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Un chromatographe pour tordre le cou aux pesticides


Un chromatographe pour tordre le cou aux pesticides
Le service du développement rural (SDR) a acquis un chromatographe GCQQQ afin d’effectuer localement des analyses de composants chimiques.
Cet équipement extrêmement précis permet de détecter la présence de substances jusqu’à une dilution de 0.01 mg/kg. Il est mis à profit, dans un premier temps, pour donner l’opportunité aux agriculteurs d’avoir un retour d’informations systématique concernant la nature des produits qu’ils mettent en commercialisation, notamment en ce qui concerne la présence de résidus de pesticides.

Cet instrument, dont la fonction est de séparer les diverses espèces chimiques d’un échantillon en vue de leur identification, est conservé dans les locaux de l’institut Louis Malardé, à Papeete. Son calibrage a demandé plusieurs mois. Il a été acquis en août 2011 pour un coût de 27 millions Fcfp.

La collecte et la préparation des échantillons à analyser sont réalisés au Centre de recherches du SDR à Papara ; les résultats sont rendus dans un délai de 5 jours.

Jusqu’à présent, le service du développement rural adressait ses échantillons en Nouvelle Zélande pour les y faire analyser.

Le ministère de l'Agriculture envisage la mise en place d’attestations permettant aux agriculteurs qui le souhaitent de justifier la nature des produits qu’ils mettent en vente.

L’équipement pourrait également être mis à profit pour analyser localement divers échantillons agroalimentaires et prélevés dans l’environnement.



Un chromatographe pour tordre le cou aux pesticides
Kalani Teixeira : vers une attestation de qualité des produits

Le ministre de l'Agriculture tord le cou a une idée reçue selon laquelle les produits de l'agriculture locale seraient surchargés en résidus de pesticide : " la production locale est bien meilleure que celle importée" précise-t-il en soulignant les efforts entrepris depuis quelques années en Polynésie française pour réduire les résidus toxiques sur les produits de consommation.

Tahiti infos : Quel est l’importance des pesticides dans la production agricole locale ?

Kalani Teixeira : Aux Etats Unis, ils utilisent 8.000 molécules différentes, en Europe 1.044, ici nous en utilisons 170, si je ne fais pas erreur. Et nous sommes encore dans une phase où de nombreuses molécules vont disparaître, notamment les produits organochlorés et organophosphorés. L’objectif est de réduire de façon drastique les anciennes molécules, pour se concentrer sur des produits à faible rémanence : avec un délai de trois jours entre le traitement et la cueillette. Il s’agit d’actifs qui agissent sur la croissance. En termes de rémanence ils n’ont rien à voir avec les produits systémiques ou les agents de contact. Mais certain traitements encore utilisés ont des délais de rémanence de 7 à 14 jours, ce qui fait que la récolte peut contenir des résidus de pesticides.

Tahiti infos : Il s’agit d’efforts faits pour s’orienter vers une agriculture plus saine ?

Kalani Teixeira : Bien sûr, depuis 2008 on a fait beaucoup de progrès. Si on regarde la courbe comparative des mesures de résidus de pesticides sur les fruits et légumes de consommation courante, la production locale est bien meilleure que celle importée. Je crois que ce qui est important aujourd’hui, c’est que par le biais de cet outil (le chromatographe, ndlr), on va pouvoir répondre à la demande du consommateur local, qui a une attente en matière qualitative sur les produits consommés. Il s’agit d’œuvrer au niveau de la crédibilité, à la fois de l’agriculteur et du distributeur. Il ne faut pas oublier que c’est le consommateur qui oriente le marché.
L’idée c’est d’être au plus proche de l’agriculteur, pour le conseiller et l’aider à avoir une attitude rationnelle et précise vis-à-vis des pesticides. Il ne faut pas se leurrer, 90% de l’agriculture locale utilise des pesticides. Mais il y a des doses et des délais à respecter, pour que la production ne soit pas affectée. Avec un tel outil, on pourra véritablement mener des programmes répondant à la demande du consommateur. Les agriculteurs sont en attente de ce genre de service. Nous avons recueilli cette attente de leur part de pouvoir disposer d’attestations certifiant la nature de leur production. C’est un argument de vente pour eux, auprès des commerçants et notamment des grandes surfaces.


Tahiti infos : Les produits locaux ont cette mauvaise image d’être "surchargés" en pesticides. Est-ce le cas ?

