les mains et reconnaît à nouveau tous les faits sous la forme de propos glaçants.
PAPEETE, le 3 avril 2018 - L'homme, âgé de 30 ans, comparaissait devant le tribunal correctionnel pour des violences sexuelles commises sur de jeunes garçons mineurs. Lors de l'audience, il a reconnu avoir fait d'autres victimes. Il a été condamné à une peine de 7 ans de prison assortie d'une peine de sûreté aux deux-tiers.

Le 17 février 2015, un homme se rend à la gendarmerie afin de déposer plainte pour des violences sexuelles qui auraient été commises sur l'un de ses petits-fils âgé de 11 ans. Entendu, l'enfant, qui vit chez ses grands-parents avec sa sœur et son frère, met en cause un individu de 30 ans qui est hébergé dans la maison familiale depuis quelques jours. Il évoque des attouchements sexuels qui avaient lieu la nuit ou lorsqu'il se trouvait seul avec le prévenu. Le grand-père explique aux gendarmes qu'il héberge cet homme de manière temporaire car celui-ci a proposé d'aider la famille qui prépare un grand mariage. Très ancrés dans la religion, le couple avait accepté de l'accueillir sous son toit. En garde à vue, l'individu reconnaît également des attouchements pratiqués sur le petit frère de sa première victime, seulement âgé de 9 ans. Face aux enquêteurs, l'homme évoque son enfance: "moi aussi, j'ai été abusé à l'âge de 5 ans par mon père adoptif puis parfois par des voisins mais j'ai toujours gardé cette blessure en moi." A propos de sa plus jeune victime, il ajoute: "avec lui, je voulais aller plus loin, qu'il soit à moi (…) J'étais amoureux de lui."

Lors de l'audience, le tribunal correctionnel n'a pas manqué de rappeler les effets dévastateurs de ce type d'agression sexuelle dur des enfants en évoquant l'expertise psychologique pratiquée sur la première victime de 11 ans : "l'on dénombre de nombreux signes cliniques qui témoignent d'un grand stress post-traumatique: l'apathie, l'insomnie, la chute des résultats scolaires, la non-soumission à l'autorité et le besoin récurrent de se laver car il se sentait souillé."

Ce mardi, le prévenu était également poursuivi pour des faits similaires sur lesquels le tribunal s'est déclaré incompétent puisque l'auteur des faits était mineur à l'époque. Sa victime n'avait alors que 5 ans.

"STRATEGIE"

A la barre du tribunal, le prévenu tient son chapelet entre les mains et reconnaît à nouveau tous les faits sous la forme de propos glaçants. Le président du tribunal l'interroge: "à chaque fois, vous vous présentez comme une personne charitable, vous inspirez la pitié, est-ce une stratégie?" Le prévenu répond calmement: "oui, c'est une stratégie, je m'immisce dans les familles (…) Quand je vois un enfant, j'ai des pulsions, il faut que je le touche."

Puis, les magistrats évoquent le parcours et la personnalité de ce sans-abri élevé en familles d'accueil. Le président relate des témoignages: "vos sœurs disent que vous êtes menteur et affabulateur. Que vous êtes capable d'inventer de grandes histoires, de vous faire passer pour un médecin ou un gendarme. Est-ce vrai?" Toujours aussi calme, le prévenu explique: "tout ce qu'elles disent est vrai, il m'arrive de dire que je suis médecin ou gendarme. Je le fais par revanche, pour "emmerder" les gens." Le magistrat évoque ensuite l'expertise psychologique pratiquée sur le prévenu et qui fait état de "pulsions pédophiles incontrôlables et intenses." Au tribunal, l'on apprend que l'homme a déjà commis de tels faits à plusieurs reprises. Il l'avoue même sans difficulté lorsque le président du tribunal évoque ses nombreux séjours dans diverses familles comportant des enfants en bas-âge: "c'est vrai mais je ne me souviens pas du nom des enfants."

Pour la défense des deux victimes, Me Ceran-Jerusalemy s'est attardé sur le caractère pervers du prévenu. " Plus l'on avance dans ce dossier, plus je suis abasourdie. C'est clair et il faut le dire, cet homme est un pédophile qui vit avec des pulsions intenses. Il déclare aujourd'hui qu'il avait un mode opératoire pour entrer dans la vie des victimes et pour qu'elles soient siennes. Il va au culte, sympathise avec des familles qu'il a repérées et les approche en demandant un hébergement."

Alors que le procureur de la République avait requis une peine mixte de 6 ans de prison, le tribunal, au regard de "l'extrême gravité" des faits, a condamné le prévenu à une peine de 7 ans de prison ferme assortie d'une peine de sûreté aux deux-tiers, d'un sursis avec mise à l'épreuve pendant 5 ans et mandat de dépôt.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 3 Avril 2018 à 14:49 | Lu 6314 fois