Kalani Teixeira : Non, ce n’est qu’une réputation, je crois que l’on a développé une image qui aujourd’hui n’a plus lieu d‘être, parce que non conforme à la réalité. Toutes les études faites depuis quelques années établissent que nous avons de bien meilleurs résultats que les produits importés.
Le point faible que nous avions jusqu’à présent, c’est que nous avions des difficultés à contrôler : les échantillons était analysés en Nouvelle Zélande, au laboratoire de Hills, moyennant un coût neuf fois supérieur à ce que coûtera une analyse dorénavant et avec une contrainte de 3 semaines à un mois en terme de délai. Là, les résultats d’analyse seront disponibles en 5 jours, permettant à l’agriculteur de rectifier le tir, en cas de mauvais traitement.
Demain, nous pourrons proposer une attestation, délivrée par le Service du développement rural, établissant la qualité des produits agricoles testés.

Un chromatographe pour tordre le cou aux pesticides
Maurice Wong, directeur du Centre de recherche agronomique

Tahiti infos : Votre établissement est dépositaire d'une mission d’accompagnement des productions agricoles. Quel enjeu est lié à l'acquisition de ce chromatographe ?

Maurice Wong : Il s’agit de faire en sorte, concernant la présence éventuelle de résidus de pesticides, que les produits agricoles qui entrent dans les circuits commerciaux soient conformes à la réglementation. C’est un feed-back concernant la nature de ce qui est produit, mais c’est surtout une façon d’anticiper, ou de donner le moyen aux agriculteurs de contrôler leur façon de travailler.
Nous allons travailler sur l’ensemble des fruits et légumes produits localement. Nous allons accompagner les producteurs qui le souhaitent sur un programme d’analyse, de manière à ajuster les délais avant récolte et derrière, les accompagner sur la façon d’utiliser les molécules pesticides afin que la production soit conforme à la réglementation.

C’est une démarche d’avant-garde dans la région Pacifique : la Nouvelle Calédonie n’est pas équipée de ce genre de matériel de contrôle. Nous avons, de notre côté, pensé que malgré le coût de l’investissement, cela valait la peine de disposer d’un outil qui permette de conseiller les agriculteurs.
Pendant 25 ans, nous avons travaillé sur les pesticides en les sélectionnant par rapport à leurs effets sur les parasites et en les dosant par rapport aux recommandations du laboratoire. Tout cela ne tient pas forcément compte des particularités climatiques locales. Demain, nous pourrons conseiller, pour une utilisation plus fine, plus adaptée et plus saine.
L’enjeu, en permettant de rationnaliser l’utilisation des pesticides, est d’en réduire la consommation - 125 tonnes sont consommées annuellement sur le territoire -, en utilisant les plus adaptés, les plus efficaces et les moins toxiques pour l’homme et l’environnement ; et cela est source d’économies pour un producteur.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 6 Juillet 2012 à 11:31 | Lu 1573 fois
           



Commentaires

1.Posté par Xenos le 06/07/2012 21:51 | Alerter
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Rappelons que la dernière fois que des dosages de pesticides ont été effectuées sur des fruits et légumes produits localement, la dose de pesticides trouvée avait été de 3000 fois (oui, trois mille, source La Dépêche de Tahiti) la dose maximale autorisée pour la consommation humaine.

Depuis, on ne faisait plus de tests : faut pas inquiéter les gens, ni nuire au commerce, non ?

Parfois, on se dit qu'ils ont bons dos, les essais nucléaires, quand on parle de la santé en Polynésie...

2.Posté par TEIVATANE le 07/07/2012 05:16 | Alerter
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Sans compter les métaux lourds (plomb, arsenic,....) et les PCB (dioxine) !!!!!!!

3.Posté par Noel Flantier le 07/07/2012 07:40 | Alerter
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On a fait venir de métropole des spécialistes pour étudier une maladie du sang assez rare (due aux pesticides) dont l'incidence est incroyablement élevée en Polynésie. Les pesticides sont également des neurotoxiques connus et suspectés notamment dans la maladie de Parkinson et ses syndromes dérivés. Le chromatographe à phase gazeuse présent à l'ILM ne pourra tout doser. Il se dit même que le temps de réponse sera sans doute plus long le temps d'effectuer les extractions. Quand on voit la politique de communication notamment du service de l'hygiène (methylmercure dans le thon entre autres), on ne peut que continuer à consommer de l'importé. C'est bien dommage, mais personne n'est dupe.

4.Posté par vetea1 le 07/07/2012 09:17 | Alerter
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on espère aussi que cet investissement ne sera pas là que pour l'affichage... car c'est assez cher le coup de pub...
que la pression politique ne retiendra pas les résultats obtenus et que ceux-ci seront publiés régulièrement...
car comme le dit Xenos, ils ont bon dos les essais... et les politiques n'ont pas eu l'habitude de secouer le monde éconmique pour qu'il produise et distribue des produits sains...
on a entendu dire que lors de l'épidémie des salmonelles, il y avait eu des discussions assez rudes entre les ministères : ceux qui voulaient que ça se sache et les autres...

on attend maintenant de voir les résultats publiés très régulièrement. et surtout que des associations indépendantes aient les moyens de faire des controles indépendants en parallèle...

5.Posté par SL le 07/07/2012 09:29 | Alerter
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Euh... il faudrait dire au mec qui tient la pipette qu'il faut travailler la blouse fermée. les règles d'hygiène au travail compte pour le Cofrac...
sinon, pas d'autres commentaires que ci-dessous. On n'est pas dupes !

6.Posté par Tehei le 07/07/2012 09:53 | Alerter
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laver et peler fruits et légumes,mais est-ce suffisant ?
il est triste d'entendre dire manger 5 fruits et légumes par jour pour mieux.............mourir !

7.Posté par honugirl le 07/07/2012 21:34 | Alerter
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Il ne faut pas oublier qu'il y a quelques mois, la CCISM (!!!) a fait appel au tribunal administratif pour relever, ou RELEVER, le taux de pesticides et autres douceurs autorisé!
Il se trouve que le président d'alors était aussi vendeur de ces produits!
Alors tant que tout ne sera qu'affaire de copinage, de lobbying, il y a peu d'espoir...
Le tribunal administratif a heureusement rejeté l'appel!

Il n'y a eu pour cette scandaleuse histoire qu'un tout petit article dans les nouvelles et puis plus rien... Omerta entre amis.

8.Posté par Xenos le 07/07/2012 22:13 | Alerter
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Honugirl, tu as tout à fait raison de rappeler cet épisode odieux, où un importateur de pesticides a osé aller demander à la justice l'autorisation d'empoisonner, le mot n'est pas trop fort, les Polynésiens. Pourtant, il y a eu (affaire du Chlordecone aux Antilles) des précédents catastrophiques.

Au lieu de chercher le fric facile, les gars, faites nous des fruits et des légumes bons pour la santé. C'est là que vous aurez des clients. Nous ne sommes pas idiots : nous n'achetons plus que des produits importés... Ils ne sont pas Bio, mais au moins ils sont un petit peu contrôlés.

Et faites un petit calcul, les gens : on importe d'après cet article 145 tonnes de pesticides par an, et on est un peu moins de 300.000 personnes. Cela veut dire, que l'on est potentiellement soumis à 483 grammes de pesticides par personne et par an. Ces produits sont dangereux à des doses de l'ordre du demi-milligramme par kg de poids corporel. Je ne vous fait pas un dessin.




9.Posté par emere cunning le 08/07/2012 20:38 | Alerter
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"Nous allons accompagner les producteurs QUI LE SOUHAITENT sur un programme d’analyse..."
Ben voyons, ça va être la bousculade, surtout si l'analyse leur coûte du fric !
Et pourquoi pas des contrôles effectuées régulièrement, systématiquement et à l'improviste chez tous les producteurs qui alimentent les grandes surfaces et marchés en fruits et légumes?

10.Posté par Ugly Quijot le 09/07/2012 09:08 | Alerter
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enfin une bonne nouvelle.
par contre, les commentaires ci-dessus sont totalement contradictoires avec les propos rassurants du ministre.
Qui croire? Il y a du boulot à faire en matière de comm'.
Parce que moi, je veux bien consommer local pour développer les filières et parvenir à l'autosuffisance partout où c'est possible. Mais je ne veux pas que ce soit au péril de ma santé et de celle de ma famille!

Une fois que le problème des pesticides sera réglé sérieusement, il faudra aussi faire un effort sur la qualité. parce que les carottes amères et les patates farineuses, moi ça me donne envie de consommer néozélandais...

11.Posté par zaza le 09/07/2012 13:24 | Alerter
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faut pas oublier d’analyser le végétale le plus consommer de Polynésie a savoir le cannabis.